Malgré un « hiver des cryptos » et une trajectoire de « non-pertinence » de certains jetons, dont Bitcoin, François Villeroy de Galhau appelle à un renforcement de la surveillance. Et cet effort doit être partagé outre-Atlantique, défend le gouverneur de la Banque de France.
Fin septembre, la Banque de France organisait au Musée du Louvre une grande conférence. Intitulée « Opportunités et défis de la tokenisation de la finance : quel rôle pour les banques centrales ? », elle réunissait plusieurs banquiers centraux.
Ce rendez-vous soulignait une nouvelle fois la position des banques centrales européennes, dont la BCE, à l’égard des cryptomonnaies. La Fed, Jerome Powell, se montrait moins catégorique vis-à-vis des monnaies privées. Le discours du gouverneur de la BdF lors de la conférence de l’ACRP est un nouveau rappel de ces divergences.
Trois risques non bancaires, dont la crypto
Le 5 décembre, François Villeroy de Galhau est revenu au Palais Brongniart sur la solidité du système financier français dans « la nouvelle donne économique ». L’essentiel de son discours a été consacré à l’inflation, à la hausse des taux, à la volatilité des marchés et au retour des incertitudes.
Mais le gouverneur de la banque centrale a aussi abordé, comme la présidente de l’AMF en novembre, l’affaire FTX et ses enseignements. Il identifie donc trois risques non bancaires, parmi lesquels les cryptos.
Le banquier prend acte « des épisodes successifs d’effondrements, dont FTX est le dernier ». Depuis près d’un an, poursuit-il, ces épisodes se répètent. La conclusion est évidente selon lui . Ces crises appellent « de manière criante le renforcement de la surveillance ».
Or, suggère François Villeroy de Galhau, le déclin ‘possible‘ de la pertinence de certaines cryptomonnaies pourrait encourager à l’inaction. Le gouverneur de la BdF fait en particulier référence au dernier billet de dirigeants de la BCE, particulièrement sévère à l’encontre de Bitcoin.
Le baroud d’honneur de Bitcoin
Selon Ulrich Bindseil et Jürgen Schaaf, Bitcoin mène sa « dernière bataille ». Pour eux, le premier des crypto-actifs a échoué sur toute la ligne. Ainsi, BTC est « rarement utilisé pour des transactions légales. »
Spéculatif, polluant, tiré et même manipulé par de grands investisseurs, jouet de lobbyistes crypto américains de plus en plus nombreux et actifs, Bitcoin n’aurait rien pour lui, considèrent les représentants de la BCE.
Étant donné que le bitcoin ne semble convenir ni comme système de paiement ni comme forme d’investissement, il ne devrait être traité comme tel en termes réglementaires et ne devrait donc pas être légitimé, tranchent-ils.
La finance traditionnelle encouragée à se détourner du BTC
Pire, la promotion du Bitcoin expose les banques et autres institutions financières à un risque de réputation. Celles-ci sont largement encouragées à se détourner du BTC.
Le secteur financier devrait se méfier des dommages à long terme de la promotion des investissements en bitcoins – malgré les profits à court terme qu’il pourrait réaliser », prévient la BCE.
Dans son discours, le gouverneur de la Banque de France semble donc épouser cette analyse. Toutefois, et même si « certaines cryptos sont sans doute en route vers la non-pertinence », cette situation ne constitue pas « une raison pour relâcher l’impératif de régulation ».
D’ailleurs, poursuit-il, la « France et l’Europe ont joué un rôle précurseur en ce domaine ». François Villeroy de Galhau encourage à présent législateurs, régulateurs et banquiers centraux américains à adopter une ligne similaire à l’égard de la crypto.
Il est maintenant essentiel que cet effort soit pleinement partagé notamment outre-Atlantique, exhorte-t-il.
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