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DLT ou non pour la CBDC de gros ? La BCE étudie ses options

Crédit : Shutterstock

Dans un discours, le représentant de la BCE Fabio Panetta souligne que la blockchain et la décentralisation ne sont pas des impératifs pour le règlement des transactions interbancaires. Mais l’Europe doit être prête néanmoins pour répondre aux besoins des banques.

 

Le chantier d’une monnaie numérique de banque centrale de détail ou retail est bien engagé en Europe. La phase technique d’exploration doit en principe s’achever l’année prochaine. Mais la BCE examine aussi les enjeux liés à l’introduction d’une CBDC wholesale ou de gros.

A la différence d’une CBDC retail, celle-ci concerne principalement les banques. Elle permet les opérations interbancaires. A l’occasion d’une conférence sur les paiements organisée par la banque centrale allemande, Fabio Panetta a abordé les enjeux de ce type de CBDC.

La CBDC antérieure à la blockchain

L’objectif de son discours : démystifier le sujet. Membre du directoire de la BCE, Panetta a notamment tenu à rappeler que la création d’une monnaie numérique de ce genre était bien antérieure au développement de la blockchain.

Le débat sur la vente en gros de la CBDC devrait donc se concentrer sur la manière dont les infrastructures existantes doivent être adaptées à l’évolution des technologies et des besoins”, souligne-t-il.

Ainsi, poursuit-il, l’enjeu d’une telle monnaie numérique n’est pas celui de son émission, mais de ses bénéfices en termes d’amélioration et de modernisation des services actuels offerts par les banques centrales.

Les partisans du DLT mettent en avant toute une série d’avantages, comme la possibilité de régler des transactions instantanément, 24 heures sur 24, sur un plus grand nombre d’actifs et avec un plus large éventail de participants”, indique Fabio Panetta.

Ces bénéfices doivent cependant encore être démontrés, ajoute-t-il. Par ailleurs, il est également possible de les générer sans recourir à la blockchain, juge-t-il encore. La question de moderniser les infrastructures des banques centrales via l’adoption du DLT n’est donc pas tranchée.

L’Europe doit se préparer pour préserver l’euro

Pour autant, Panetta estime nécessaire que l’Europe soit prête à basculer sur la blockchain pour les transactions wholesale. Il s’agit d’anticiper une adoption du DLT par les banques et le risque de les voir se tourner vers les stablecoins, qui feraient concurrence à l’euro.

Pour le cadre de la BCE, il est en effet critique de préserver le « rôle d’actif de règlement pour les transactions de gros » de la monnaie de banque centrale. Pour cela, deux scénarios sont possibles :

  • Créer une passerelle entre les plateformes DLT de marché et les infrastructures des banques centrales.
  • Créer un nouveau service de règlement de gros basé sur le DLT avec de la monnaie de banque centrale basée sur le DLT

Mais quelle que soit la technologie utilisée par les acteurs du marché pour leurs paiements de gros et leurs opérations sur titres, notre objectif sera toujours le même : faire en sorte que la monnaie de banque centrale reste le point d’ancrage de la stabilité du système monétaire”, conclut Fabio Panetta.

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Christophe Auffray
Cofondateur et rédacteur en chef adjoint - Journaliste spécialiste de la transformation numérique depuis 2005, Christophe a notamment été rédacteur en chef adjoint chez ZDNet. Il suit de près l’actualité autour des actifs numériques et la décrypte au quotidien. Contact : christophe@coins.fr