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NFT CryptoPunk à 532M$ : un flagrant délit de manipulation ?

Crédit : Larvalabs

Comment estimer la valeur d’un NFT ? En fonction de la demande, à condition que celle-ci émane de véritables acheteurs. Ce qui n’est pas le cas pour le CryptoPunk 9998 au prix record.

 

Certains NFT très cotés atteignent des prix considérables, au point de laisser craindre la formation d’une bulle spéculative. Une curieuse vente intervenue la semaine dernière alimenterait d’ailleurs cette hypothèse.

Plusieurs spécialistes de la blockchain ont identifié une transaction peu ordinaire. Le CryptoPunk 9998, du pixel art, a trouvé en apparence preneur pour 532 millions de dollars. Cela en ferait un record.

Du flash loan pour acquérir un NFT

Sauf qu’une rapide analyse de cette transaction permet de constater des anomalies. Le NFT a été transféré entre deux adresses Ethereum. La contrepartie : un paiement de 124.457 Ether.

Ce montant a été obtenu au préalable grâce à un flash loan, un emprunt en crypto auprès de protocoles spécialisés dans ces opérations, comme Compound. En tout, trois sources distinctes ont fourni l’Ether.

Le règlement du NFT s’est effectué grâce au smart contract de CryptoPunk, qui a transmis les fonds au vendeur. Jusque-là, tout semble normal, hormis le prix prohibitif acquitté pour un token non fongible.

Mais ensuite, le vendeur du NFT a transféré les 124.457 Ethers à l’acheteur, lui permettant de rembourser les prêts crypto. Enfin, rapporte Bloomberg, le NFT revenait à son adresse d’origine.

Flagrant délit de wash trading

Le CryptoPunk était de nouveau en vente, mais cette fois au prix de 250.000 Ether. Pour Larva Labs, créateur des CryptoPunks, on est donc en présence d’un détenteur de NFT vendant à lui-même pour créer artificiellement une hausse de prix du token. Et ce n’est pas une première sur ce marché.

Certaines grosses offres récentes ont été faites de la même manière. L’Ether est offert et retiré en une seule transaction. Ainsi, bien que techniquement et brièvement valide, l’offre ne peut jamais être acceptée. Nous ajouterons un filtrage pour éviter de générer des notifications pour ce type de transactions à l’avenir », annonce Larva Labs.

Sur des marchés régulés, comme celui des actions, ce type de pratique a un nom : du « wash trading ». Et ce genre de transaction est tout simplement interdit. Cette pratique vise à gonfler artificiellement le prix en jouant sur la demande.

Appliquée aux NFT, elle traduit la volonté de certains détenteurs de tokens non fongibles de faire fructifier leurs investissements et de tirer profit d’une absence de réglementation. Pas grand chose à voir donc avec un quelconque amour de l’art en évidence.

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Christophe Auffray
Cofondateur et rédacteur en chef adjoint - Journaliste spécialiste de la transformation numérique depuis 2005, Christophe a notamment été rédacteur en chef adjoint chez ZDNet. Il suit de près l’actualité autour des actifs numériques et la décrypte au quotidien. Contact : christophe@coins.fr