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Profitant de l’exposition médiatique conférée par les JO d’hiver de Pékin, la Chine va déployer au sein du village olympique sa devise numérique officielle e-CNY. Mais les craintes relatives à la sécurité des données persistent.
Vent debout contre les crypto-monnaies « traditionnelles » comme Bitcoin (BTC) ou Ethereum (ETH) qu’elle a bouté hors de son territoire, la Chine va avoir l’occasion, lors des olympiades d’hiver de février prochain, de prouver au monde entier l’efficacité et le bien-fondé de sa monnaie numérique de banque centrale (CBDC), le e-CNY. Après avoir planché durant plusieurs années sur ce projet, Pékin avait lancé son « projet pilote » de monnaie numérique qui, en dépit de son intitulé à consonance expérimentale, avait permis à 140 millions d’usagers (soit 10% de sa population totale) de régler les dépenses du quotidien en e-CNY. Celle-ci avait d’ailleurs engendré, selon les chiffres de la banque centrale chinoise, un volume de transactions de 9,7 milliards de dollars.
Fort de ces éléments, la Chine va étendre le dispositif aux athlètes et aux spectateurs des prochains Jeux Olympiques d’hiver. Un événement planétaire sur lequel continuent de planer plusieurs inconnues, au premier rang desquelles la résurgence de l’épidémie de coronavirus et autres tensions diplomatiques. L’objectif de Pékin est d’utiliser cette caisse de résonance médiatique pour montrer au monde entier l’efficacité de sa devise numérique en la rendant accessible au plus grand nombre.
Dans le détail, les visiteurs et les athlètes au sein du village olympique, véritable « fourmilière » où se côtoieront le concert des nations, pourront télécharger une application ou obtenir une carte physique qui stocke le yuan numérique, ou convertir des billets de devises étrangères en e-CNY dans des machines en libre-service. Les supérettes, cafés et autres commerçants à l’intérieur du village olympique seront équipés desdites machines qui acceptent le paiement en yuan numérique tout comme les magasins dans les gares à proximité des sites de jeux.
Qu Songming, directeur des opérations du village olympique de Pékin, a déclaré que le paiement en e-CNY serait également possible via Alipay, le portefeuille numérique d’Alibaba et WeChat Pay, son homologue du mastondonte Tencent. Mais en dépit de ce déploiement à grande échelle et de vastes opérations de communication en faveur de la CBDC chinoise, il n’est pas certain que les athlètes étrangers succombent facilement aux sirènes du e-CNY, notamment pour des problématiques relatives à la protection des données.
En juillet dernier, trois sénateurs républicains américains ont appelé le Comité olympique américain à interdire aux athlètes d’utiliser le yuan numérique, invoquant des problèmes d’espionnage et de sécurité des données. Ce qui au-delà de Washington inquiète une cohorte de nations qui – sous réserve de la tenue de ces olympiades – regardent également avec une certaine défiance la mise en place de ce système de paiement.
Quelle sera, dès lors, la suite des réjouissances ? Selon les analystes de Bloomberg, la Chine pourrait faire pression pour l’adoption à l’échelle nationale du yuan numérique pour la consommation intérieure avant la tenue des JO d’hiver, dont le coup d’envoi est attendu le 4 février prochain. En outre, l’utilisation de l’e-CNY à Hong Kong et par les partenaires commerciaux à long terme de la Chine pourrait élever le statut du yuan en tant que monnaie de réserve et de règlement mondiale. « C’est une tâche clé et un défi de s’assurer que les visiteurs étrangers auront une bonne expérience avec le yuan numérique », a déclaré la banque centrale dans un communiqué. Sous réserve, évidemment, que ces derniers l’utilisent.
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