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DeFi vs CeFi : l’OCDE se livre à l’autopsie de la crise

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Crédit : Shutterstock

L’OCDE s’efforce dans un rapport de tirer les leçons de l’hiver crypto en cours et de comparer finances centralisée (CeFi) et décentralisée (DeFi), très (trop ?) imbriquées et en phase de concentration.

 

Jusqu’au 4e trimestre 2021, le marché des crypto-actifs connaissait une croissance sans précédent, un bull run. Puis les cours plongeaient et les faillites se succédaient. Le bear market s’installait dans le paysage. Il allait se traduire par une chute de capitalisation de 2000 milliards de dollars.

Dans un rapport d’une quarantaine de pages, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) tente de décrypter les raisons de cette crise et ses conséquences.

Volatilité exacerbée par les liquidations automatisées

L’organisme international cherche également à identifier des différences significatives entre CeFi et DeFi. Pour nombre d’observateurs, les faillites de 2022 sont exclusivement le fait d’acteurs centralisés (Celsius, 3AC, FTX…).

Les économistes de l’OCDE constatent que de « nombreux protocoles DeFi ont fonctionné comme prévu et ont survécu aux turbulences ». De plus, les « mécanismes automatisés des protocoles de prêt DeFi ont rempli leur objectif de règlement des transactions sans problème ».

Cependant, constatent-ils encore, « les liquidations automatisées peuvent risquer d’exacerber la volatilité du marché, en fonction de l’ampleur des liquidations et des conditions du marché. »

Pour les auteurs, si CeFi et DeFi se distinguent, certains de ces acteurs partagent malgré tout un point commun. Lequel ? Un fonctionnement jugé « non conforme » ou « en dehors du périmètre réglementaire ».

Des « risques importants » pour les utilisateurs

L’absence de « toute réglementation financière traditionnelle » (protection des consommateurs et de l’intégrité du marché) a pour effet d’exposer les participants, en particulier retail, « à des risques importants ».

Les rapporteurs relèvent par ailleurs une forte imbrication entre CeFi et DeFi. Ainsi, malgré leurs différences, celles-ci sont interdépendantes. La finance centralisée, mise en cause durant la crise, constitue « la principale source de fonds et de garanties » de la DeFi.

Du point de vue de la CeFi, les protocoles DeFi étaient l’endroit idéal pour le commerce de crypto-actifs, car les protocoles DeFi permettaient aux entreprises CeFi de prendre des positions à fort effet de levier. »

L’OCDE souligne un autre point négatif : la concentration accrue des acteurs crypto de la CeFi et de la DeFi. Cette situation est la conséquence du ralentissement du marché crypto.

Des marchés crypto sujets à des risques systémiques

A noter que la concentration concerne aussi les émetteurs de stablecoins. Or, juge le rapport, cette tendance a pour effet d’exacerber les risques. En appliquant la grille d’analyse des systèmes financiers traditionnels, la conclusion est sans appel.

L’écosystème des crypto-actifs et ses marchés « sont sujets à des risques systémiques ». Ceux-ci résultent d’une concentration élevée et croissante, de l’effet de levier et de l’interconnexion prononcée entre les plateformes CeFi et CeFi.

Pourquoi ce travail d’analyse alors même que la finance crypto ne présente pas aujourd’hui de risque systématique pour la stabilité financière globale ? En raison de la possibilité d’une « interconnexion croissante entre les marchés des crypto-actifs et financiers traditionnels ».

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Christophe Auffray
Cofondateur et rédacteur en chef adjoint - Journaliste spécialiste de la transformation numérique depuis 2005, Christophe a notamment été rédacteur en chef adjoint chez ZDNet. Il suit de près l’actualité autour des actifs numériques et la décrypte au quotidien. Contact : christophe@coins.fr