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Picasso succombe (aussi) à la folie NFT

Les héritiers de Pablo Picasso ont fait part de leur intention de mettre en vente une collection de NFT représentant une œuvre en céramique inédite de l’artiste espagnol.

 

A chaque jour sa légende. Après les Beatles, via le fils de John Lennon, c’est au tour des héritiers du non moins iconique Pablo Picasso de débouler dans le monde de plus en plus prisé des NFT. En effet, les héritiers du pionnier du cubisme, sa petite fille Marina Picasso et le fils de cette dernière, Florian Picasso, prévoient de vendre aux enchères une collection de 1 000 jetons non fongibles représentant une œuvre inédite en céramique, datant d’octobre 1958, de leur illustre aïeul.

« Nous essayons de construire un pont entre le monde NFT et celui des beaux-arts », a déclaré Florian Picasso dans un entretien à l’agence Associated Press. A l’image du modus operandi d’un autre héritier, Julian Lennon, une partie du produit de la vente de cette collection sera reversée à divers organismes de bienfaisance. En dépit d’une relation qualifiée de « trouble » par ses soins en 2015 dans les colonnes du Guardian, Marina Picasso a hérité d’un cinquième de l’œuvre connue de son grand-père, soit environ 10 000 œuvres d’art. Elle en a depuis vendu une partie, dont de nombreuses céramiques.

Par essence, la connivence entre les NFT et le monde de l’art relève de l’évidence, les tokens non fongibles constituant une représentation numérique unique dotée d’un certificat d’authenticité. Émis sur une blockchain, ces derniers attestent d’un titre de propriété – et s’avère, en théorie, impossible à modifier, pirater ou corrompre- ce qui permet de faire le distinguo entre les copies d’une œuvre et leurs émanations numériques originales.

Dans le cas d’espèce, les futurs acquéreurs des NFT mis en vente par les descendants de Picasso ne seront pas propriétaires de la céramique ni des droits sur les images la représentant. Ils s’offriront donc des jetons non fongibles dont les exemplaires seront limités. Mais les héritiers espèrent, à l’instar d’une œuvre d’art ordinaire, que leur valeur ira crescendo dans le temps.

Comme mentionné en préambule, le marché des NFT attise la convoitise et n’en est, à en croire les experts, qu’à ses balbutiements. Jouissant d’un potentiel des plus prometteurs, le bureau d’études américain Jefferies a estimé que ce segment de marché atteindrait les 35 milliards de dollars en 2022 et culminerait à 85 milliards de dollars, trois ans plus tard, à horizon 2025. De quoi aiguiser des appétits.

Mais comme chaque tendance, celle-ci a ses détracteurs. En effet, certains experts en art ne cachent pas leur scepticisme au sujet de la pérennité des actifs, arguant que ceux-ci constituent davantage un mécanisme financier plutôt qu’un véritable support artistique. Sans oublier de les reléguer au rang de « bulle spéculative », pouvant éclater à chaque instant faute de véritable « supports matériels » pour soutenir cette tendance. Un discours peu ou prou similaire à celui matraqué par les pourfendeurs de Bitcoin.

Outre ces considérations, cette collection devrait assurément trouver son public lors de sa vente prévue début mars. L’occasion d’une « petite revanche » pour l’héritière de l’artiste. « Nous avons eu une vie très dure, proche de la misère. Il ne nous a jamais donné qu’un croquis, bien qu’il en ait donné à son coiffeur ou à son domestique », a-t-elle déclaré à propos de la conduite de son grand-père de son vivant. « L’injustice » semble avoir largement été réparée depuis.

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Samir Hamladji
Rédacteur et reporter - Journaliste pour plusieurs grands médias tels que LesEchos ou Challenges, Samir a été en charge de la rubrique Finance chez Forbes de 2016 à 2019. Il s'intéresse depuis plusieurs années à l'écosystème des crypto-monnaies et de la blockchain.