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Les « crypto-mixeurs » dans le collimateur des autorités britanniques

mixeur crypto
Crédit : Shutterstock

Processus visant à mélanger des crypto-actifs avec ceux d’autres utilisateurs afin de les rendre indiscernables et masquer leur provenance, les « crypto-mixeurs » sont dans l’œil du cyclone des autorités britanniques qui appellent à leur réglementation.

 

Masquer ses transactions en crypto-monnaies afin de les rendre intraçables. Un mode opératoire qui inquiète les autorités britanniques et, en premier lieu, la National Crime Agency (NCA) qui appelle à encadrer-strictement-ce genre de pratiques. Également désigné sous l’appellation « Coinjoin » ou « Bitcoin tumbler », ce processus-comme son nom l’indique- consiste en un « mélange » de devises qui permet aux utilisateurs d’améliorer leur niveau de confidentialité en protégeant leur identité.

Plus prosaïquement, cela signifie que les possesseurs de crypto-monnaies peuvent faire transiter leurs fonds respectifs via une même transaction « de mélange », ce qui permet de brouiller les cartes, si bien qu’au terme de cette opération on ne sait plus qui possède quoi. Le produit de cette dernière étant redistribué au sein de différents portefeuilles.

Et ces nuages qui s’amoncellent devant les transactions ont visiblement déclenché le courroux de « l’agence contre le crime » britannique. « Ces services (les crypto-mixeurs ndlr) peuvent permettre de rendre de l’argent criminel parfaitement indiscernable, masquant ainsi son origine. De la même manière qu’une entreprise traditionnelle pour être utilisée par des malfaiteurs pour blanchir de l’argent », déplore Gary Cathcart, responsable des enquêtes financières à la National Crime Agency, dans les colonnes du Financial Times.

Une « première sommation » visant à d’appeler à réglementer ces services, les autorités du monde entier étant sur le qui-vive concernant la potentielle utilisation criminelle des crypto-actifs de toute obédience. La NCA estime ainsi que la réglementation obligerait, de facto, ces « mélangeurs » à se conformer aux diverses législations sur le blanchiment d’argent. Ce qui enjoindrait un contrôle plus strict des clients et des devises transitant sur diverses plateformes. Une « surveillance » qui serait loin d’être au goût des différentes parties prenantes de l’écosystème.

Mais les chiffres sont sans équivoque. Ainsi, environ 15% de l’ensemble du « produit criminel » ont été acheminés à l’aide de crypto-mixeurs, selon les données d’Elliptic, une startup qui analyse les transactions en crypto-monnaies. Des analyses qui incluent les transactions ayant transité par le biais de services comme Wasabi Wallet, Samourai Wallet, Tornado Cash et Helix, dont le fondateur américain, Larry Dean Harmon, a plaidé coupable, à l’été 2021, à des accusations de blanchiment d’argent.

Dans le détail, Wasabi, mis sur orbite en 2018, fonctionne de manière décentralisée avec un logiciel que tout le monde peut télécharger et utiliser. Il s’agit d’un produit phare de la société zkSNACKs basée à Gibraltar. Cette dernière prélève ainsi des frais (de l’ordre de 0,003%) sur chaque transaction, multipliés par le nombre d’utilisateurs mélangeant des portefeuilles à chaque opération. Ainsi, le niveau de confidentialité augmente à mesure du nombre plus élevé d’utilisateurs.

Invité à réagir par le FT, dans le respect du contradictoire, sur les accusations de la NCA, Bálint Harmat, directeur général et fondateur de zkSNACKs, a déclaré que les allégations de la NCA, et d’Elliptic ne « correspondaient pas à la réalité ». Avant de s’ériger en « défenseur de la liberté ». « Nous ne sommes qu’une équipe de développeurs et d’économistes qui travaillent dur pour un avenir meilleur ».

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Samir Hamladji
Rédacteur et reporter - Journaliste pour plusieurs grands médias tels que LesEchos ou Challenges, Samir a été en charge de la rubrique Finance chez Forbes de 2016 à 2019. Il s'intéresse depuis plusieurs années à l'écosystème des crypto-monnaies et de la blockchain.