L’exchange Bitstamp, après avoir vu le jour en Slovénie dès 2011 lui conférant un statut de précurseur, nourrit de grandes ambitions sur le Vieux continent et au-delà. Entretien avec son CEO Europe, Jean-Baptiste Graftieaux.
« Bitstamp en Slovénie est l’équivalent d’Apple aux Etats-Unis ». Une comparaison signée Jean-Baptiste Graftieaux qui préside aux destinées de l’entité Europe de cette plateforme de crypto-trading mise sur orbite, il y a 11 ans, aux confins des Alpes Juliennes. Une époque où Bitcoin et consorts ne sont encore que la chasse gardée d’un petit cercle d’initiés. Aujourd’hui solidement arrimée au « Top 20 mondial », Bitstamp a pourtant suivi le cheminement classique de la start-up, poussant la caricature jusqu’à voir le jour, sous l’impulsion de ses deux fondateurs Nejc Kodrič et Damijan Merlak dans un garage en Slovénie, petit havre de paix niché en Europe centrale. L’entité naissante est alors peaufinée comme une alternative à la plateforme dominante – et omnipotente- de l’époque, Mt Gox.
« A cette époque pour acheter du Bitcoin, il fallait envoyer de l’argent sur cette plateforme au Japon. Les deux fondateurs ont eu l’idée de dupliquer ce système en Europe pour pouvoir acheter de la crypto-monnaie. L’entreprise a été rentable dès le premier jour », confirme, auprès de Coins.fr, Jean-Baptiste Graftieaux qui a effectué deux passages chez Bitstamp entrecoupés d’expérience chez Paypal et Ebay. Un premier, dès les prémices, en 2014.
L’entreprise n’avait alors que huit salariés et mon travail consistait à obtenir la licence d’établissement de paiement car Bitstamp est une plateforme régulée », sourit le dirigeant avant de revenir, par la grande porte, l’an passé pour diriger l’entité européenne.
Et c’est peu dire que depuis son premier passage, Jean-Baptiste Graftieaux, a vu « les forces vives » de Bitstamp se décupler. Doux euphémisme. Comme susmentionné de 8 en 2014, la plateforme abrite aujourd’hui en son sein un contingent de 570 employés disséminés en Slovénie, au Luxembourg, à New York ou encore à Singapour. « Nous espérons même passer à 850 salariés d’ici la fin de l’année », précise le responsable.
Si le cœur du réacteur – et le gros des troupes- demeure en Slovénie, l’entreprise dispose, également, comme évoqué, d’un « pied-à-terre » au Luxembourg. Un choix qui ne doit rien au hasard. « En 2013-2014, nous avons fait le tour d’Europe pour être régulé. Le Royaume-Uni n’était pas véritablement prêt à cette période et le seul endroit où le rideau s’est ouvert fut le Luxembourg », relate Jean-Baptiste Graftieaux. Aujourd’hui Bitstamp est une plateforme bien installée dans le paysage grâce à une offre de services particulièrement novatrice et sélective.
Ainsi, Bitstamp ne propose « que » 77 actifs, ce qui peut paraître peu de prime abord. Mais il s’agit d’une volonté initiale de ses fondateurs, perpétrée depuis lors. « Certains de nos concurrents liste tout et n’importe quoi tant est si bien que parfois certains actifs obscurs ne trouvent pas preneur. Nous avons, dès lors, pris le parti de nous focaliser sur des actifs dotés d’un projet, d’un business plan, d’une équipe afin qu’il n’y ait aucun risque pour les consommateurs », explique le dirigeant qui envisage néanmoins de lister 150 actifs d’ici la fin de l’année.
Un positionnement gagnant qui fait aujourd’hui la joie des 5 millions d’utilisateurs recensés sur Bitstamp. « Sans oublier environ 2 000 clients institutionnels qui vendent eux même des crypto-monnaies à leurs clients, ce qui signifie que nous avons en réalité 20 millions d’utilisateurs », décrypte Jean-Baptiste Graftieaux, assurant au passage que Bitstamp réalise 1 milliard de dollars de volume de trading par jour.
Divers éléments qui enjoignent la plateforme à s’étendre sur d’autres territoires prometteurs en Europe et au-delà même si les contingences réglementaires ont tendance à freiner ce développement.
En Europe, la réglementation est complexe et fragmentée pour la crypto », regrette le dirigeant qui a néanmoins déjà noué des discussions avec l’Autorité de contrôle et de résolution (ACPR) et l’Autorité des marchés financiers (AMF) pour décrocher le précieux enregistrement de prestataire de services sur actifs numériques (PSAN).
Ce précieux sésame – néanmoins distribué avec parcimonie depuis 2020 – sous cette pluie d’acronymes permettrait à Bitstamp d’accélérer son développement commercial dans l’Hexagone. Un marché scruté attentivement par l’état-major de la plateforme. « Nous regardons, en effet, la France avec beaucoup d’intérêt. Néanmoins, la perception des banques, des assurances, du secteur financier en général à l’encontre de la crypto doit évoluer de manière positive. Il faut créer les conditions de la confiance ». Alors Bitstamp bientôt prête « à rouler » sur l’Hexagone ? « On se tient au courant », sourit son dirigeant.
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