Une étude de CFA Institute menée auprès des acteurs de la finance mondiale souligne le faible engouement à l’égard de la monnaie numérique de banque centrale. Le scepticisme est plus affirmé dans les pays développés.
La Banque des règlements internationaux (BRI) estime que la majorité des banquiers centraux sont aujourd’hui engagés dans « une certaine forme de travail » autour des monnaies numériques de banque centrale.
Ainsi, plus de 90% d’entre eux mènent des expériences concrètes ou travaillent sur un pilote. Si les acteurs publics de la finance semblent enthousiastes à l’égard des CBDC, c’est moins vrai du côté des opérateurs privés.
Un sentiment général de scepticisme
C’est ce que suggèrent les résultats d’une enquête du CFA Institute, une association mondiale de banquiers, investisseurs et directeurs financiers. Parmi les 4150 répondants, seuls 42% se déclarent favorables au lancement de monnaie numérique.
Pour Olivier Fines du CFA Institute, interrogé par Reuters, ce bilan mitigé s’explique en grande partie par un manque d’information concernant cet outil monétaire. Un paradoxe presque.
Même pour une cohorte sophistiquée et financièrement compétente comme nos membres, il y a très peu de compréhension de ce que sont les CBDC », commente ainsi Olivier Fines.
Résultat, les monnaies numériques suscitent « un sentiment général de scepticisme » parmi les professionnels de l’industrie financière. Les répondants s’interrogent sur les bénéfices des CBDC, en particulier dans les pays développés.
La CBDC mieux perçue dans les pays émergents
Le monde se divise en deux. Dans les économies matures, 37% des répondants se disent favorables à une CBDC. A titre d’exemple, ils sont 31% aux États-Unis à soutenir la création d’un dollar numérique, et 38% au Canada.
En Europe, où la BCE expérimente un euro numérique, 45% des répondants de l’Union européenne disent oui à une CBDC. La Chine fait figure d’exception. Très avancée parmi les grandes économies dans le développement d’une monnaie numérique, elle bénéficie d’un soutien de 70% des sondés.
A contrario, cette part monte à 61% pour les marchés émergents. En Inde, qui espère lancer une version numérique de sa monnaie en 2024, 66% des personnes interrogées par le CFA Institute se déclarent favorables.
Cybersécurité et vie privée : 2 préoccupations majeures
Le degré de maturité dans le développement d’une CBDC semble aussi un paramètre important pour la compréhension et l’acceptation de ces instruments monétaires. Olivier Fines, le reconnaît, « un fossé évident et très important » existe.
Cette situation s’explique par le fait que les économies en développement ont probablement l’impression qu’une CBDC pourrait combler une lacune qui n’existe peut-être pas dans les pays développés », suggère-t-il.
Les professionnels des pays développés justifient notamment leur scepticisme au nom de deux risques principaux. Le premier est la cybersécurité. C’est une préoccupation vis-à-vis de la CBDC pour 69% des répondants.
La confidentialité des données est également un enjeu majeur pour 64% des personnes interrogées sur les marchés développés. Ce chiffre atteint encore 57% dans les économies en développement. Preuve que les banquiers centraux devront y porter une attention particulière.
Pour suivre l’actu Crypto et Web3, retrouvez Coins.fr sur Twitter, Linkedin, Facebook ou Telegram