A l’avant-garde des problématiques relatives aux monnaies numériques de banques centrales (CBDC ou MNBC dans la langue de Molière) sur lesquelles elle planche depuis plus d’un an, la Banque de France s’est associée à son homologue suisse, la BNS, également rompue à ces questions pour donner naissance au projet Jura. Et d’annoncer l’achèvement de cette nouvelle phase d’expérimentation.
Nom de code : projet Jura. Une appellation « symbolique » dont la symbolique renvoie naturellement à la fameuse chaîne montagneuse séparant la France et la Suisse. Une frontière naturelle commune aux deux États désireux d’œuvrer de concert à la démocratisation des « CBDC », ces devises numériques issues des banques centrales. Tête de gondole de plusieurs expérimentations de CBDC de gros menées depuis mars 2020, la Banque de France s’était tout naturellement associée avec la banque nationale suisse (BNS) – également en pointe sur ces questions- pour mettre sur orbite ce programme.
Objectif : expérimenter des paiements transfrontaliers donc internationaux via une plateforme de registre distribué. Pour autant, et en dépit de son implication, ce « programme commun » n’augure pas le lancement d’une devise numérique de la part de la banque centrale suisse. L’idée pour Berne est de se tenir « prête » et « d’explorer diverses possibilités » si les plateformes de registres distribués démontrent qu’elles peuvent offrir un environnement de paiement efficace et sûr.
En tant que petite économie ouverte, la Suisse a besoin de dispositifs de paiement et de règlement transfrontaliers efficaces et robustes. Le projet Jura va nous permettre de déterminer à quoi pourrait ressembler un règlement transfrontalier pérenne entre institutions financières », abonde Andrea M Maechler, membre de la direction générale de la banque nationale suisse, dans un communiqué.
Outre les deux institutions susmentionnées, ce « projet Jura » a été cornaqué par la Banque des règlements internationaux (BRI), considérée comme « la banque centrale des banques centrales ». Autres parties prenantes de ce programme, des établissements bancaires davantage connus du grand public comme le Français Natixis, UBS, Crédit Suisse ou encore le mastodonte du conseil, Accenture.
« Le projet Jura confirme qu’une CBDC de gros bien conçue peut jouer un rôle essentiel en tant qu’actif de règlement sûr et neutre pour les transactions financières internationales. Il montre également comment les banques centrales et le secteur privé peuvent travailler ensemble au-delà des frontières pour favoriser l’innovation », s’est, de son côté, félicité Benoît Coeuré, responsable du pôle innovation de la BRI et rompu aux arcanes des grandes institutions financières après avoir été membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE) de 2012 à 2019.
Ainsi, ce projet Jura parachève la phase expérimentale menée par la Banque de France depuis le printemps 2020, comme le confirme la sous-gouverneure de l’institution et ancienne (éphémère) ministre des Armées dans le premier gouvernement Philippe. « Fort du grand succès de Jura, le programme d’expérimentation CBDC de gros lancé par la BdF en 2020 est désormais terminé. Le projet Jura a montré comment les CBDC de gros peuvent optimiser les règlements transfrontaliers, qui sont une facette clé des transactions internationales ».
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