La rapidité de transaction et l’agilité de la reine des crypto-monnaies a permis à un citoyen ukrainien de préserver ses économies et de fuir le pays avant la fermeture des frontières.
Au matin du 24 février, la boucle Telegram de Fadey, 20 ans, s’emballe, ses amis le pressant de donner de ses nouvelles. Les forces russes ont pénétré en Ukraine et un rapide tour de l’actualité lui fait comprendre que son pays est assiégé. Une seule décision s’impose : fuir le plus rapidement possible sa ville de Lviv. Son premier réflexe est alors de se rendre à un distributeur automatique afin de rapidement retirer ses économies pour quitter le pays avant que les autorités ne puissent verrouiller la frontière pour mobiliser tous les hommes ukrainiens en âge de combattre.
Je ne pouvais pas du tout retirer de l’argent, car les files d’attente aux guichets automatiques étaient si longues et je ne pouvais pas attendre autant de temps », raconte Fadey à CNBC.
Alors, dans un contexte où chaque minute compte, Fadey a trouvé en Bitcoin la porte de sortie escomptée. Il a ainsi échangé 600 dollars de ses économies en bitcoins qu’il a ensuite converti contre du zloty, la monnaie nationale polonaise, via un échange (P2P) avec une connaissance. Un pécule qui lui a permis de payer le bus pour traverser la frontière ainsi qu’une nuit dans une auberge de jeunesse pour lui et sa petite amie.
Une « rapidité d’exécution » inhérente à Bitcoin qui s’est avérée déterminante dans la mesure où moins de deux heures après ce « fait d’armes », l’Ukraine fermait ses frontières à tous les hommes en âge de combattre. Outre cette opération d’une importance capitale, Fadey a emporté avec lui une clé USB abritant en son sein 40% de ses économies…soit l’équivalent de 2000 dollars en BTC. Combinée à un code d’accès unique, celle-ci constitue le dernier vestige de sa vie d’avant et, surtout, la clé de sa survie financière.
Une histoire qui met en exergue l’agilité et la flexibilité de la reine des crypto-monnaies qui n’est assujettie à aucun organisme ou institution financière et qui peut s’avérer, dans le cas de Fadey, absolument décisive dans un contexte où l’économie ukrainienne montrait des signes inquiétants de faiblesse dès le premier jour de l’invasion russe.
La banque centrale ukrainienne a, en effet, immédiatement suspendu les transferts électroniques tandis que les distributeurs automatiques étaient bridés à un retrait de 33 dollars par opération. D’où l’impatience de Fadey qui a pu sortir du territoire grâce à Bitcoin et son non assujettissement aux règles financières traditionnelles. « L’économie du pays s’est arrêtée en quelques heures », abonde Alex Gladstein, directeur de la stratégie de la Human Rights Foundation, qui soutient les militants en Ukraine depuis 2009. Et d’ajouter : « Tout est gelé. Tout d’un coup, c’est une économie de guerre. C’est arrivé en quelques jours. Nous parlons de 24 à 48 heures ».
Mais la situation de Fadey, outre son périple et sa course contre le temps, n’est pas un cas isolé. Le recours aux crypto-monnaies est même « monnaie courante » pour les réfugiés ayant réussi à traverser la frontière.
Ma banque ukrainienne ne m’a pas laissé la possibilité de quitter le pays avec une somme d’argent décente et les frais facturés par PayPal étaient également trop importants. Avec la crypto, tout était bien plus simple », souligne une autre réfugiée, également citée par CNBC.
Et de conclure. « J’étais sceptique à l’égard de la crypto, je dois bien l’admettre, mais à cause de la guerre, j’ai dû lui donner une chance ». Et visiblement bien lui en a pris.
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