MiningNews

Kazakhstan : 100 fermes à bitcoins contraintes de stopper leur activité

mining asic
Crédit : Shutterstock

Certaines activités de minage de crypto-monnaies jugées « illégales » au Kazakhstan, où de nombreux mineurs ont trouvé refuge après avoir été boutés hors de Chine, ont été férocement réprimées par les autorités locales.

 

Tandis que le concert des Nations a, à juste titre, les yeux rivés sur la guerre Ukraine, le Kazakhstan est, depuis plusieurs, en proie à de graves troubles, sa population se révoltant avec véhémence contre la hausse des prix de l’énergie. Dans ce contexte, les autorités locales éprouvent toutes les difficultés du monde à apaiser les tensions mais semblent également avoir trouvé les boucs-émissaires parfaits : les mineurs de bitcoins. Alors que les risques de rupture d’approvisionnement et de pénurie d’électricité se font de plus en plus importants pour ce que le gouvernement kazakh appelle les « consommations ordinaires », celui-ci a décidé d’agir avec fermeté.

Ainsi, ce ne sont pas moins de 55 fermes de mining qui ont « volontairement » – la précision a son importance- cessé leurs activités. Celles-ci ont complètement suspendu les travaux et « démonté leurs équipements ». Enfin, en « collaboration avec les organismes gouvernementaux intéressés » selon une communication officielle, « des mesures vont également être prises pour empêcher le déploiement desdits équipements au sein du marché secondaire. Concernant l’origine des équipements miniers, ils ont été importés de Chine, de Corée du Sud, de Singapour, de Turquie et de Géorgie. Leur importation s’est faite dans certains cas par contrebande. ». Fin de citation.

En parallèle à ces « cessations d’activité volontaire », les autorités ont mis un terme aux activités, cette fois-ci, illégales de 51 fermes. « Les mineurs en charge de ces fermes n’ont pas informé l’organisme agréé du début de leurs activités, ou ont été illégalement connectés à des sources d’énergie sans conditions techniques. Ils se sont également installés de manière déraisonnable sur le territoire de zones économiques spéciales, et ont sciemment éludé les impôts et les droits de douane. Aujourd’hui, tous sont déconnectés des sources d’alimentation », ont fait savoir les autorités compétentes dans le même communiqué.

Fait intéressant, les inspections ont révélé que certaines personnalités politiques et entités commerciales kazakhs de premier plan étaient impliquées dans ces activités de mining. Citons pêle-mêle ; Bolat Nazarbayev, le frère de l’ancien président Nursultan Nazarbayev ; Alexander Klebanov, le président de Central Asian Electric Power Corp ou encore Kairat Itegmenov.

Comme mentionné en préambule, après l’interdiction de la Chine de se livrer à ce type de pratiques sur son territoire, de nombreux mineurs se sont, en effet, exilés au Kazakhstan. Au point que l’ancienne république soviétique est devenue la deuxième terre d’accueil des mineurs, derrière les États-Unis, avec une « part de marché » dépassant les 18%. Un véritable « exode » qui a, déjà, engendré une cohorte de problèmes logistiques.

Pas du tout préparé à accueillir un tel afflux – le mining de pièces numériques est, comme chacun sait, une activité résolument énergivore – le pays a vu sa demande d’électricité croître de 8% en 2021. Contre 1 à 2% en temps normal. Une « occasion en or » pour les autorités qui trouvent, sans doute, avec les mineurs « l’exemple idoine » pour mater la contestation. En plus de diaboliser ces activités de mining aux yeux des « consommateurs ordinaires ».

Suivez Coins.fr sur Twitter, Linkedin, Google, Facebook ou Telegram pour ne rien manquer.

Samir Hamladji
Rédacteur et reporter - Journaliste pour plusieurs grands médias tels que LesEchos ou Challenges, Samir a été en charge de la rubrique Finance chez Forbes de 2016 à 2019. Il s'intéresse depuis plusieurs années à l'écosystème des crypto-monnaies et de la blockchain.