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Le métavers en phase d’adolescence et de recherche d’un élan commercial

Jean-Luc Couasnon
Jean-Luc Couasnon, Partner chez Gartner - Coins.fr ©

A l’occasion de l’IMAgine Day Métavers, Jean-Luc Couasnon, Partner chez Gartner, a défendu l’importance pour les Comex de s’intéresser dès à présent au metaverse. La maturité est prévue pour 2030.

 

Métavers, mythe ou réalité ? Jean-Luc Couasnon, Senior Executive Partner chez Gartner, posait la question en préambule lors du rendez-vous organisé par l’IMA en partenariat avec Coins.fr. Réalité, précisait-il rapidement.

Mais réalité ne rime cependant pas avec maturité, ajoute encore le spécialiste de l’IT. En effet, le cabinet et ses consultants estiment que la phase de maturité du métavers se situe aux alentours de 2030.

Le metaverse sujet d’actualité des Comex

Aujourd’hui, le métaverse peut être considéré comme étant encore en période d’adolescence, à l’image d’Internet en 1995. Mais dans l’univers des technologies, les évolutions sont rapides. Jean-Luc Couasnon rappelle qu’en 1995, peu d’experts anticipaient, 10 ans plus tard, l’apparition du smartphone.

Le consultant encourage donc les entreprises à s’intéresser dès à présent au métavers et à ses possibilités pour leurs activités. C’est donc également la recommandation qu’adresse Jean-Luc Couasnon aux représentants des Comex.

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Jean-Luc Couasnon, Partner chez Gartner – Coins.fr ©

Cet « espace partagé, collectif et virtuel créé par la convergence de la réalité physique et numérique » est ainsi décrit comme l’évolution d’Internet – plus qu’une révolution. Et cette évolution se prépare.

De fait, des organisations ont déjà engagé des initiatives dans ce domaine. Pour Gartner, il convient toutefois de parler de « minivers » plutôt que de métavers, qui nécessitera des convergences et des standards entre ces différents univers virtuels existants.

Casser les silos pour passer des minivers au métavers

La prolongation du monde physique sera dans le numérique. Elle se basera sur des données partagées, sécurisées et qui sont celles du monde physique. Aujourd’hui, nous n’y sommes pas”, analyse le dirigeant de Gartner.

« On est sur des jumeaux numériques, de la réalité augmentée… Il reste encore des étapes à franchir pour être dans le métavers », poursuit-il. Et les pas à réaliser ne sont pas véritablement d’ordre technologique, selon lui.

« Ce n’est surtout pas de la techno. Les offres sont pléthoriques. L’enjeu est plutôt de savoir comment on va faire aboutir des standards et converger des intérêts » pour s’extraire des silos actuels, dont ceux portés par le Web3.

L’actualité, c’est que chaque fournisseur de technologie a son metavers”, note Jean-Luc Couasnon.

Cette fragmentation ne favorise pas l’adoption. Ainsi, Gartner estime que  « moins d’1% des personnes travaillent dans un monde numérique, un minivers ».

Amplification des cas d’usage en 2030

La tendance devrait néanmoins s’accélérer. Le cabinet estime que cette part atteindra 10% en 2025. Les prochaines années, entre 2022 et 2026, devraient voir l’émergence de « solutions avancées de métavers ». Mais à condition que les acteurs arrivent à partager contenus, normes, de la donnée… pour sortir des silos qui existent.

En outre, d’ici 2026, 30% des organisations auront des produits et services prêts pour le métavers, évalue Gartner. 25% des individus devraient en outre consacrer au moins 1h par jour au metavers.

Jean-Luc Couasnon, Partner chez Gartner – Coins.fr ©

A plus long terme, en 2030, les consultants tablent sur une amplification des cas d’usage et un élargissement du périmètre d’applications du métavers (évènements, réunions, vente, service clients, formation…).

Perspective moins réjouissante en revanche, Gartner prédit un triplement des coûts des soins de santé d’ici 2040, conséquence de la massification des usages du metaverse et des troubles qui en résulteraient.

Des technos en quête d’un élan commercial

Le consultant et conférencier Frédéric Cavazza apporte lui aussi des réserves. Selon lui, les briques technologiques du métavers existent déjà depuis un certain temps.

Ce qui manque à cet écosystème de technologies et d’usages, c’est un nouvel élan commercial”, avance-t-il.

C’est vrai pour ce qui est de la réalité virtuelle et de la réalité augmentée. En se rebaptisant Meta, Facebook a donné un coup d’accélérateur à ses activités de VR, dont l’adoption dans le B2C et le B2B tarde à se concrétiser.

Frédéric Cavazza fait ainsi un parallèle entre la téléphonie et ses différentes générations (3G, 4G, 5G…) et le métavers. « C’est un concept dont la principale utilité est de relancer l’intérêt commercial. Et ça marche », tranche-t-il.

Il n’épargne pas non plus le Web3, pas indispensable selon lui pour faire du métavers. Le conférencier épingle ainsi le faible nombre d’utilisateurs de services comme The Sandbox ou Decentraland.

Le Web3 doit conquérir au-delà des spéculateurs crypto

L’enjeu pour les promoteurs du métavers Web3 consiste dès lors à capter de nouveaux utilisateurs, « au-delà des spéculateurs crypto et NFT ».

Ce sont de tels utilisateurs qu’est parvenu à conquérir le groupe Casino, au travers notamment d’un jeu développé sur The Sandbox pour les membres du Club Leader Price.

A gagner : non pas de la crypto, mais des NFT correspondant, entre autres, à des bons de réduction. Ces opérations Web3 sont ainsi l’opportunité pour un distributeur de réaliser des actions marketing sans dépendre de grandes plateformes comme Google ou Meta.

Avec le Web3, est-il possible de s’extraire de la dépendance aux plateformes ? Peut-être. Il faut y croire. Il faut de l’investissement, de la connaissance et des compétences”, conclut Frédéric Cavazza.

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Christophe Auffray
Cofondateur et rédacteur en chef adjoint - Journaliste spécialiste de la transformation numérique depuis 2005, Christophe a notamment été rédacteur en chef adjoint chez ZDNet. Il suit de près l’actualité autour des actifs numériques et la décrypte au quotidien. Contact : christophe@coins.fr