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Comment WWF a échoué à lancer des NFT « respectueux de l’environnement »

Crédit : Shutterstock

Le Fonds mondial pour la nature (WWF) s’est attiré les foudres de militants et d’associations écologiques après avoir tenté de lancer sa propre collection de NFT « respectueux de l’environnement ».

 

« Au départ, lorsque j’ai entendu parler de cette idée, j’ai pensé qu’ils plaisantaient… les responsables du WWF sont censés œuvrer à la préservation de l’environnement, pas s’impliquer au sein de l’une des choses les moins écologiques de la planète ». Le propos est signé – sans surprise- Alex de Vries, cofondateur de Digiconomist et pourfendeur en chef de Bitcoin et consorts. Ainsi, ce dernier a, dans les colonnes de TheVerge, manifesté sa surprise – doux euphémisme- au moment d’apprendre que WWF se lançait, à son tour, dans la nébuleuse NFT.

Pourtant l’intention initiale du Fonds mondial pour la nature était particulièrement louable. Mettre sur orbite une collection de jetons non fongibles baptisée « Tokens for Nature », représentant 13 espèces en voie de disparition ou particulièrement menacées à l’instar du panda géant, du rhinocéros blanc de Java ou encore du manchot des Galapagos.

Et le WWF semblait, de son point de vue, avoir « balisé le terrain » pour se prémunir des critiques sur la tonalité énergivore de cette initiative en posant les jalons de son projet sur Polygon, une blockchain dite de couche 2 destinée à « décongestionner le réseau principal Ethereum ». Et, de fait, de consommer moins d’énergie.

« Alors qu’Ethereum devient de plus en plus encombré, les entreprises recherchent de nouvelles façons de soulager ce réseau. Vous pouvez considérer une blockchain de couche 2 comme Polygon comme une sorte de voie supplémentaire ajoutée à l’autoroute Ethereum », développe Alex de Vries. Si Polygon se définit comme « eco-friendly » se prévalant du titre de « blockchain la plus respectueuse de l’environnement », cela demeure nettement insuffisant aux yeux du lobbyiste.

Celui-ci rappelle que les solutions de couche 2 fonctionnent toujours en tandem avec leur blockchain principale, et que si cette blockchain « canal historique » est inefficace sur le plan énergétique, cela crée encore plus de pollution. Alex de Vries ajoute qu’en tenant compte de ses synergies avec Ethereum (« qui a une empreinte carbone annuelle similaire à celle de Singapour », précise-t-il), une transaction sur Polygon engendre des émissions 2 100 fois supérieures aux estimations du WWF.

Suffisant pour susciter une levée de boucliers parmi les tenants de la défense de l’environnement. « Profondément stupide », « terriblement déconcertant », « inimaginable » sont parmi les qualificatifs utilisés par certains opposants à cette initiative qui a finalement été discrètement remisée par l’état-major du WWF. L’organisation en faveur de l’écologie a tenu néanmoins à réagir dans un communiqué laconique, ne souhaitant pas nourrir davantage la polémique.

Nous reconnaissons que les NFT sont une question très débattue et nous avons tous beaucoup à apprendre sur ce nouveau marché, c’est pourquoi nous allons maintenant évaluer pleinement l’impact de cet essai et réfléchir à la meilleure façon de continuer à innover pour impliquer nos supporters »

Pourtant l’entité WWF UK avait tressé des lauriers à Polygon, il y a quelques semaines, sur son propre site internet. « Après des recherches approfondies nous sommes fermement convaincus que la frappe de NFT sur Polygon aura un impact environnemental très limité ». Cette page web n’est plus accessible aujourd’hui.

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Samir Hamladji
Rédacteur et reporter - Journaliste pour plusieurs grands médias tels que LesEchos ou Challenges, Samir a été en charge de la rubrique Finance chez Forbes de 2016 à 2019. Il s'intéresse depuis plusieurs années à l'écosystème des crypto-monnaies et de la blockchain.