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Antoine Porte, Lydia : Lydia trading peut se rêver en Robinhood européen

Antoine Porte, cofondateur de Lydia
Antoine Porte, cofondateur Lydia - Photo courtesy of Lydia

Grâce à BitPanda, Lydia dispose maintenant de services de trading, dont les actions fractionnées et les crypto-actifs. Son ambition : faciliter l’accès à l’investissement. Interview avec son fondateur, Antoine Porte.

 

Le teasing avait débuté plusieurs semaines plus tôt. Lydia annonçait l’arrivée prochaine du trading sur son application mobile, une « super-app » comme elle se qualifie. Pour ses clients, la possibilité donc d’acheter, conserver et vendre des actions, mais aussi des cryptomonnaies.

La fintech allait-elle développer elle-même ce nouveau service, à l’image de Robinhood aux US, ou s’appuyer sur un partenariat comme avec Cashbee pour l’épargne ? La réponse est venue de Giulia Mazzolini, directrice de Bitpanda France lors d’un entretien avec Coins.fr. Sans citer le nom de Lydia, le broker annonçait un accord avec un acteur français.

L’expérience utilisateur pour faire la différence

Le partenaire de BitPanda, c’est donc Lydia. Pour fournir du trading (actions, ETF, métaux précieux et cryptomonnaies), l’appli mobile s’appuie ainsi sur le back-office de la crypto-bourse autrichienne. Son partenaire propose en effet d’exploiter sa plateforme en marque blanche. La contrepartie : un partage des revenus, soit un pourcentage de la commission prélevée sur les transactions.

Bitpanda en back-office donc, mais du fait-maison pour ce qui est de l’interface utilisateur, « l’expérience ». Lydia veut conserver les codes qui ont fait son succès jusqu’à ce jour. Cette réussite, c’est 5,5 millions d’utilisateurs, dont 90% environ en France. La fintech est pour l’instant présente dans quelques pays d’Europe seulement.

L’ambition est bien européenne néanmoins, confie son cofondateur à Coins.fr, Antoine Porte. De même, l’application, très représentée auprès des 18-35 ans (et utilisateurs d’iOS), entend se développer auprès d’autres segments de marché, sur Android et auprès des plus de 35 et des plus de 40 ans.

Le trading doit justement être un levier de cette croissance. Ce n’est pas la seule ambition. Lydia compte « casser les codes » dans le domaine de l’investissement en rendant ces opérations simples, voire presque ludiques.

Au-delà des barrières, nous cassons les codes, tous ceux qui ne sont pas nécessaires pour ceux qui constitueront demain la majorité des investisseurs. Comme nous l’avons toujours fait avec Lydia, nous voulons toucher le plus grand nombre”, souligne Antoine Porte.

Faire « passer à l’action » ces investisseurs débutants, mais pas seulement, c’est donc le cap que se fixe l’entreprise.

Actions fractionnées, prix garanti et 24×7

Ses leviers pour y parvenir : son expérience utilisateur, la possibilité d’investir à partir de 1 euro, notamment dans des actions, qu’il s’agisse de sociétés américaines, mais aussi européennes, dont l’ensemble du CAC 40. Mais comment acheter des titres en bourse avec un si faible montant, en 24H/7J et à prix garanti ?

La solution : les actions fractionnées. Il est possible en effet aux utilisateurs d’acquérir des fractions d’actions cotées, LVMH par exemple dont le cours dépasse les 700 euros. Des entreprises de renom deviennent ainsi accessibles pour des investisseurs ne disposant pas des finances nécessaires pour investir plus ou préférant minimiser les risques.

Mais outre des paniers d’actions (ETF) et des métaux précieux, les utilisateurs peuvent aussi placer l’argent dont ils disposent sur leur compte courant Lydia ou le remboursement d’un ami en achat de cryptomonnaies. C’est peut-être là que se situe la révolution sur le marché français.

Jusqu’à présent, les Français intéressés par ces actifs devaient se tourner vers des spécialistes, des services avec l’agrément PSAN en France, ou des plateformes étrangères comme Binance. Avec Lydia, la crypto est à portée du grand public, qui peut la découvrir et faire ses premiers pas. Et sans la nécessité de créer un nouveau compte ou d’installer une app supplémentaire.

