Bitcoin (BTC)DeFiNewsNFT

JP Morgan tire à boulets rouges sur Bitcoin, la DeFi et les NFT

Crédit : Shutterstock

Le responsable de la stratégie de marché et d’investissement de JP Morgan Asset & Wealth Management s’en est pris vertement à Bitcoin, à la DeFi mais également, dans une moindre mesure, aux NFT. Une habitude pour l’état-major de la banque américaine.

 

Fin Octobre 2017. Bitcoin vient (à peine) de franchir la barre des 6 000 dollars. Jamie Dimon, omnipotent président de la banque américaine JP Morgan – et toujours en poste aujourd’hui- qualifie la reine des crypto-monnaies de « fraude » et affirme à qui veut l’entendre qu’il licencierait « séance tenante » tout trader de son entité qui se livrerait « à des échanges de devises numériques ». Une diatribe d’autant plus étonnante que la banque avait tenté de déposer, dans les années précédentes, pas moins de 173 brevets autour de la technologie blockchain.

Près de cinq plus tard, Bitcoin est toujours là et évolue autour des 40 000 dollars. Mais l’état-major de la banque continue sa croisade contre la première des crypto-monnaies et assimilés, à l’instar de Michael Cembalest, président de la stratégie de marché et d’investissement de JP Morgan Asset & Wealth Management qui « rhabille pour l’hiver » les cryptomonnaies, les NFT et autres protocoles de finance décentralisée (DeFi).

Si le ton est plus policé, le rapport intitulé « The Maltese Falcon on cryptocurrencies and blockchain » n’en demeure pas moins virulent à l’endroit de la crypto-sphère.

« L’appellation » du rapport reprend le titre du film de 1941 « The Maltese Falcon » ou « le faucon maltais » dans la langue de Molière, qui narre la quête d’une statue de faucon maltais du XVIe siècle à la valeur soit-disant inestimable. Après moult péripéties, les protagonistes parviennent à remettre la main sur ledit trésor qui s’avère en fait être un faux grossier en plomb. Le policier en charge de l’enquête, Sam Spade, repondra alors à son interlocuteur, lui demandant de quoi il s’agissait, dans une tirade restée mémorable « c’est ce dont les rêves sont faits ».

Un propos qui est repris à son compte par Michael Cembalest, dans ce fameux rapport, estimant que les valorisations élevées de Bitcoin sont « de la matière dont sont faits les rêves ». Avant de poursuivre durant 30 pages une diatribe anti-crypto, « dégommant » à tour de rôle les envois de fonds transfrontaliers en crypto, la finance décentralisée ( DeFi ) ou encore les jetons non fongibles ( NFT).

S’il dit comprendre que les gens s’intéressent aux crypto-actifs, « Les banques centrales et les Trésors ont créé, à la suite de la crise de 2008, un énorme vide de confiance », le dirigeant estime que la volatilité légendaire de Bitcoin et consorts pose d’importants problèmes et tente une explication.

Ainsi, le rapport souligne que cette volatilité n’est autre que la conséquence de la concentration de bitcoins arguant qu’environ 2 % des détenteurs de bitcoins détiennent 72 % de sa valeur. « Pour tous les anti-élitistes libertaires, c’est encore pire que la concentration de la richesse des ménages américains : il faut 10 % des ménages américains pour atteindre 70 % de la richesse totale globale », déroule Cembalest. Ce qui signifie que « la loi du petit nombre » régnerait en maître au sein de l’écosystème crypto, à savoir qu’un nombre restreint de détenteurs de bitcoins feraient la pluie et le beau temps sur le marché.

La donne n’est guère plus reluisante, à ses yeux, du côté des paiements transfrontaliers, le rapport estimant que la « cryptosphère » n’a réussi à capter qu’environ 1% des envois de fonds transfrontaliers, soit une proportion infinitésimale d’un marché évalué entre 500 et 600 milliards de dollars par an, en moyenne, au cours des dix dernières années. « Les économies de coûts potentielles seraient ainsi réduites à portion congrue par le fait que les destinataires auraient besoin de comptes bancaires dans le pays de destination pour pouvoir convertir leurs crypto-monnaies en monnaies fiduciaires », ajoute le rapport.

Si Cembalest, qui semble engoncé dans son conservatisme, donne néanmoins un satisfecit aux plateformes fintech qui œuvre à la désintermédiation des banques et des services financiers, il n’a pas la même « mansuétude » pour les pratiques en vigueur au sein de la finance décentralisée. C’est le moins que l’on puisse dire.

D’après ce que nous constatons, la plupart des prêts DeFi sont simplement des prêts en crypto-monnaies ‘sur-garantis’ à d’autres détenteurs de crypto afin que ces derniers puissent soit, première hypothèse, acheter davantage de crypto-actifs, ou, seconde hypothèse, obtenir des liquidités contre des avoirs crypto appréciés sans encourir le risque d’impôts sur les plus-values. Quoi qu’il en soit, il ne semble pas que ce soit le type d’activité de prêt qui pourrait survivre à une baisse importante et soutenue des prix des crypto-actifs eux-mêmes », indique le rapport.

N’en jetez plus, la coupe est pleine ? Pas vraiment. Les NFT, s’ils ne trouvent pas vraiment grâce aux yeux de JP Morgan, sont cependant jugés moins sévèrement que Bitcoin.

« Aussi surprenant que cela puisse paraître, je ne rejetterais pas d’emblée le phénomène de l’art NFT aussi rapidement. Pendant de nombreux siècles, les styles roman, gothique et baroques dominaient la scène artistique parmi les collectionneurs. Mais regardez ce qui s’est passé au XXe siècle : de nouveaux mouvements artistiques ont pris de l’importance et nombre des œuvres des styles susmentionnés ont conservé de la valeur pendant des décennies après cela. En d’autres termes, les goûts et les préférences culturelles évoluent tout simplement plus rapidement maintenant ».

Un préambule, presque flatteur au regard de la tonalité du rapport, qui précède peu ou prou les mêmes critiques adressées à Bitcoin, à savoir une trop importante concentration. « C’est peut-être le talon d’Achille du marché NFT.  Et de terminer sur une « petite leçon d’économie ». « A long terme, la concentration est rarement une bonne chose pour les investisseurs ».

Suivez Coins.fr sur Twitter, Linkedin, Google, Facebook ou Telegram pour ne rien manquer.

Samir Hamladji
Rédacteur et reporter - Journaliste pour plusieurs grands médias tels que LesEchos ou Challenges, Samir a été en charge de la rubrique Finance chez Forbes de 2016 à 2019. Il s'intéresse depuis plusieurs années à l'écosystème des crypto-monnaies et de la blockchain.