BanqueFintechInstitutionnelNewsStablecoin

La BCE refuse l’immobilisme face aux stablecoins des fintechs

Crédit : Shutterstock

La phase d’enquête de la BCE sur l’euro numérique entre dans sa dernière ligne droite, fait savoir Fabio Panetta. Quelle que soit la suite donnée, l’immobilisme ne peut être une option face à la concurrence des acteurs privés et de leurs stablecoins.

 

Les banques centrales des principales économies mondiales ont-elles un intérêt à court terme à se doter d’une MNBC, une monnaie numérique ? Pour la Banque royale du Canada, rien n’est moins sûr.

Fabio Panetta, membre du directoire de la BCE, la Banque centrale européenne, semble pourtant réfuter cette analyse dans son discours devant la Commission des affaires économiques et monétaires du Parlement européen.

Un long chemin, mais une réaction inévitable

Le cadre de la BCE a dressé un état des lieux des travaux autour de l’euro numérique. Le chemin à parcourir est encore long, déclare Fabio Panetta. En outre, « une coopération étroite entre les institutions européennes sera nécessaire pour déterminer la conception optimale d’un euro numérique ».

Ce projet s’apprête à entrer dans une nouvelle phase », poursuit-il. En effet, la BCE est désormais en passe de finaliser l’étape d’étude. Les conclusions de ces mois de travail seront publiées en octobre.

Le Conseil des gouverneurs décidera s’il convient de passer à la phase suivante du projet. Panetta prévient toutefois que la suite donnée ne se traduira pas encore par la décision d’émettre ou non un euro numérique.

Pas de décision d’émission d’une CBDC en 2023

Ce choix n’interviendra qu’après la phase législative, indique le représentant de la BCE. L’étape à venir consistera pour les banques centrales de l’UE à poursuivre l’analyse des fonctionnalités de la CBDC.

Elles auront aussi pour tâches de finir de « développer et tester des solutions techniques et des accords commerciaux afin d’être prêtes à commencer à émettre un euro numérique, si et quand cela sera justifié ».

Officiellement, rien n’est donc tranché. Pour Fabio Panetta, l’absence d’initiative paraît pourtant devoir être exclue. « Notre réponse à la révolution technologique des paiements ne peut être l’immobilisme », affirme-t-il.

La menace des géants du numérique toujours d’actualité

La riposte CBDC était née du projet Libra de Facebook. Si celui-ci a disparu, le contexte, lui, n’est pas totalement remis en cause. L’émission en août par PayPal de son propre stablecoin en serait une illustration.

En l’absence d’un euro numérique, l’émergence d’acteurs privés potentiellement dominants sur le marché des paiements numériques pourrait avoir une forte incidence sur le secteur financier », considère le cadre de la BCE.

« C’est une vraie possibilité », insiste-t-il. Or, ces géants privés ne partagent pas les mêmes préoccupations que les institutions monétaires, selon Panetta, notamment en termes d’interopérabilité. Et gare à l’émergence d’un monopole comme cela est le cas dans certains domaines technologiques.

Car « Si l’entrée sur le marché […] peut, dans un premier temps, favoriser l’innovation, la concurrence pourrait être fortement entravée s’ils parviennent à une situation de monopole, comme nous l’avons vu dans d’autres secteurs numériques. », met en garde Fabio Panetta.

  Pour suivre facilement l’actu Crypto et Web3, retrouvez Coins.fr sur Twitter, Linkedin, Google News, Facebook et Telegram

Christophe Auffray
Cofondateur et rédacteur en chef adjoint - Journaliste spécialiste de la transformation numérique depuis 2005, Christophe a notamment été rédacteur en chef adjoint chez ZDNet. Il suit de près l’actualité autour des actifs numériques et la décrypte au quotidien. Contact : christophe@coins.fr