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Les Russes détiendraient 12% des avoirs mondiaux en crypto-monnaies

Crédit : Pixabay

Tiraillé entre l’interdiction, prônée par la Banque de Russie, et la règlementation, souhaitée par Vladimir Poutine, le Kremlin estime que les citoyens russes possèdent l’équivalent de 214 milliards de dollars en crypto-monnaies.

 

Une bagatelle qui devrait ouvrir la voie à une réglementation davantage qu’à une interdiction formelle qui n’avait, de toute manière, pas les faveurs du Kremlin et de Vladimir Poutine.

Ainsi, comme le révèle Bloomberg, le gouvernement russe a évalué à 16 500 milliards de roubles, soit l’équivalent de 214 milliards de dollars, les avoirs en crypto-monnaies de ses concitoyens. Selon le média américain, ces chiffres sont le fruit d’une analyse poussée des adresses IP des utilisateurs de plateformes d’échanges de crypto-actifs les plus importantes du pays.

Une évaluation sans doute « sous-dimensionnée » dans la mesure où les autorités publiques russes ne prennent pas, par essence, en considération les transactions des investisseurs locaux ayant recours à des « subterfuges » pour rendre anonyme leurs échanges. Ce n’est pas la première fois qu’un tel travail est mené dans la mesure où l’agence de presse russe, Tass, avait évalué à « seulement » 5 000 milliards de roubles, le « trésor de guerre » des Russes en crypto-monnaies. Une somme bien en-deçà du calcul du Kremlin qui semble, comme susmentionné, lui aussi, en dessous de la réalité.

« Cette évaluation faite par le Kremlin qui équivaut à environ 12% de la valeur totale des avoirs mondiaux en crypto-monnaies – ou un tiers de la capitalisation boursière totale de l’indice boursier de référence russe – aide à expliquer pourquoi le gouvernement plaide pour une réglementation du secteur concerné plutôt que pour une interdiction pure et simple », souligne le média économique américain de référence.

En effet, ces dernières semaines, Vladimir Poutine et la banque centrale russe se sont livrés à un étrange ballet consistant à poser les jalons de l’interdiction, pour l’institution financière russe, et enjoindre cette dernière- du côté du Kremlin- à rester à sa place. « La Banque centrale ne fait pas obstacle aux avancées réglementaires et fait elle-même les efforts nécessaires pour introduire les nouvelles technologies dans ce domaine d’activité », avait déclaré le président de la fédération de Russie.

Une manière « courtoise » d’exhorter l’institution à se tourner vers des alternatives moins répressives. « La banque centrale a sa propre position », clôturera Poutine. Une manière policée de mettre fin au débat. Et cette « manne » devrait consolider son raisonnement et renvoyer la banque centrale à plancher sur une nouvelle copie.

Pour rappel, la banque centrale a émis l’éventualité de bannir l’extraction et l’utilisation des crypto-monnaies de son territoire, arguant que ces dernières représentaient « une menace pour la stabilité financière du pays ». Mais des considérations politiques pourraient également expliquer la position de la banque centrale. Le FSB (ex-KGB) estime notamment que les crypto-actifs sont de plus en plus utilisés par les Russes pour financer des « organisations indésirables et des agents de l’étranger ». Un vocable qui désigne notamment les ONG ou encore les médias d’opposition. Argument insuffisant, visiblement, aux yeux du Kremlin pour se priver d’un tel « trésor ».

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Samir Hamladji
Rédacteur et reporter - Journaliste pour plusieurs grands médias tels que LesEchos ou Challenges, Samir a été en charge de la rubrique Finance chez Forbes de 2016 à 2019. Il s'intéresse depuis plusieurs années à l'écosystème des crypto-monnaies et de la blockchain.