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Le système est cassé et il est indispensable d’adopter un nouveau paradigme, défend le cofondateur d’Ethereum et CEO de ConsenSys. La solution : la décentralisation, seule à même de garantir enfin des pouvoirs aux utilisateurs.
Le marché des crypto-actifs a peut-être été ébranlé, la dévotion à l’égard de Joseph Lubin, le patron de ConsenSys et l’un des créateurs d’Ethereum, reste, elle, intacte. L’accueil reçu à l’occasion de sa keynote lors du PBW 2023 mercredi à Paris en témoigne.
A ses fidèles, et aux autres, les agnostiques, Lubin a livré, les yeux rivés à son écran d’ordinateur, un discours d’une vingtaine de minutes aux accents parfois mystiques, voire religieux. S’y sont côtoyés des dieux, les utilisateurs des applications Web3, des bâtisseurs et des supers-héros.
René Descartes, plutôt DeFi ou CeFi ?
Joseph Lubin a surtout fait l’apologie d’un nouveau paradigme, forcément décentralisé, et appelé de ses vœux la mort de l’ancien. En vérité, celui-ci a déjà rendu l’âme. Et le cofondateur d’Ethereum de convoquer Descartes, qui aurait tout aujourd’hui d’un « ingénieur en protocole », pour appuyer son discours.
Le philosophe invitait les individus à rechercher la vérité par eux-mêmes plutôt qu’en se reposant sur la tradition ou des autorités. Un même cheminement vers une vérité partagée est à présent possible grâce aux réseaux décentralisés.
Joseph Lubin x Descartes – PBW 2023 – © Coins.fr
Et ce parcours est d’autant plus nécessaire aujourd’hui que notre environnement traverse de profondes difficultés et se heurte à des défis : « crise climatique, inégalités économiques, tensions géopolitiques, et perte quasi totale de confiance dans nos institutions », cite le PDG de ConsenSys.
En réaction, il propose donc de libérer la créativité et l’innovation. Et cela passera par redonner du pouvoir aux « builders », plus que les développeurs, chercheurs ou entrepreneurs de l’industrie crypto.
Je construis donc je suis », lance Lubin, en référence au célèbre « Je pense donc je suis » de Descartes.
Tous bâtisseurs donc, affirme le dirigeant. « Le monde est brisé », poursuit-il. Le système actuel est insoutenable. le système financier mondial est en train de s’effondrer ». Les déficits et l’endettement publics se creusent, assène le prophète de l’apocalypse.
Satoshi Nakamoto père du Bitcoin et de la confiance décentralisée
« Voulons-nous d’un gouvernement qui paie ses dettes pour continuer d’emprunter ou préférons-nous une monnaie conservant sa valeur ? » interroge-t-il. Les bâtisseurs ou plus de hasard pour y remédier ?
Une autre voie est possible donc, promeut Lubin. Celle-ci a commencé à émerger en 2009 avec l’apparition de la blockchain et du Bitcoin.
Satoshi a inventé une forme fondamentalement nouvelle de confiance. Une confiance décentralisée », argue Joseph Lubin.
Ce modèle rend possible une nouvelle forme de finance. En outre, juge-t-il encore, il donne aux utilisateurs et communautés plus de pouvoirs. La décentralisation rompt avec les fondations existantes et des décisions top-down.
La remise en cause ne réside pas seulement du côté des institutions, mais aussi des entreprises, notamment celles du Web. Le business model dominant a consisté en une relation d’adversité avec les consommateurs, soit « extraire le plus de valeur possible, tout en donnant le moins possible en retour ».
Le Web3 introduit un changement de paradigme, avance le CEO, notamment en faisant disparaître les intermédiaires. Les errements de la CeFi en 2022 pourraient cependant nourrir le discours des détracteurs de la crypto.
Les infrastructures Web3 sont prêtes pour les killer apps
Les condamnations de la crypto soulignent en vérité combien sont importants la décentralisation et le self-custody », rétorque Joseph Lubin.
Ainsi, malgré les scandales, les technologies crypto conservent toute leur robustesse.
Le « changement tectonique » engagé « est inévitable et nécessaire car la fin de l’ancien régime est proche ». Et si cette phase de transition se traduira par des difficultés, « les alternatives sont pires ». Les infrastructures sont déjà prêtes pour construire ce nouveau système, justifie-t-il.
Les composants et l’infrastructure nécessaires au Web3 sont désormais prêts à supporter les killers apps », annonce Lubin.
Cette transformation touchera tous les secteurs, dont les réseaux sociaux, donnant aux internautes « le plein contrôle de leurs profils et de leur graph social ».
Si le futur est aujourd’hui assombri par les crises, politiques et climatiques, le cofondateur d’Ethereum veut lui croire à un avenir technologique où tous les utilisateurs « sont des super-héros et des dieux ».
Joseph Lubin referme son ordinateur sur des promesses (métaphoriques ?) de divinité et de super-pouvoirs avant de quitter la scène de la salle de conférence principale du Blockchain Summit. Amen.
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