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L’euro numérique doit être largement accepté pour faire la différence

Christine Lagarde
Christine Lagarde - Crédit : Shutterstock

L’écosystème numérique des paiements a besoin d’un euro digital de banque centrale, soutiennent Christine Lagarde et Fabio Panetta de la BCE. Au risque sinon que le secteur privé en prenne le contrôle.

 

La question n’est plus désormais de savoir s’il faut un euro numérique. C’est avant tout son design qui importe pour en garantir le succès. C’est ce que soulignent deux dirigeants de la banque centrale européenne (BCE).

Dans un article, Christine Lagarde et Fabio Panetta, respectivement présidente et membre du directoire de la BCE, définissent les objectifs clés d’une future monnaie numérique de banque centrale (MNBC ou CBDC).

Bouleversement du système de paiement

La digitalisation accrue des paiements génère trois risques principaux. La monnaie publique (émise par les banques centrales) pourrait « perdre son rôle d’ancrage monétaire en Europe ». Un tel renversement déboucherait sur de la confusion, au profit de la monnaie privée.

Enfin, la domination des géants du numérique serait susceptible de s’étendre aux paiements et augmenter le risque de comportement abusif. Les dirigeants de la BCE émettent donc une mise en garde. Pour prévenir de tels risques, l’Europe aurait donc besoin d’une CBDC de détail, complémentaire du cash.

L’introduction d’un euro numérique permettrait aux citoyens de continuer à faire confiance à l’ancrage monétaire de leurs paiements numériques. Elle protégerait l’autonomie stratégique des paiements européens et la souveraineté monétaire, en offrant une solution de repli en cas d’intensification des tensions géopolitiques”, soutiennent Lagarde et Panetta.

Toutefois, pour remplir cette fonction, un euro numérique devrait impérativement répondre à certaines conditions, préviennent-ils. Pour être un succès, il doit en particulier faire partie du quotidien des Européens.

Trop tôt pour décider du design de la CBDC

« Il doit apporter une valeur ajoutée par rapport aux solutions existantes ». Cette CBDC devrait donc être largement acceptée et utilisée. Cela implique qu’elle réponde à des exigences en termes de facilité d’utilisation, de coûts, de vitesse, de sécurité et de protection des consommateurs.

En revanche, l’euro numérique ne vise pas à constituer une forme d’investissement. « Sinon, un trop grand nombre de dépôts des banques commerciales pourraient être transférés à la banque centrale », anticipent les deux dirigeants de la BCE.

Pour prévenir un tel scénario, « il convient de prévoir des garde-fous dès le départ », et ce même si « l’adoption d’un euro numérique sera probablement progressive ». Reste en outre à arrêter le design de l’e-Euro.

Il est trop tôt pour décider des détails de la conception. Nous prévoyons d’achever la phase d’enquête de notre projet d’euro numérique à l’automne 2023”, rappellent Christine Lagarde et Fabio Panetta.

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Christophe Auffray
Cofondateur et rédacteur en chef adjoint - Journaliste spécialiste de la transformation numérique depuis 2005, Christophe a notamment été rédacteur en chef adjoint chez ZDNet. Il suit de près l’actualité autour des actifs numériques et la décrypte au quotidien. Contact : christophe@coins.fr