Le Libra de Facebook en 2019 avait déclenché une levée de boucliers des régulateurs. Trois ans plus tard, PayPal et son stablecoin PYUSD pourraient bien profiter de la maturité des autorités et de la régulation.
Facebook – devenu depuis Meta – avait de grandes ambitions, avant le metaverse et l’intelligence artificielle générative. Il s’agissait de la monnaie numérique avec Libra – qui changera ensuite de nom pour devenir Diem.
Les autorités se sont toutefois coalisées en 2019 pour faire barrage à ce projet, auquel le géant des réseaux sociaux finissait par renoncer. En 2023, PayPal semble marcher dans les pas de Facebook avec PayPal USD, un stablecoin dollar.
Le monde a radicalement changé depuis Libra
Cependant, la fintech ne fait pas l’objet d’un feu nourri de critiques et pourrait ainsi réussir là où le Gafam a échoué. C’est ce que suggèrent auprès de Reuters des observateurs et experts de la crypto, des stablecoins et de la régulation.
Et c’est Facebook qui aurait ainsi contribué à faciliter le travail de PayPal. Depuis 2019 et Libra, les législateurs sont largement montés en compétences sur le sujet des stablecoins. Ils y ont été, d’une certaine manière, contraint par la firme de Mark Zuckerberg.
« La volonté de créer une réglementation fédérale sur les stablecoins a également contribué à renforcer leur légitimité aux yeux des législateurs », avance en outre l’agence de presse. Une hypothèse étayée par un ex de la CFTC américaine.
Le monde a radicalement changé depuis le projet Libra de Facebook. Les stablecoins n’étaient pas du tout connus », commente Christopher Giancarlo, ancien président de la Commodity Futures Trading Commission des États-Unis.
Un intense lobbying du secteur crypto
Arrivé trop tôt, le géant du Web2 aurait préparé le terrain, malgré lui. Mais les écarts de conduite de Facebook en matière de gestion des données personnelles et les interférences de la Russie dans les élections ont aussi joué contre lui.
Depuis lors, l’administration, le Congrès et la Réserve fédérale ont eu le temps de s’intéresser aux stablecoins et à leur réglementation, et le secteur a mené des actions de relations publiques très poussées, y compris un important travail de lobbying », poursuit Giancarlo
PayPal arrive sur un marché crypto plus mature. Et la firme technologique est elle-même montée en compétences dans ce secteur, tout en préservant ses relations avec les régulateurs. Les 1,13 million de dollars consacrés au lobbying fédéral en 2022 ont pu y contribuer.
PayPal ne s’immisce pas du côté des banques
Résultat, « d’un point de vue politique, il y a une différence énorme entre le Libra de Facebook et le stablecoin de PayPal », juge Isaac Boltansky, directeur de la recherche réglementaire pour la société de courtage BTIG.
Il existe toujours un mur entre la banque et le commerce, et le fait de savoir que PayPal se situe très clairement d’un côté de ce mur devrait rassurer les législateurs », ajoute le juriste.
PayPal n’échappe pas à toute inquiétude néanmoins. Le lancement de PYUSD a fait réagir au sein de The House Financial Services Committee.
Je suis profondément préoccupé par le fait que PayPal ait choisi de lancer son propre stablecoin alors qu’il n’existe toujours pas de cadre fédéral pour la réglementation, la surveillance et l’application de ces actifs », réagit Maxine Waters.
Pour la responsable démocrate de la Commission, le jeton constitue un danger en l’absence de cadre réglementaire approprié pour les stablecoins. Mais la réaction de Washington a surtout été discrète, constate Reuters.
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