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La Banque de France teste 3 modèles de CBDC interbancaire

Banque de France BdF
Crédit : Shutterstock

La banque centrale fait un second bilan de ses expérimentations sur la monnaie numérique de gros. Celles-ci lui ont permis de démontrer la faisabilité opérationnelle de trois modèles couvrant la tokenisation de la finance et l’amélioration des transactions transfrontières.

 

Tandis que la BCE planche sur une CBDC de détail, la Banque de France poursuit quant à elle ses expérimentations en matière de monnaie numérique de banque centrale de gros ou CBDC interbancaire. Ses travaux ont démarré en mars 2020 et comprennent à ce stade douze tests.

Le 21 juillet, la Banque de France a publié un second rapport. Le précédent remontait à 2021. La nouvelle édition constitue le bilan des première et deuxième tranches de son programme CBDC, ou MNBC en français.

Trois modèles d’émission de CBDC

L’objectif de ces expérimentations qui participent aux travaux exploratoires de l’Eurosystème :

Étudier comment les transactions financières de gros montant enregistrées sur des plateformes DLT pourraient être réglées en monnaie de banque centrale. »

La BdF a conceptualisé et mis en œuvre trois modèles, dont elle démontre « la faisabilité opérationnelle ». Pour l’émission d’une monnaie numérique directement sur DLT, les trois sont réalisables : le modèle d’interopérabilité, de distribution et d’intégration.

A chacun d’entre eux, « des capacités et des fonctionnalités différentes par rapport aux systèmes conventionnels ». En conséquence, la banque centrale considère que ces modèles « doivent être considérés comme complémentaires plutôt qu’exclusifs ».

Tokenisation de la finance et transactions transfrontières

Des tests, présentés dans ses conclusions, ont été menés ces derniers mois avec « différents types de DLT et pour un large éventail de cas d’usage ». Les applications possibles ont en commun de couvrir deux domaines stratégiques majeurs que sont la tokenisation de la finance et l’amélioration des transactions transfrontières.

Dans une synthèse de ses expérimentations, la BdF tire différents enseignements, à la fois stratégiques et techniques. Elle souligne par exemple la complémentarité entre MNBC de gros et de détail.

Les chantiers réalisés démontrent en outre l’importance qui doit être accordée à l’interopérabilité. Celle-ci « devrait être une priorité pour assurer un échange de données et des transactions efficaces entre les infrastructures conventionnelles et celles fondées sur la DLT ».

Des banques centrales neutres technologiquement

Sur un plan technique, la BdF se déclare sereine quant à la capacité des banques centrales à « garder le contrôle » sur une CBDC de gros grâce aux avancées technologiques liées à la DLT.

Elle préconise en outre la neutralité technologique des institutions, combinée à un rôle de soutien actif « à l’adoption de normes communes à l’échelle internationale ».

La BdF considère aussi que la blockchain « pourrait améliorer le traitement automatisé des activités de marché et post-marché et contribuer à la stabilité financière globale ». Elle défend de plus la valeur d’une « forme tokenisée de monnaie de banque centrale » pour les paiements transfrontières.

DL3S et DeFi au menu des expérimentations

L’institution française indique avoir mené des tests de sa propre DLT – DL3S (Distributed Ledger for Securities Settlement System) – et des outils de la finance décentralisée ou DeFi dans le cadre du projet international Mariana.

L’objectif, en collaboration avec la BRI et ses homologues de Singapour et de Suisse, était de tester l’utilisation d’un teneur de marché automatisé (AMM) dans le but d’optimiser la liquidité des MNBC de gros par le biais d’un pool géré sur une plateforme DLT partagée.

La Banque de France se prépare à présent aux prochaines étapes, à savoir « soutenir les travaux exploratoires de l’Eurosystème et explorer les limites des paiements transfrontières ».

Ce n’est que le début du voyage ; nous envisageons que de multiples DLT faisant circuler des MNBC de gros puissent coexister à l’échelle mondiale », déclare Emmanuelle Assouan, Directrice Générale de la Stabilité financière et des Opérations.

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Christophe Auffray
Cofondateur et rédacteur en chef adjoint - Journaliste spécialiste de la transformation numérique depuis 2005, Christophe a notamment été rédacteur en chef adjoint chez ZDNet. Il suit de près l’actualité autour des actifs numériques et la décrypte au quotidien. Contact : christophe@coins.fr