La populaire plateforme d’échange Binance a annoncé le lancement d’un fonds de 100 millions d’euros visant à soutenir l’écosystème crypto en Europe et particulièrement en France.
Hier, lors de la conférence Crypto : What Is At Stake à Bercy, Changpeng Zhao, le PDG de Binance, a dévoilé une initiative baptisée « Objectif Lune » et visant à soutenir le secteur de la blockchain et de la crypto-monnaie en Europe.
Lancée en collaboration avec l’association France Fintech, l’initiative vise ainsi à proposer un centre de recherche et développement Binance en France, un accélérateur pour les jeunes pousses spécialisées dans la blockchain ainsi qu’un programme d’éducation en ligne totalement gratuit (Binance Acadamy et Binance Masterclass). Ces formations dédiées à ces nouvelles technologies sont conçues avec l’aide de Ledger et OpenClassroom.
Centre R&D, incubateur et formation
Chez Binance, nous voyons du potentiel chez les talents français et européens dans les domaines de la technologie, de la crypto et de la blockchain, et nous sommes persuadés qu’avec le lancement des opérations et des investissements majeurs de Binance en France, nous pouvons contribuer de manière significative à faire de la France et de l’Europe le premier acteur mondial de l’industrie, » a commenté le patron de Binance.
Durant la conférence à Bercy, Changpeng Zhao a également précisé que le futur centre de R&D serait probablement implanté à Paris. Les 100 millions d’euros annoncés contribueront au financement de la création de ce centre.
Le géant de la crypto prévoit donc en outre d’investir dans des startups en incubation au travers de ce fonds dédié. La ventilation précise des 100 millions de dollars entre les 3 volets principaux du projet sera détaillée ultérieurement, fait savoir CZ.
Un partenariat bénéfique à l’écosystème crypto français
Selon Alain Clot, le président de France Fintech, le pays occupe aujourd’hui une « position unique en termes de réglementation, de talent et d’expertise » et a toutes ses chance pour devenir le leader européen dans le secteur de la finance décentralisée.
Nous pensons que le partenariat avec Binance permettra à l’ensemble de l’écosystème de se développer de manière significative dans les années à venir, » a-t-il ajouté.
Sur Twitter, le député pro-crypto Pierre Person a déclaré que la venue de Binance en France était « une bonne nouvelle ».
C’est une reconnaissance du travail réalisé depuis 2017. Cela bénéficiera à notre écosystème. La Blockchain n’est pas une niche, c’est une révolution. Elle ne peut pas rester l’angle mort de notre stratégie numérique, » a-t-il clamé.
Toutefois, le député rappelle que les acteurs français existants ne doivent pas être oubliés. « Seules l’unité et la cohésion des acteurs permettront à la France et à l’Europe d’être des leaders de cette nouvelle révolution », conclut-il.
La French Tech a besoin d’investissements étrangers
Lors de la conférence, le secrétaire d’État en charge du numérique, Cédric O, a quant à lui insisté sur la nécessité pour la France d’être attractive vis-à-vis des investissements internationaux.
Il a notamment pris pour exemple la Silicon Valley et Israël, pays de référence dans l’univers des technologies et de l’accueil des fonds étrangers. Et la prépondérance de ces investissements n’est pas une menace pour la souveraineté ou les entreprises nationales, assure le ministre.
Le meilleur exemple à suivre est celui d’Israël. Israël n’a aucune leçon à recevoir sur ce qu’est la souveraineté. 90% de l’argent investi dans l’écosystème israélien provient d’investissements étrangers, et ils ont de plus grandes licornes. En outre, une proportion plus grande de leur économie est tirée par les startups. Nous pensons que si nous voulons voir grand, nous devons penser international et construire une marque française à l’international. Cette marque, c’est la FrenchTech », argue Cédric O.
Soupe à la grimace de l’écosystème français
Ces entreprises hexagonales ne voient d’ailleurs pas toutes d’un bon œil l’accueil réservé à Binance par le gouvernement. Certaines n’ont pas hésité à se montrer critiques sur les réseaux sociaux.
Lors d’un panel, avant l’intervention du PDG de l’exchange, les représentants des acteurs français, dont l’ADAN, ont ainsi beaucoup insisté sur le peu de cas fait par des géants étrangers du cadre réglementaire sur le territoire. C’est le cas notamment de Binance. Si les consommateurs nationaux ont accès à ses services, l’exchange ne dispose pas pourtant de l’agrément PSAN de l’AMF.
Ce paradoxe apparent n’empêche pas cependant Changpeng Zhao de citer l’environnement réglementaire français comme un facteur d’attractivité de la France pour Binance. Une contradiction ? Pas nécessairement. Pour CZ, il ne s’agit pas de la législation actuelle, mais de la manière dont le gouvernement collabore avec les acteurs de l’industrie crypto.
Nous sommes dans une nouvelle industrie. De nombreux aspects de cette industrie ne sont pas encore régulés. Prenons le cas de la DeFi, des NFT, GameFi, des fan tokens de sport… très peu de régulation existe. Et ces marchés sont, à mon sens, amenés à devenir considérables », souligne CZ.
Il sera donc indispensable pour ces entreprises de pouvoir collaborer et communiquer avec les autorités, gouvernement et agences, des futures régulations de ces marchés. Pour le PDG de Binance, la France offre donc un cadre favorable en la matière.
Par Stanislas Pogorzelski avec l’aide de Christophe Auffray
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