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Russie : Vladimir Poutine opposé à l’interdiction des crypto-monnaies

Crédit : Shutterstock

Vladimir Poutine a pris à revers la déclaration d’intention de la banque centrale russe d’interdire les crypto-monnaies, arguant que la Russie disposait notamment des ressources énergétiques nécessaires concernant le minage de bitcoins.

 

Vladimir Poutine siffle la fin de la récréation. Le locataire du Kremlin a enjoint la banque centrale russe à revoir sa copie après que cette dernière a proposé la fin de l’utilisation et de l’extraction de crypto-monnaies sur le (vaste) territoire de la fédération de Russie. En effet, l’institution financière, flanquée de plusieurs parlementaires, a récemment publié un rapport estimant que l’arrêt total de cette activité devait être envisagée, et s’apparentait même, en lisant entre les lignes, à une impérieuse nécessité.

Pour rappel, aux yeux de la banque centrale, les crypto-monnaies disposent de toutes les caractéristiques d’une « pyramide financière » qui menacent la stabilité financière du pays, sa souveraineté monétaire et, donc par extension, la sécurité économique des citoyens. Une antienne soutenue mordicus par les détracteurs de Bitcoin et consorts. Et qui ressemble de plus en plus à un argument émoussé par l’usure.

Désireux de préserver les prérogatives de la Banque de Russie – et ne pas faire montre d’ingérence du moins en apparence-, Poutine a, dans un premier temps rappelé que ces problématiques relevaient du champ de compétences de l’institution. « La Banque de Russie s’occupe de ces questions et les réglemente ». Tout en rappelant qu’elle n’avait pas vocation à décréter une interdiction qui irait à rebours des innovations technologiques qui – placées entre des « mains expertes » pourraient constituer un formidable atout pour la Russie.

La Banque centrale ne fait pas obstacle aux avancées réglementaires et fait elle-même les efforts nécessaires pour introduire les nouvelles technologies dans ce domaine d’activité. »

Une manière diplomate mais ferme d’enjoindre la banque à trouver des solutions moins répressives.

Sur sa lancée, le président russe a également balayé d’un revers de main, l’argument « énergivore » également souvent adossé au mining de crypto-monnaies. Poutine estime, en effet, que la Russie « peut faire face » à la demande d’électricité nécessaire requise pour soutenir ces activités.

« Nous avons certains avantages concurrentiels ici, en particulier dans ce qu’on appelle l’exploitation minière. Je fais référence au surplus d’électricité et au personnel bien formé disponible dans le pays », a souligné le président russe. Comme rappelé par Reuters, la Russie représente 11,2% du hashrate mondial, ce qui la place en troisième position derrière les États-Unis et le plus surprenant, aux yeux du grand public, le Kazakhstan.

L’ancienne république soviétique s’octroie, en effet, « une part de marché » de 18% qui s’explique par l’exode des mineurs boutés hors de Chine après l’interdiction totale et formelle des crypto-monnaies par Pékin. Un « exemple » à ne pas suivre pour Moscou, selon Poutine, celui-ci estimant que la question des crypto-monnaies n’étaient pas à prendre à la légère et que les risques devaient être « compensés » par les atouts susmentionnés, notamment en matière de ressources énergétiques. Fort de ces éléments, la phrase du président russe « la banque centrale a sa propre position » sonne comme un cinglant désaveu pour l’institution qui va vite devoir se retrousser les manches et proposer une alternative plus « modérée ».

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Samir Hamladji
Rédacteur et reporter - Journaliste pour plusieurs grands médias tels que LesEchos ou Challenges, Samir a été en charge de la rubrique Finance chez Forbes de 2016 à 2019. Il s'intéresse depuis plusieurs années à l'écosystème des crypto-monnaies et de la blockchain.