Pour le gouverneur de la banque centrale espagnole, la phase de préparation de l’euro numérique doit durer 2 ans. Elle ne signifie pas un lancement d’une CBDC, mais traduit l’ambition d’être prêt, si nécessaire.
Le patron de la Banque d’Espagne, Pablo Hernández de Cos, est revenu sur le chantier européen de monnaie numérique retail (MNBC ou CBDC) à l’occasion de la convention annuelle de l’Association des marchés financiers.
L’opportunité pour le gouverneur de revenir sur la genèse du projet, les caractéristiques voulues pour cette CBDC et ses atouts. Pour Pablo Hernández de Cos, l’enjeu est notamment celui de la souveraineté économique ou autonomie stratégique de l’Europe.
Une question d’autonomie stratégique pour l’Eurosystème
L’Eurosystème cherche depuis longtemps à développer des solutions européennes de paiement numérique dont la gouvernance n’est pas affectée par les décisions de pays tiers”, rappelle-t-il, avant de poursuivre.
« En effet, il semble essentiel de disposer d’instruments de paiement sous gouvernance européenne, alignés sur les intérêts de la région, afin de garantir que les paiements puissent être effectués dans l’ensemble de la zone euro en toutes circonstances ».
Une MNBC pourrait remplir ce rôle. Mais malgré cette forte ambition, son émission n’est toujours pas garantie ni perçue comme urgente. Et le gouverneur de la banque centrale le souligne à plusieurs reprises lors de son discours.
Deux ans de préparation et ensuite ?
L’Europe est récemment entrée dans une nouvelle phase de développement dite de préparation. Cette étape doit durer deux ans, dans un premier temps.
Elle doit jeter « les bases d’un éventuel euro numérique, en finalisant les travaux nécessaires pour être prêts à en développer un, si la décision est prise ».
Lors de ce cycle de préparation, les banquiers centraux prévoient, entre autres, de sélectionner les fournisseurs susceptibles de concevoir la plateforme de l’euro numérique. Une réutilisation de l’infrastructure de règlement existante a été étudiée, et finalement écartée.
Aucune décision n’a été prise à ce jour sur le type de technologie sous-jacente, indique le gouverneur espagnol. « Nous sommes ouverts à toute option », précise-t-il. Cette plateforme devra notamment garantir la confidentialité des données.
L’Eurosystème n’aura pas accès aux données des utilisateurs finaux, de sorte qu’il ne pourra pas voir les soldes en euros des clients ou les détails des transactions”, promet Pablo Hernández de Cos.
Le système européen déjà « très efficace »
Le volet de la protection de la vie privée sera en effet particulièrement scruté dans ce projet CBDC.
« Garantir ce niveau de confidentialité n’est pas une mince affaire », reconnaît toutefois le banquier. Cette garantie sera peut-être apportée par le cadre réglementaire sur lequel se penchent les instances européennes, dont son Parlement.
L’urgence n’est pas de rigueur néanmoins et l’Europe, comme ses États membres, peuvent continuer d’opérer sans monnaie numérique. Le système de paiement européen « est très efficace », considère Hernández de Cos.
Dans ces conditions, l’émission d’un euro numérique n’est pas naturellement perçue comme un besoin urgent. Mais cela ne doit pas nous empêcher de voir plus loin”, encourage le gouverneur.
« La rapidité de la numérisation, en général, et de la numérisation des paiements, en particulier, fait que nous ne devons pas sous-estimer le risque que, dans un avenir assez proche, nous soyons confrontés à un scénario qui ne ressemble guère à celui d’aujourd’hui », justifie-t-il.
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