Maestria Blockchain s’est spécialisé dans l’accompagnement des projets blockchain (NFT, métaverse, play-to-earn, ICO…). Le cabinet aide les entreprises sur les enjeux technos, juridiques et financiers. Entretien avec son cofondateur Émilien Ercolani.
D’après un récent sondage Ipsos, « seuls 20 % des Français pensent connaître les NFT ». Ce chiffre n’est pas si éloigné des résultats de l’étude réalisée en début d’année par l’ADAN. 76% des Français déclaraient avoir entendu parler des cryptomonnaies et 15% des NFT.
L’acculturation reste faible à l’égard des jetons non fongibles. Elle progresse cependant. Les NFT ont également été moteur dans la prise de conscience des entreprises quant aux usages permis par la blockchain.
NFT : coup de projecteur sur une application concrète
C’est le constat que fait Émilien Ercolani, le cofondateur du cabinet de conseil Maestria Blockchain.
L’avènement des NFT a été assez salvateur. A mon sens, ils ont fait émerger une vraie application concrète de la blockchain, au-delà des crypto et de leur utilisation dans les paiements. L’intérêt de la blockchain demeurait encore difficilement palpable pour les entreprises”, déclare-t-il à Coins.fr.
L’incident lors de la finale de la Ligue des Champions de football au Stade de France contribue d’ailleurs à mettre en lumière un autre usage des NFT dans le domaine de la billetterie. « Le ticketing est un cas d’usage qui participe à éclairer les bénéfices de la blockchain », poursuit le dirigeant.
Ce dernier s’attend désormais à voir se développer d’autres applications pour les actifs numériques. Émilien Ercolani reconnaît que le niveau d’acculturation devra continuer de progresser au sein des entreprises, et en particulier les PME. « La compréhension fine de ce qu’est la blockchain, et au-delà, le Web3, nous n’y sommes pas du tout. Le marché n’est pas encore mature ».
Ainsi, les lancements de projets sont plutôt l’apanage des grandes entreprises, constate-t-il, avec un accent mis sur les NFT, perçus comme « des nouveaux canaux d’acquisition de clients et des vecteurs de business ». La majeure partie du tissu économique français se compose cependant de PME, dont l’acculturation doit s’améliorer.
Technos, finance et juridique : 3 composantes critiques
C’est auprès de ces sociétés que Maestria Blockchain concentre aujourd’hui ses actions. Après de précédentes expériences dans la blockchain, autour en particulier des ICO, Émilien Ercolani a co-créé un cabinet plus généraliste avec Prince Ludju, spécialiste de la tokenomics.
Au niveau capitalistique, le cabinet compte un troisième associé, une personne morale : le cabinet d’avocats Bruzzo Dubucq. Cette collaboration permet à l’entreprise de réunir les compétences nécessaires à l’accompagnement de projets blockchain sur les trois composants principaux : technologique, financier et juridique.
Dans le cadre de ses prestations, Maestria Blockchain délivre des services de cadrage aux porteurs de projets blockchain en phase d’idéation. « Nous accompagnons les entreprises dans la viabilisation de leurs projets à tous les niveaux afin d’en faire un produit commercialisable ».
Le cabinet ne réalise pas de développement logiciel, mais conseille ses clients sur des choix de technologies et les oriente ensuite sur des partenaires. Sur le plan financier, il intervient dans la définition « d’un modèle économique cohérent, du business plan, et lorsque c’est nécessaire travaille sur la partie tokenomics ».
Le volet juridique (mais aussi réglementaire et fiscal) représente un troisième pan à la fois critique et stratégique des projets blockchain. Maestria s’appuie donc, pour offrir cette compétence experte, sur des avocats.
Nous avons une bonne vue du marché, d’un point de vue des pratiques et aussi des technologies”, souligne le cofondateur.
La maîtrise des enjeux liés à la tokenomics constitue un autre atout. L’existence d’un département blockchain au sein du cabinet Bruzzo Dubucq lui permet en outre de disposer de « vraies expertises juridiques », notamment sur la fiscalité.
Les DAO : sujet central de 2022 et 2023
Les questions juridiques sont en effet multiples et complexes, en particulier pour faire émerger des DAO, une tendance forte. « Les DAO sont le sujet de cette fin d’année et du début 2023 », considère Émilien Ercolani. La transcription d’une telle organisation dans le système juridique français requiert cependant expertise et ingénierie juridique.
En termes de réalisations, Maestria a donc mis ses compétences au service de multiples projets, dont Versity. Le but : concevoir un métaverse pour l’univers de l’immobilier pour le compte des Agences de Papa. La finalité n’était cependant pas de faire de la blockchain, mais bien de répondre à des problématiques business existantes.
Versity en est la solution. Pour faire simple, la problématique pour l’agence immobilière digitale est celle des visites. Le métavers est ainsi l’opportunité pour les acheteurs de rentrer en immersion dans un bien immobilier. Cet usage permettra de réduire le nombre de visites au profit de visites plus qualifiées”, détaille le dirigeant.
Le cabinet de conseil est également partenaire de projets de play-to-earn afin de concevoir la tokenomics du jeu, mais aussi de tokenisation de sociétés immobilières pour un entrepreneur du marché de la location saisonnière.
Le métaverse prendra du temps
Dématérialisation de registres d’entreprises, ancrage de mouvements de titres, transition écologique dans l’agriculture via la tokenisation de crédits carbone, application d’engagement des salariés pour les grands groupes, projets NFT… Maestria pilote cadrage et idéation pour des usages divers des technologies blockchain.
Le bear market participe au ralentissement du marché, même si les fondamentaux n’en sont pas remis en cause. Ainsi, « les NFT sont une tendance de fond », rappelle Émilien Ercolani. Le métaverse, poursuit-il, offre du potentiel pour de nombreux secteurs, mais la transformation prendra du temps.
La tendance à venir, selon moi, c’est les DAO. Ce sujet n’émerge pas de nulle part. Il est la traduction d’une réflexion et d’un changement en cours, soit la transition du Web 2 vers le Web 3 porteur d’une philosophie de la décentralisation qui redonne du pouvoir aux individus”, conclut-il.
Des freins persistants devront cependant être levés. Et l’expert de citer le manque latent de compétences, résultant d’un faible niveau d’acculturation dans les organisations, une expérience utilisateur (UX) perfectible et la réglementation – « qui rajoute des couches de complexité dans un domaine où on cherche le plus possible à introduire de la simplicité ».
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