Invoquant l’attitude des régulateurs américains, deux market makers crypto d’envergure, Jane Street et Jump, ont décidé de réduire la voilure sur ce marché. Pour le VC a16z, la politique de la SEC menace les conseillers en investissement.
« Les marchés crypto souffrent d’un manque de conformité avec la régulation. Ce n’est pas un manque de clarté juridique », martèle Gary Gensler, le président de la SEC. L’action des régulateurs n’est cependant pas du goût des acteurs de la finance, crypto natifs comme traditionnels.
Selon Bloomberg, deux entreprises de référence du secteur se préparent à délocaliser une partie de leur activité hors des US, voire à simplement ralentir leur développement. C’est ce deuxième scénario que privilégierait Jane Street.
Jane Street réduit et Jump Crypto se tourne vers l’international
Compte tenu de l’action des régulateurs sur les marchés des actifs numériques, le market maker aurait en effet pris la décision de revoir à la baisse ses ambitions. Pour Jane Street, l’incertitude réglementaire globale serait en cause.
La firme estimerait ne plus être en capacité d’opérer son activité en conformité avec ses standards internes. En ce qui concerne Jump Crypto, la branche actifs numériques de Jump Trading, le retrait concernerait uniquement le marché US.
La filiale crypto de l’acteur de la TradFi pointe la politique réglementaire actuelle des autorités. D’après deux sources, Jump Trading ne réduirait pas ses investissements, mais les transférerait à l’international.
Coinbase et Gemini délocalisent offshore
Plusieurs sociétés crypto implantées aux États-Unis ont déjà engagé cette stratégie en déployant leurs activités à l’international. Le principal est Ripple, l’émetteur du XRP engagé depuis 2020 dans un bras de fer avec la SEC.
Sa croissance se poursuit ainsi principalement en Asie. Des firmes comme Coinbase et Gemini lui ont emboîté le pas plus récemment. Coinbase vient tout juste de lancer une plateforme de dérivés crypto offshore.
Une partie de poker menteur ou un acte de lobbying pour influer sur l’action du législateur en faveur d’une régulation moins répressive ? a16z, investisseur de premier plan dans l’industrie crypto, fait lui aussi entendre sa voix.
Les exchanges crypto privés des conseillers en investissement
Et le VC de tirer la sonnette d’alarme quant à des propositions de la SEC en matière de custody pour les conseillers en investissement enregistrés. Pour a16z, l’adoption des nouvelles règles promues par le gendarme de la bourse aurait des conséquences financières importantes.
Elles impacteraient ainsi les conseillers financiers aux États-Unis. L’adoption de ces mesures se traduirait par l’exclusion des bourses crypto centralisées. Elles décourageraient plus largement l’investissement dans les crypto-actifs.
« Nous craignons qu’en l’absence d’une exception appropriée de self-custodial, la règle proposée interdise effectivement aux RIA [conseillers en investissement enregistrés] de détenir et de négocier des crypto-actifs pour les clients », note a16z.
Pas de ségrégation sur les CEX, dénonce Gensler
La Règle de Sauvegarde ne permettrait pas à un RIA de négocier un crypto-actif sur une plateforme de trading centralisée, car ces plateformes ne sont pas des dépositaires qualifiés, et la négociation de l’actif impliquerait de le sortir de la garde », ajoute l’entreprise.
Le président de la SEC a cependant déjà pris position sur ce sujet, estimant clairement que les exchanges crypto n’étaient pas qualifiés pour assurer la garde de ces actifs.
« Le modèle actuel dans le domaine crypto est un modèle d’ownership (…) de ces fonds, et les mélange avec des milliers, et souvent des centaines de milliers ou même des millions d’autres fonds de clients », arguait-il à l’issue de la présentation de la mesure.
Suivez Coins.fr sur Twitter, Linkedin, Facebook ou Telegram pour ne rien manquer.