La Banque des règlements internationaux plaide pour une régulation systémique du secteur financier non-bancaire comme les services crypto et DeFi. Ces activités sont décrites comme source d’instabilité financière.
Dans son rapport trimestriel, la BIS, qui coordonne les actions des banques centrales, égratigne une fois encore les secteurs des cryptomonnaies et de la finance décentralisée. Son directeur général, Agustín Carstens, ne fait pas mystère de sa position à l’égard de ces actifs.
Dans une interview accordée à CNBC, il estimait en mars que les cryptomonnaies permettaient de s’affranchir de la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Il appelait par conséquent à une régulation plus stricte.
La crypto amplifie le « stress du marché »
La Banque des règlements internationaux maintient cette ligne pro-régulation. Dans son dernier rapport trimestriel, elle plaide ainsi directement pour la mise en œuvre d’une régulation systématique du secteur financier non-bancaire.
Ces intermédiaires « peuvent déclencher ou amplifier le stress du marché », juge la BIS. Les intermédiaires non-bancaires, qui ne sont pas exclusifs à la crypto, peuvent être source d’instabilité financière, poursuit l’organisme. Celui-ci estime d’ailleurs qu’ils ont « amplifié les tensions » en mars 2020.
La Banque l’explique par des « vulnérabilités structurelles » propres à ces entreprises et à ces marchés. Elle épingle en particulier des « asymétries de liquidité et l’effet de levier caché ». Pour ces différentes raisons, la BIS considère le statu quo « inacceptable ».
Il est nécessaire d’apporter des ajustements fondamentaux au cadre réglementaire des IFNB [Ndlr : intermédiaires financiers non bancaires], afin qu’il soit parfaitement adapté à son objectif », écrit-elle.
Dans son réquisitoire, la BIS cible spécifiquement l’univers crypto et plus précisément la finance décentralisée. Pour l’heure, elle juge que les avantages revendiqués par la DeFi, soit une baisse des coûts et une accélération des transactions, ne sont pas démontrés.
DeFi : des atouts incertains, mais des risques avérés
« La DeFi semble fonctionner en grande partie au sein de son propre écosystème, avec peu de services d’intermédiation financière fournis à l’économie réelle », considère le rapport trimestriel.
Mais surtout, en matière de lutte contre le blanchiment et de protection des investisseurs, la DeFi « présente des vulnérabilités financières importantes », argue la BIS. De ces vulnérabilités découlent de fréquentes chutes des prix.
L’effet de levier est aussi épinglé dans la DeFi, même si le mécanisme s’exerce également dans la finance traditionnelle. Le recours au levier est désormais « élevé et omniprésent » dans la DeFi.
Dans un tel contexte, les baisses de prix et les augmentations des risques mesurés peuvent amener le prêteur à exiger le remboursement du prêt ou à appliquer une décote plus élevée, ce qui entraîne une vente forcée », constate la BIS. De quoi justifier selon elle une intervention des régulateurs.
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