Le couperet du régulateur britannique, la FCA, tombera bientôt pour les entreprises crypto en quête d’une approbation. D’autres jettent l’éponge en s’installant à l’étranger, mais sans abandonner le marché.
N’y aurait-il pas comme un petit air de déjà vu ? Le gouvernement britannique est bien décidé à réguler son marché de la cryptomonnaie. Les entreprises qui le souhaitent peuvent se soumettre à un processus d’approbation auprès de la FCA, la Financial Conduct Authority.
Pour décrocher le fameux sésame, elles ont jusqu’au 31 mars. Le couperet est donc imminent à présent. Une trentaine de sociétés, 33 précisément, ont bouclé le processus et obtenu un enregistrement permanent.
Un enregistrement, mais pour quels bénéfices ?
Douze entreprises, dont Copper Technologies et Revolut, figurent quant à elles sur le registre temporaire. Faute de s’en extraire en intégrant le registre permanent, elles s’exposent à une suspension de leurs services.
Faut-il comprendre que seules les firmes avec agrément seront autorisées à fournir des services crypto aux consommateurs britanniques ? Non, et c’est sans doute là que le bât blesse. Le dispositif de la FCA n’est d’ailleurs pas sans rappeler le PSAN français.
Et comme en France, les acteurs crypto commencent à faire entendre leur voix. Rien n’interdit à d’autres entreprises de se délocaliser hors du Royaume-Uni sans pour autant renoncer à ce marché.
Certaines ne s’en privent pas, s’installant ailleurs en Europe, comme en Croatie ou en Suisse. Après avoir retiré sa demande auprès de la FCA, B2C2 indique gérer ses opérations depuis son entité américaine.
Déménagements dans d’autres pays d’Europe
Contacté par Bloomberg, Wirex fait savoir qu’il servira les clients britanniques depuis sa filiale croate Wirex Digital. Faute d’obtenir le feu vert du régulateur, Wirex avait renoncé à son enregistrement auprès de la FCA le 25 mars. Blockchain.com se retire à son tour et opérera depuis sa filiale lituanienne.
Il ne s’agit pas de cas isolés. La stratégie des entreprises consistant à éviter la régulation tout en continuant à couvrir un marché n’est pas nouvelle. Les titulaires du statut PSAN en France expriment régulièrement un certain mécontentement. Le patron de la filiale britannique de l’exchange Gemini résume bien la problématique.
Ce qui nous préoccupe avec la législation, c’est qu’elle a un impact injuste sur les entreprises qui s’y conforment et qu’elle pousse les clients à se rendre plus facilement offshore”, s’indigne Blair Halliday.
Un enjeu de compétitivité pour les sociétés enregistrées
La mise en conformité représente un coût pour ces entreprises. Cet investissement ne se traduit cependant pas par un avantage concurrentiel sur le marché. Les sociétés établies à l’étranger, comme Binance, cas emblématique, ne souffrent d’aucune restriction.
Plus tôt cette année lors d’une conférence de l’ADAN, le PDG de Coinhouse, Nicolas Louvet, estimait que le PSAN était utile et efficace. « Mais il comporte un certain nombre d’imperfections », ajoutait-il cependant.
Pour les plateformes enregistrées, il y a un enjeu de concurrence et de compétitivité qui n’est pas réglé. Ceux qui respectent la réglementation en France ont des contraintes. Ceux qui ne la respectent pas n’en ont pas. Le régime peut par conséquent défavoriser les acteurs en conformité”, détaillait-il, en miroir des déclarations de son homologue anglais de Gemini.
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