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Marc Mathieu, Salesforce : « Le Web3 est une nouvelle source de données à inclure à son approche CRM »

Marc Mathieu, cofondateur du Studio Web3 de Salesforce, durant NFT Paris 2023 - © Coins.fr
Marc Mathieu, cofondateur du Studio Web3 de Salesforce, durant NFT Paris 2023 - © Coins.fr

En 2023, Salesforce poursuit le pilote de NFT Cloud, sa première incursion dans le Web3, avec l’ambition d’entraîner de plus en plus d’entreprises dans cette révolution, comme l’explique Marc Mathieu, cofondateur du studio Web3 de la firme américaine, à Coins.fr dans un entretien exclusif.

 

Ancien directeur marketing de Danone et de Samsung et vice-président marketing de Coca-Cola et d’Unilever, Marc Mathieu a co-fondé en janvier 2022 le Web3 Studio de Salesforce, le leader mondial du CRM (Customer Relationship Management), avec l’ambition d’explorer le potentiel du Web3 en matière de marketing. Une stratégie qui s’est concrétisée en juin 2022 par le lancement de NFT Cloud, une fonctionnalité qui permet aux entreprises de créer des NFT, de les commercialiser et d’activer ensuite leur possesseur, directement via la plateforme Salesforce Customer 360.

Avec la réduction de la data third party, et l’accent qui est mis aujourd’hui sur la first et la zero party, il est important d’analyser les données issues de la blockchain afin de trouver de nouvelles façons d’interagir avec ses clients. Les NFT permettent de créer avec eux un lien sans avoir à connaître leur identité, leur adresse email ou leur numéro de téléphone”, indique à Coins.fr le cofondateur du Web3 Studio de Salesforce.

NFT Cloud reste à ce jour au stade de pilote nous confie Marc Mathieu en marge de son intervention au salon NFT Paris, mais le Web3 reste au cœur de la stratégie d’innovation de l’entreprise : « Salesforce doit s’emparer du sujet, car selon nous, il ne s’agit pas juste de lancer un CRM dédié au Web3, mais bien d’anticiper le futur du CRM », explique Marc Mathieu, qui observe le développement de nombreuses solutions dédiées au marketing Web3, dont certaines étaient présentes à l’événement, mais dont peu sont encore « capables d’accompagner des entreprises sur des développements à grande échelle, en reliant le Web3 à leur écosystème d’outils existant ».

Un accompagnement que Salesforce affine en collaborant avec des marques issues de secteurs variés, tant dans l’horlogerie avec H.Moser & Cie, que dans la mode avec Scotch & Soda, ou le jouet avec Mattel.

Le Web3, une révolution culturelle ?

Susciter l’intérêt des nouvelles générations, offrir des expériences gamifiées, transformer des clients fidèles en ambassadeurs et innover avec ces derniers au sein de communauté de co-création… Si les technologies Web3 ont la cote auprès des professionnels du marketing, c’est qu’elles permettent de répondre à de nombreuses problématiques actuelles du secteur.

« La réappropriation de leurs données par les clients ouvre la voie à une relation plus horizontale entre ces derniers et les marques. Pour que cette relation soit saine, elle doit être réciproque. Les NFT sont un bon moyen pour la marque de récompenser ses clients les plus loyaux et de les fédérer en leur donnant accès à des produits, des services ou des expériences susceptibles de renforcer ce lien. Le client n’est plus qu’un consommateur, il est aussi un contributeur et un bénéficiaire de la marque », clame le dirigeant, qui cite comme principale révolution la manière dont les projets issus du Web3 abordent le sujet de la propriété intellectuelle.

Bored Ape Yacht Club a chamboulé de manière durable la manière de concevoir une marque, qui en l’occurrence appartient à tous les possesseurs du NFT de la collection, lesquels oeuvrent collectivement au développement de la marque. On entre dans une nouvelle ère marketing, où la marque soutient les aspirations de sa communauté, laquelle le lui rend bien. »

Une approche qui résonne particulièrement auprès des technophiles et des plus jeunes selon lui.

« Au-delà de l’aspect technique de la blockchain, il faut prendre en considération son impact culturel : nous entrons dans une ère décentralisée, où les intermédiaires sont dépassés afin de redonner du pouvoir aux utilisateurs finaux. C’est ce que recherchent les nouvelles générations, mais aussi ceux qui, comme moi, veulent voir revivre les idéaux fondateurs du Web », précise Marc Mathieu.

Un enthousiasme qu’il partage avec les membres du Conseil consultatif sur le Web3 mis en place par Salesforce, et qui rassemble entre autres Sébastien Borget, co-fondateur de The Sandbox, Ian Rogers, le Chief Experience Officer de Ledger, ou Aaron Rajan, Vice-Président Digital Technologies d’Unilever : « Nous ne voulions pas avoir un board pour piloter notre roadmap, mais aussi pour faire se rencontrer un certain nombre d’acteurs, experts de la blockchain, des marques ou des nouvelles attentes sociétales et environnementales afin de réfléchir ensemble sur les moyens de développer le Web3 au bénéfice du plus grand nombre », indique-t-il.

Le bear market, idéal pour innover

Une adoption de masse qui est encore loin d’être effective, mais qui profite paradoxalement selon lui du bear market : « En période de spéculation, ceux qui construisent les fondations de ce nouvel écosystème voient leur travail parasité par ceux qui ne sont là que pour faire un coup sur le court terme. La situation actuelle est une étape nécessaire, et les prix bas et le calme relatif du marché est propice à l’expérimentation. Nous sommes à un moment charnière en matière d’adoption, ce qui s’est vu notamment lors du dernier SuperBowl : cette année, personne ne cherchait à faire le buzz comme en 2022, mais plusieurs marques ont intégré de manière subtile les NFT à leur dispositif. La spéculation n’est pas la valeur ajoutée du Web3. On voit d’ailleurs les collections gratuites se multiplier aujourd’hui, car la vraie valeur réside dans l’utilité. J’observe avec intérêt le déploiement par Starbucks d’Odyssey, son nouveau programme de fidélité basé sur la blockchain, car il a le potentiel de faire entrer des millions de personnes dans le Web3 ».

La GenZ représentera dans quelques années près de 40% du pouvoir de consommation, aussi les marques doivent maîtriser le Web3, mais aussi l’IA générative, l’AR et la VR, et toutes ces nouveautés qui sont naturelles pour ces nouvelles générations si elles veulent les engager !”, conclut le vétéran.

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Clement Fages
Reporter - Journaliste depuis 2011 passé par Frenchweb ou encore Emarketing, Clément se passionne aujourd'hui pour la crypto-monnaie et sa technologie sous jacente.