Mystérieusement disparu en 2018 en Inde emportant avec lui l’équivalent de 200M$, Gerald Cotten, cofondateur de l’exchange canadien Quadriga CX, est l’objet d’un documentaire réalisé par Netflix intitulé « Crypto-parano : Enquête aux frontières du virtuel ».
Les intrigues relatives aux arnaques de toutes sortes ont visiblement le vent en poupe sur Netflix en ce début 2022. Après avoir orchestré avec une certaine maestria le documentaire « l’arnaqueur de Tinder » ou mis sur orbite la série « Inventing Anna », mettant en scène une fausse héritière allemande, ayant dupé toute la haute société new yorkaise, Netflix s’intéresse à l’écosystème crypto. Terreau -malheureusement- tout aussi fertile à l’élaboration de fraudes. Au panthéon de celles-ci, l’affaire Gérald Cotten, du nom du cofondateur de la première crypto-bourse canadienne, QuadrigaCX.
Âgé d’à peine 30 ans et ayant pour ainsi dire la vie devant lui, Gerald Cotten est mort en 2018, dans des circonstances troubles lors de sa lune de miel, en Inde. Si des théories plus ou moins fantaisistes pour ne pas dire fumeuse font état d’une mise en scène de son décès, toujours est-il qu’il a emporté dans la tombe (ou ailleurs) les « clés privées » – l’équivalent du mot de passe – donnant accès à environ 200 millions de dollars de crypto-actifs appartenant aux clients de la plateforme QuadrigaCX. Celle-ci fondée en 2013 par « Gerry » et son comparse Michael Patryn – récemment rattrapé par la patrouille en ayant tenté de revenir sur le devant de la scène crypto via le protocole DeFi Wonderland – a, petit à petit, assis sa réputation au point de devenir la crypto-bourse la plus importante du pays.
Élément ayant son importance, Cotten dirigeait son entreprise depuis son ordinateur portable, sans bureau fixe. Bon gré mal gré, QuadrigaCX a donc connu un développement éclair facilité par la hausse fulgurante de Bitcoin en 2017, la reine des crypto-monnaies passant alors de 1 000 à 20 000 dollars. QuadrigaCX a vu son contingent de clients gonfler à 350 000 avec un volume d’échanges dépassant le milliard de dollars d’actifs.
Mais après moult tentatives avortées de levées de fonds et autres cotations en bourse ratées en 2016, la plateforme a subi de plein fouet le krach de Bitcoin de 2018. Période à laquelle Gerry s’est littéralement volatilisé, laissant ses clients dans le plus grand désarroi. Pourtant, ce dernier a toujours inspiré la confiance de son entourage. « Il semblait toujours sourire, c’était un sourire doux et imperturbable. Cela mettait tous ceux qui le rencontraient particulièrement à l’aise », relate Vanity Fair, dans un portrait fleuve consacré à celui que Netflix baptise dans l’intitulé de son documentaire « le roi de la crypto ».
Un « parangon de confiance » pourtant écorné en 2019, date à laquelle le cabinet d’audit EY a détaillé par le menu comme Cotten avait transféré des millions de dollars en crypto hors des comptes de ses clients vers d’autres exchanges. Une manne qui aurait essentiellement servi à financer son train de vie somptuaire et ses activités personnelles de trading.
Quand le jeune fondateur d’une plateforme d’échange de cryptomonnaies au bord de la faillite meurt subitement, des investisseurs en colère s’interrogent sur son décès, »
Ce documentaire inspiré de crimes réels se veut donc un véritable condensé, sans fioritures, de cette affaire tentaculaire comme en atteste le format privilégié par Netflix pour raconter cette histoire. Et ainsi embarquer « le plus grand nombre », pas uniquement les férus de cryptos-actifs dans son récit. Alors que beaucoup d’intrigues sont usées jusqu’à la corde avec des dizaine d’épisodes insipides, perdant le sel de celles-ci, les producteurs de « Trust no one: the hunt for the crypto king » – le titre original – ont eu la bonne idée de « faire tenir » leur récit dans un format de 90 minutes. Proposant ainsi la substantifique moelle de cette affaire qui défraie la chronique depuis 2018. Un documentaire qui devrait assurément permettre la mise en exergue de nouvelles théories de la part des « experts » et autres « exégètes du dossier » sur les réseaux sociaux.
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