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L’interdiction complète de la crypto : une fausse bonne idée pour le FMI

Crédit : Shutterstock

La crypto présente trop de risques pour les États d’Amérique du Sud et leur économie, juge le FMI, qui préconise une régulation et le développement d’une monnaie numérique de banque centrale.

 

Le Fonds monétaire international ne fait pas mystère de ses critiques à l’égard des cryptomonnaies, et plus largement des monnaies numériques privées. Néanmoins, l’Amérique latine et sa population ne sont pas pleinement réceptives à son discours.

Dans un article, le FMI constate que quatre pays de la région – le Brésil, l’Argentine, la Colombie et l’Équateur – se classaient en 2022 parmi les 20 premiers en termes d’adoption mondiale des crypto-actifs.

Une région porteuse pour la crypto

Ils recherchent les avantages que les actifs numériques prétendent offrir, notamment la protection contre les conditions macroéconomiques nationales incertaines, le contournement des contrôles de capitaux, l’amélioration de l’inclusion financière pour les populations non bancarisées », expliquent les auteurs.

A ces atouts – mis en doute –, le FMI ajoute « de nombreux défis et risques ». La vulnérabilité économique des pays de la région exacerberait les risques liés à la corruption, à la substitution monétaire et à la stabilité financière.

Pour le Fonds monétaire, l’atténuation de ces risques passe par la mise en place d’un cadre réglementaire. Ce processus est d’ailleurs largement en marche, observe-t-il.

Douze des dix-neuf juridictions de la région interrogées dans le cadre de notre étude à la mi-2022 disposent déjà d’un cadre réglementaire spécial ou sont en train d’en créer un. »

Réguler et développer la CBDC pour répondre à la demande

Les politiques gouvernementales à l’égard des crypto-actifs sont cependant très hétérogènes en Amérique latine. Le Salvador a légalisé Bitcoin, tandis que l’Argentine et la République dominicaine les ont interdits – sous la pression du FMI notamment.

Le Fonds doit bien reconnaître l’intérêt à l’égard des monnaies numériques. Sa préférence va cependant clairement à sa déclinaison de banque centrale, la CBDC. Plusieurs États de la région ont engagé des développements de MNBC.

Cette monnaie numérique émise par l’État présente des atouts supérieurs aux cryptomonnaies, juge le FMI. « La plupart des participants à l’enquête considèrent les CBDC comme un moyen d’améliorer leurs systèmes de paiement et d’en élargir l’accès ».

Ils ont considéré l’inclusion financière et la souveraineté monétaire comme des facteurs cruciaux en faveur de l’émission de CBDC de détail en facilitant l’intégration des personnes non bancarisées et en freinant la substitution de la monnaie vers les stablecoins ou les crypto-actifs », soutient le FMI.

Le FMI partenaire des Etats dans l’adoption de la monnaie numérique

Afin d’aider les pays d’Amérique latine à prendre le virage de la CBDC et réduire leur exposition à la crypto, le FMI met à leur disposition « des orientations sur les éléments clés d’une réponse politique appropriée pour atténuer les risques tout en exploitant les avantages potentiels de l’innovation technologique associée aux crypto-actifs ».

Et l’interdiction complète de la crypto n’est ainsi pas nécessairement la meilleure orientation, prévient le FMI. Cette approche pourrait ne pas être efficace à long terme, prévient-il. « La région devrait plutôt se concentrer sur les moteurs de la demande de crypto-actifs ».

Une politique efficace consisterait donc à répondre aux besoins traités par les crypto-monnaies, mais par le biais d’une CBDC.

Bien conçues, les CBDC peuvent renforcer la facilité d’utilisation, la résilience et l’efficacité des systèmes de paiement et accroître l’inclusion financière dans la région », promeut le FMI.

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Christophe Auffray
Cofondateur et rédacteur en chef adjoint - Journaliste spécialiste de la transformation numérique depuis 2005, Christophe a notamment été rédacteur en chef adjoint chez ZDNet. Il suit de près l’actualité autour des actifs numériques et la décrypte au quotidien. Contact : christophe@coins.fr