Par 
La Banque de France a effectué une série d’opérations sur des obligations d’État (OAT) en utilisant des crypto-actifs nationaux. C’est l’un des tests les plus avancés jamais réalisés en Europe pour explorer le fonctionnement des monnaies numériques émises par une banque centrale.
Dans le cadre d’un projet pilote de 10 mois sur les crypto-actifs qui se termine cet automne, la Banque de France a commandé au dépositaire de titres Euroclear la mise en œuvre d’un important test destiné à explorer le comportement des crypto-actifs lors de transactions obligataires.
Selon un rapport publié aujourd’hui sur le site d’Euroclear, près de 500 transactions dont la valeur n’a pas été divulguée ont été effectuées à l’aide d’un système développé par IBM à la fois sur les marchés primaire et secondaire.
Les banques ont transformé les obligations d ‘Etat en tokens et les ont échangées en utilisant des crypto-monnaies émises par la Banque de France. L’objectif était de vérifier la sécurité, mais aussi de définir ce que pouvait apporter du point de vue de l’utilisateur le fait de disposer d’un stablecoin national dans un certain nombre de processus courants comme l’émission de nouvelles obligations, le paiement des coupons ou les accords de rachat.
Le projet impliquait un consortium réunissant un certain nombre de grands acteurs des marchés financiers en France tels que BNP Paribas, Crédit Agricole CIB, HSBC et la Société Générale, ainsi que l’Office français de la dette publique.
« Ensemble, nous avons réussi à évaluer dans quelle mesure l’émission de CBDC peut permettre un règlement rapide et en toute sécurité des titres une fois transformés en tokens », a déclaré Isabelle Delorme, la directrice générale adjointe d’Euroclear France.
Au moment où les observateurs craignent que les acteurs privés du marché des crypto-monnaies ne remettent en question le contrôle des politiques monétaires par les banques centrales, les expérimentations avec les crypto-actifs nationaux se multiplient dans le monde. Ce test initié par la Banque de France vient renforcer la position avancée de la France en Europe dans l’évaluation des crypto-actifs de banque centrale, aux côtés de la Suède.
Ce projet est allé bien au-delà des précédents tests avec la blockchain car il a exploré avec succès la plupart des processus impliquant le dépositaire central de titres et la banque centrale, tout en éliminant les étapes intermédiaires actuelles telles que le rapprochement entre les intermédiaires du marché. Il s’agit d’une étape majeure vers un changement fondamental dans l’infrastructure du marché post-négociation, » a estimé Soren Mortensen, le directeur mondial des marchés financiers chez IBM, cité dans le rapport.
