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La backdoor Alameda à 65 milliards au coeur du procès FTX

Les dirigeants de FTX ont-il délibérément favorisé Alameda Research grâce à une porte dérobée sur la plateforme et sanctionné une salarié pour avoir tiré la sonnette d’alarme ? Le procès de SBF doit faire la lumière.

 

C’est un show comme les Américains en ont le secret. Le procès de SAm Bankman Fried, l’ex-CEO et cofondateur de FTX, n’est pas un procès comme les autres. La presse suit heure par heure les débats au tribunal dans l’attente de révélations.

L’existence d’une backdoor dans la plateforme ne fait sans doute pas réellement office de révélation. Son existence et l’identité de ses auteurs restent cependant à trancher. Et la procédure en cours devrait apporter des réponses.

Une backdoor connue de longue date

Selon un article du WallStreetJournal, la présence d’une porte dérobée dans le code de la bourse crypto était connue de différents collaborateurs de l’entreprise plusieurs mois avant la faillite. La backdoor permettait d’accorder un traitement de faveur à la société sœur de FTX, le market maker Alameda.

En effet, l’entité était autorisée à disposer d’un solde négatif jusqu’à 65 milliards de dollars. Aucun autre utilisateur du service ne bénéficiait d’un tel traitement. Une modification intentionnelle du code aurait ainsi permis à Alameda de puiser dans les actifs des utilisateurs pour financer ses opérations.

D’après le WSJ, la backdoor a été signalée par des employés de LedgerX, une bourse de dérivés rachetée par FTX en 2021. Il s’agissait de remédier à des problèmes de conformité sur la plateforme de FTX international.

Je voulais juste souligner qu’il y a actuellement quelques endroits dans la base de code où Alameda reçoit un traitement spécial d’une manière ou d’une autre », écrivait Jim Outen de LedgerX dans un message daté du 20 mai 2022.

Des lanceurs d’alerte payés pour éviter les fuites

L’information était remontée à sa supérieure, Julie Schoening, responsable des risques chez LedgerX et ancienne de la Commodity Futures Trading Commission, puis aux oreilles de Nishad Singh, directeur de l’ingénierie de FTX.

Membre du cercle rapproché de Sam Bankman-Fried, Singh est lui aussi poursuivi. Contrairement à SBF, il a plaidé coupable et collabore avec la justice. Les éléments suggèrent que Singh serait complice de la backdoor et d’avoir étouffé l’affaire.

LedgerX a depuis la faillite été racheté par Miami International Holdings. Un porte-parole déclare qu’une enquête interne a été menée et qu’elle n’a pas permis d’établir que des collaborateurs étaient informés de code autorisant Alameda à accéder aux actifs des clients de FTX.

Ce n’est cependant pas l’avis de Julie Schoening, qui estime avoir été sanctionnée par l’entreprise en tant que lanceuse d’alerte. Pour éviter des poursuites, FTX aurait conclu un accord avec son ancienne salariée, acceptant de verser 5 millions de dollars.

La faillite de la bourse crypto empêchera cependant la finalisation de cet accord. D’après l’équipe en charge de gérer la firme en banqueroute, plusieurs collaborateurs auraient été payés par FTX pour prévenir toute divulgation.

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Christophe Auffray
Cofondateur et rédacteur en chef adjoint - Journaliste spécialiste de la transformation numérique depuis 2005, Christophe a notamment été rédacteur en chef adjoint chez ZDNet. Il suit de près l’actualité autour des actifs numériques et la décrypte au quotidien. Contact : christophe@coins.fr