Après un article qualifiant Bitcoin d’obsolète, la BCE récidive à l’encontre des crypto-monnaies au travers du discours de Fabio Panetta, membre du directoire de la BCE.
Les banques centrales européennes sont à l’offensive. Les faillites de 2022 et la chute des cours des crypto-monnaies semblent justifier une nouvelle salve de critiques et d’appels à la régulation de la part des institutions monétaires.
Le 30 novembre, deux cadres de la BCE publiaient un billet assassin à l’égard de Bitcoin, voué pour eux à l’échec. Spéculatif, polluant, bénéfiques à quelques grands investisseurs seulement, Bitcoin cumulerait les défauts.
Les dérives du far west mises en évidence
Et ce n’est pas Fabio Panetta qui démentira. Le membre du directoire de la Banque centrale européenne s’exprimait le 7 décembre lors de l’Insight Summit organisé à la London Business School.
L’intitulé de son discours suffit à en résumer la teneur : « Dominos crypto : l’éclatement des bulles crypto et destin de la finance numérique ». Ce n’est cependant pas une inflexion de sa part, comme il l’indique lui-même.
En avril, Panetta comparait déjà la finance crypto « au Far West » et mettait en garde « contre les risques découlant de l’exubérance irrationnelle des investisseurs, des externalités négatives et de l’absence de réglementation ».
Les failles de gouvernance illustrées par UST et FTX
Les derniers évènements, comme l’effondrement de TerraUSD et de FTX, confirmeraient donc ses avertissements.
Il ne s’agit pas seulement d’une bulle qui éclate. C’est comme l’écume : de multiples bulles éclatent les unes après les autres », déclare le représentant de la BCE.
Et la peur s’empare à présent des investisseurs, auparavant inquiets de ne pas bénéficier des atouts financiers (et surtout spéculatif) de la crypto. Panetta retient plusieurs enseignements des crises de 2022.
Il insiste notamment sur « les pratiques commerciales et de gouvernance incroyablement mauvaises en vigueur dans un certain nombre de sociétés crypto ». Ces défaillances ne peuvent être niées et sont reconnues dans le secteur.
Crypto ou « foi religieuse en un algorithme »
Le cadre de la banque centrale épingle également « certains investisseurs » pour leur « manière imprudente » d’investir « aveuglément sans faire preuve de la diligence requise ». Il va jusqu’à faire un parallèle avec la crise des subprimes, qui concerne cette fois la finance traditionnelle.
Le krach a mis au jour les interconnexions et les structures opaques au sein du château de cartes de la crypto », juge Fabio Panetta, pour qui la finance ne peut se transformer numériquement sans confiance.
« La confiance ne peut être remplacée par une foi religieuse en un algorithme. Elle requiert de la transparence, des garanties réglementaires et un contrôle », réagit-il. Le membre de la BCE ne pronostique pas cependant la fin de la finance crypto.
La régulation ne suffira pas à protéger
Selon lui, sa survie, l’industrie la doit uniquement au goût d’investisseurs pour le jeu.
Les individus aiment parier. Sur les courses de chevaux, les matchs de football et bien d’autres événements. Et certains investisseurs continueront à parier en prenant des positions spéculatives sur les crypto-actifs. »
Ce constat vaut-il pas toutefois aussi pour la TradFi et ses produits financiers ? Néanmoins, en ce qui concerne la finance crypto, Panetta estime que l’enjeu consiste aujourd’hui « à protéger les investisseurs inexpérimentés et à préserver la stabilité du système financier ».
Et cela passe par l’encadrement des crypto-actifs par une réglementation et une fiscalité adéquates.
Mais même la réglementation ne suffira pas à combler les lacunes des cryptos », prévient-il.
La CBDC seule option pour la finance numérique
Ainsi, la BCE défend une modernisation de la finance et sa digitalisation grâce à « des bases solides » au service d’un écosystème dépassant largement la crypto. Cette robustesse passe par « un actif de règlement numérique sans risque et fiable ».
Pour une institution monétaire, un tel actif ne peut être qu’une monnaie numérique de banque centrale, plus communément appelée CBDC.
C’est pourquoi la BCE travaille sur un euro numérique tout en envisageant de nouvelles technologies pour l’avenir du règlement de gros en monnaie de banque centrale. »
C’est donc une alternative radicalement différentes des cryptomonnaies qui est ici défendue. Selon Panetta, la crypto repose sur la philosophie selon laquelle, « il est possible de construire un système financier sans confiance mais stable, basé sur la technologie ».
Ce n’est qu’une illusion […] C’est précisément l’absence de réglementation et de contrôle public qui a aveuglé les investisseurs sur les risques encourus, entraînant l’essor puis la chute des crypto-actifs », conclut-il.
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