Nous voulons toucher des personnes qui pensent que ce n’est pas pour elles, que c’est trop compliqué et qui par conséquent remettent à demain. Envoyer de l’argent, acheter une action LVMH ou un bitcoin, l’écran est le même”, insiste le cofondateur de Lydia pour souligner le souci de la simplification.

Des millions de clients potentiels pour Lydia

La startup fonde de grands espoirs sur l’ajout du trading dans sa super-app. « En matière de démarrage, c’est de loin la fonction en laquelle nous croyons le plus depuis les remboursements entre amis », déclare son dirigeant. Lydia estime même que la combinaison des deux fonctionnalités peut générer de fortes synergies.

Comment ? En convertissant un remboursement en investissement grâce à la simplicité de la fonction et à la similitude des expériences. Lydia espère donc convertir au trading plusieurs centaines de milliers de ses utilisateurs actuels. Elle prévoit en outre conquérir de nouveaux clients, potentiellement « plusieurs millions ».

A court terme, Lydia cible deux clientèles : la « clientèle typique d’un Robinhood aux Etats-Unis et tous les curieux qui hésitent encore à se lancer ». Parmi ces profils, les plus de 45-50 ans, qui estimeraient à tort que Lydia se destine à un autre public.

Nous allons même aller chercher des personnes qui boursicotent avec leur banque, mais sans avoir démarré sur la crypto, notamment parce que leur banque ne leur permet pas ou car les plateformes actuelles sont éloignées de leurs habitudes, » détaille Antoine Porte.

Les utilisateurs d’applications boursières pourraient eux aussi trouver leur compte sur Lydia, par exemple en diversifiant leurs portefeuilles en intégrant des actions américaines, des métaux précieux et donc aussi des cryptomonnaies. « Ils ne basculeront pas 100% de leur épargne, mais nous espérons prendre 10 à 30% de ce qu’ils mettaient dans des actions plus standards via leur banque ».

Pas de self-custody et donc de transferts de crypto

Et un des arguments pour convaincre ces clients sera celui des frais et autres coûts appliqués par les acteurs du marché. Sur cette partie, Lydia se veut transparent, pointant du doigt des applis concurrentes dont les coûts de transaction sont parfois difficiles à mesurer pour les utilisateurs. Tout sera dans le prix (via un spread « serré »), nous assure-t-on, cela à chaque opération. Il sera alors possible de comparer avec la concurrence. La promesse, bien sûr, un bien meilleur tarif sur Lydia.

Les banques traditionnelles françaises sont confrontées à un concurrent de plus en plus dangereux. Contrairement à elles, il propose désormais du trading crypto, de plus en plus plébiscité. Si Lydia n’est pas une banque, au sens réglementaire ou légal, tout en proposant des services financiers comparables, elle le deviendra à l’avenir. L’échéance n’est pas encore fixée.

Les services spécialisés destinés aux investisseurs crypto ne devraient quant à eux pas trop s’inquiéter de l’arrivée sur le marché de Lydia. A ce stade. A la manière d’un PayPal, de Revolut ou de Robinhood, Lydia ne permet pas de transférer ses cryptos. Les actifs numériques achetés sur Lydia ne peuvent être vendus que sur l’application.

Pas de self-custody et donc de transfert vers des protocoles DeFi ou d’autres services. Lydia ne s’adresse pas aux détenteurs expérimentés de cryptomonnaies. Elle ambitionne d’en démocratiser l’accès. Sa cible : les consommateurs qui jusqu’à présent se tenaient à l’écart de ces investissements ou n’y avaient pas accès depuis un service qu’ils maîtrisent.

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Christophe Auffray
Cofondateur et rédacteur en chef adjoint - Journaliste spécialiste de la transformation numérique depuis 2005, Christophe a notamment été rédacteur en chef adjoint chez ZDNet. Il suit de près l’actualité autour des actifs numériques et la décrypte au quotidien. Contact : christophe@coins.fr