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Forbes renonce (pour l’instant) à son IPO, l’accord avec Binance caduc ?

Forbes
Crédit : Shutterstock

Le célèbre magazine économique Forbes, qui avait pour ambition de s’introduire en bourse via une SPAC, a finalement décidé de renoncer à ce « modèle » alors que Binance avait investi à hauteur de 200 millions de dollars dans ce projet.

 

Portées aux nues fin 2021, vouées aux gémonies en juin 2022, le destin des SPACs est jalonné de vents contraires. Ce véhicule d’investissement baptisé, dans la langue de Molière, « société d’acquisition à vocation spéciale » est défini, par les spécialistes comme une « coquille vide » qui s’introduit en bourse afin de lever des capitaux pour racheter une société cible. Un modus operandi qui a eu le vent en poupe outre-Atlantique tout au long de l’année 2021, puisque près de 600 SPACs ont déboulé, par ce biais, sur Wall Street.

Et le vénérable magazine Forbes avait vocation, par l’intermédiaire d’une fusion avec la SPAC Magnum Opus Acquisition, basée à Hong Kong, à procéder ainsi pour, à son tour, s’ouvrir les portes de la Bourse de New York.

Seulement voilà, le toujours très bien informé New York Times a révélé que ce projet avait du plomb dans l’aile et que les décideurs du magazine économique devraient annoncer, cette semaine, faire un pas de côté et renoncer à leur projet d’introduction en Bourse. Du moins sous cette forme-là. En effet, l’appétence pour les SPACs s’est considérablement refroidie depuis le début de l’année 2022, les investisseurs freinant des quatre fers après que de nombreuses introductions en Bourse, via cet instrument financier, n’aient pas tenu leurs promesses.

Un « chamboulement » qui atteint, de facto, la plateforme d’échange Binance qui avait investi à hauteur de 200 millions de dollars dans ce projet. Un accord qui, outre la volonté de financer la croissance de Forbes, aurait, de fait, fait de l’exchange l’un des principaux investisseurs du média. Un « deal » gagnant-gagnant, comme le rappelait Mike Federle, directeur de Forbes en février dernier, au moment de l’accord.

« Forbes s’engage à démystifier les complexités et à fournir des informations utiles sur les technologies de la blockchain et tous les actifs numériques émergents […] Avec l’investissement de Binance dans Forbes, nous avons maintenant l’expérience, le réseau et les ressources du premier échange de crypto au monde et l’un des innovateurs de blockchain les plus performants ». Diverses ambitions qu’il va donc falloir mettre de côté. Pour le moment.

Du côté de Binance, ce « contretemps » est pris avec une certaine philosophie. Du moins en apparence et ne remet pas en cause les synergies futures entres les deux entités qui, avec l’abandon à venir de ce mode opératoire, à savoir une IPO via SPAC, vont devoir repenser les bases de leur collaboration. « Nous continuons à examiner toutes les options possibles et sommes impatients de travailler avec l’équipe de direction de Forbes dans les mois à venir », a fait savoir un porte-parole de la crypto-bourse.

Comme mentionné en préambule, les précédentes introductions via ce véhicule d’investissement n’ont pas rencontré la réussite espérée. Ainsi les actions Buzzfeed, accessibles au public depuis un accord SPAC en décembre dernier, ont depuis chuté de près de 50%. Vice, autre grand média, a également renoncé à ce modus operandi, préférant recourir à des investisseurs privés. En outre, les perspectives ciselées par les spécialistes concernant l’IPO de Forbes s’annonçaient également particulièrement sombres, à en croire le New York Times. Le média célèbre pour son classement des fortunes internationales a donc préféré tout arrêter pendant qu’il en était encore temps et ne pas tenter le diable. Quitte à remodeler sa collaboration avec ses investisseurs initiaux. Binance en tête.

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Samir Hamladji
Rédacteur et reporter - Journaliste pour plusieurs grands médias tels que LesEchos ou Challenges, Samir a été en charge de la rubrique Finance chez Forbes de 2016 à 2019. Il s'intéresse depuis plusieurs années à l'écosystème des crypto-monnaies et de la blockchain.