BanqueNews

Le choix d’Amazon par la BCE pour sa CBDC attaqué

Crédit : Shutterstock

En retenant Amazon pour ses expérimentations autour de l’euro numérique, la BCE s’est attiré les foudres de parlementaires de toutes les couleurs politiques. La banque centrale défend sa décision.

 

2026 ou 2027. C’est à cette date que l’Europe pourrait émettre sa monnaie numérique de banque centrale de détail. C’est ce qu’annonçait lundi le gouverneur de la Banque de France, en présence de la présidente de la BCE, Christine Lagarde.

Pour tenir ce calendrier, la banque centrale européenne doit préalablement finaliser ses expérimentations. Dans ce cadre, elle a retenu plusieurs partenaires, dont le géant américain Amazon. Et ce choix ne fait assurément pas l’unanimité parmi les parlementaires européens.

Amazon, une entreprise condamnée en Europe

Fabio Panetta, membre du directoire de la BCE, en a fait l’expérience à l’occasion d’une audition devant la Commission des affaires économiques et monétaires. La décision de retenir Amazon a été contestée par des députés de tous les bords politiques.

Le Gafam n’a pas bonne presse, notamment en raison de ses pratiques en matière de gestion des données personnelles et de fiscalité. En 2021, il écopait d’une sanction de 746 millions d’euros, rappelle un député centriste cité par Coindesk.

Les parlementaires frondeurs dénoncent également une contradiction dans la stratégie de la BCE. L’euro numérique vise notamment à garantir l’autonomie européenne sur les paiements et la souveraineté monétaire, arguent-ils.

Comment dès lors justifier la participation d’Amazon ? s’étonnent-ils. C’est d’ailleurs au nom de cette même indépendance que les autorités et les banques centrales s’étaient liguées contre le projet Libra de Facebook.

Un choix qui décrédibilise l’Europe ?

Les eurodéputés opposés à cet accord considèrent donc qu’il porte atteinte à la crédibilité de l’Europe. Ce n’est cependant pas l’avis de Fabio Panetta, qui a déclaré que ce choix ne pouvait désormais plus être remis en cause. Mais en outre, pour le sérieux des expérimentations en cours, la BCE manquait d’options parmi les acteurs européens du e-commerce.

Nous voulons apprendre [de] la meilleure technologie et non de la pire (…) Il n’y a pas beaucoup d’entreprises en Europe qui pourraient montrer leur expérience en matière de gestion de centaines de millions d’utilisateurs”, objecte Panetta.

Le représentant de la banque centrale insiste en outre sur le fait que le rôle d’Amazon se limite à un exercice de prototypage. Celui-ci sera sans impact sur la conception finale de la CBDC.

Aucun impact sur la CBDC euro pour la BCE

Vous vous inquiétez de savoir quelles pourraient être les conséquences de cet exercice ? Zéro », affirme Fabio Panetta.

Il précise en outre que la participation d’Amazon ne se traduit par aucun versement financier ou accès aux données du projet d’e-euro.

Autre proche de la BCE, Jürgen Schaaf, prend lui aussi sa défense. Les expérimentations et leurs partenaires sont « motivées par des considérations technologiques » uniquement, assure-t-il.

Notre souhait de renforcer notre autonomie monétaire avec un euro numérique ne signifie pas que l’Europe fermera toutes ses portes aux distributeurs étrangers », affirme encore le conseiller de la BCE, excluant toute velléité protectionniste.

Suivez Coins.fr sur Twitter, Linkedin, Facebook ou Telegram pour ne rien manquer

Christophe Auffray
Cofondateur et rédacteur en chef adjoint - Journaliste spécialiste de la transformation numérique depuis 2005, Christophe a notamment été rédacteur en chef adjoint chez ZDNet. Il suit de près l’actualité autour des actifs numériques et la décrypte au quotidien. Contact : christophe@coins.fr