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Tokenisation : révolution en marche ou simple air de déjà-vu ?

McKinsey & Company

La tokenisation avait manqué son adoption réussie 6 ans plus tôt, estime McKinsey. Son retour en grâce pourrait cette fois connaître une autre issue du fait de fondamentaux plus solides et de changements structurels.

 

Le succès n’est pas toujours là au premier essai. C’est ce que rappelle le cabinet McKinsey dans une analyse consacrée à la tokenisation. L’intérêt pour ce sujet avait émergé des années auparavant. Et si son adoption semblait acquise, elle ne s’était finalement pas concrétisée.

Serait-ce désormais la bonne pour la tokenisation ? Les conditions ont en tout cas changé, souligne McKinsey, malgré une impression de déjà-vu. Pourtant, les 12 derniers mois ont été « hautement tumultueux » pour l’industrie des actifs numériques et les acteurs du Web3. Les projets ne sont cependant pas à l’arrêt, note le cabinet américain.

Des projets malgré le tumulte de la crypto

Dans les services financiers, l’accent est mis sur la réémergence d’un discours ‘blockchain, pas crypto’. Les banques, les gestionnaires d’actifs et d’autres institutions sont intrigués par le potentiel technologique de la tokenisation. »

Le CEO de JPMorgan a ainsi par exemple toujours insisté sur les atouts de la blockchain et mis en doute l’intérêt du Bitcoin. Du côté du géant de la gestion d’actifs, BlackRock, on ne manque pas de relever le potentiel considérable de la tokenisation.

Pour les analystes de McKinsey, en effet, les fondamentaux sont plus solides et des changements structurels ont émergé depuis le premier épisode non concrétisé de la tokenisation. 4000 à 5000 milliards de dollars de titres numériques tokenisés pourraient être émis d’ici 2030, suggèrent des observateurs.

« Bien que ces chiffres ne soient, bien sûr, que des projections, des exemples en production à l’échelle émergent », commente McKinsey. Un illustration avec la fintech américaine Broadridge, qui « facilite aujourd’hui des accords de rachat tokenisés d’une valeur de plus de 1 000 milliards de dollars par mois sur sa plateforme Distributed Ledger Repo ».

Des bénéfices encore souvent théoriques

Pour autant, « ces déclarations et ces projets donnent à de nombreux vétérans des actifs numériques une nette impression de déjà-vu », signalent les auteurs. Et de rappeler que la première tokenisation remonte à 2017. Est-ce la bonne cette fois-ci ? Pas de précipitation.

Les défis demeurent, mais l’intérêt croissant des institutions et les fondamentaux commerciaux plus solides dans certaines classes d’actifs offrent la possibilité d’un résultat différent cette fois-ci, en particulier pour les acteurs qui suivent une approche bien structurée », considère McKinsey.

La tokenisation présente des bénéfices pour différentes parties prenantes, notamment en termes de démocratisation de l’accès à certains actifs ou d’amélioration des coûts opérationnels.

Des freins, mais un point d’inflexion qui se dessine

Toutefois, « certains de ces avantages restent théoriques par nature étant donné le manque d’échelle des actifs tokenisés et des cas d’utilisation ».

De fait, « peu d’actifs ont été tokenisés à ce jour », avec une « exception notable » qu’est le cash, tokenisé au travers de stablecoins adossés à des réserves et des dépôts bancaires tokenisés.

Différents obstacles, de natures diverses, ont en revanche limité l’adoption de la tokenisation dans d’autres domaines.

« L’adoption de la tokenisation est freinée par les limites de l’infrastructure disponible », cite notamment McKinsey. Des cas d’usage à court terme limités et des coûts élevés de la mise en œuvre sont d’autres freins.

Malgré les difficultés, la tokenisation pourrait avoir atteint un point d’inflexion pour certains cas d’utilisation et classes d’actifs. Les tendances observées au cours des derniers mois sont compatibles avec une possible accélération de l’adoption », concluent néanmoins les auteurs.

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Christophe Auffray
Cofondateur et rédacteur en chef adjoint - Journaliste spécialiste de la transformation numérique depuis 2005, Christophe a notamment été rédacteur en chef adjoint chez ZDNet. Il suit de près l’actualité autour des actifs numériques et la décrypte au quotidien. Contact : christophe@coins.fr