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Tokenisation : un acrobatique exercice environnemental qui valorise Ethereum

Societe Generale - Paris
Crédit :Shutterstock

Société Générale-FORGE s’attaque à l’incroyablement complexe calcul de l’empreinte carbone des security tokens. Outre le défi méthodologique, le rapport met en lumière les bénéfices de la blockchain publique.

 

Dans l’univers crypto, l’environnement constitue un terrain miné. Le minage de bitcoins est ainsi régulièrement renvoyé à sa consommation énergétique. Quid alors de l’avenir de la finance au travers de la tokenisation ?

Cette transformation rimera-t-elle avec explosion des émissions ? Pour répondre à cette interrogation légitime, la filiale crypto de Société Générale s’est lancée à l’ascension d’une complexe équation : calculer l’empreinte carbone du cycle de vie complet des security tokens.

Les prémices d’un standard pour la tokenisation

SG-Forge n’est pas partie seule, embarquant sur la même cordée le cabinet de conseil Lamarck, l’Institut Louis Bachelier et le Crypto Carbon Ratings Institute (CCRI). Il n’en fallait pas moins tant l’exercice constitue un défi.

Le résultat, c’est une méthodologie générale. Celle-ci permet de calculer l’empreinte carbone d’un produit financier émis sous forme de jeton sur la blockchain publique Ethereum – une des plus sobres depuis la migration vers le PoS. Le passage au Proof-of-Stake a permis de réduire la consommation énergétique de 99%.

Désormais, les émetteurs et les investisseurs ont également la possibilité d’accéder à une nouvelle mesure d’impact environnemental. Par cette initiative, notre ambition est d’en faire un standard de place”, déclare Jean-Marc Stenger, le directeur général de Forge.

Un manque de données précises et fiables

La méthode n’est pas parfaite, comme toujours dans ce secteur de la mesure énergétique. D’autres itérations sont nécessaires. Les experts du numérique responsable le soulignent régulièrement, comme cette semaine à Montrouge à l’occasion du Green Tech Forum.

SG-Forge et ses partenaires ont identifié « limites et challenges », dont un manque de données « précises et fiables ». La mesure ne peut dès lors qu’être une estimation et une proposition. De multiples paramètres entrent en jeu.

Calculer une empreinte suppose de déterminer la consommation d’énergie de la blockchain, qui dépend de deux données spécifiques : le nombre de nœuds et la puissance moyenne d’un nœud. Et réunir ces informations n’est pas si simple.

Bien que la collecte de données sur le nombre de nœuds actifs se soit considérablement améliorée, nous utilisons toujours un matériel proxy théorique comme meilleure estimation de la puissance des nœuds et de la consommation d’énergie”, notent les rapporteurs.

Des fournisseurs cloud qui font barrage à la transparence

Les nœuds sont souvent opérés sur des services cloud. Leurs fournisseurs aiment à mettre en avant la valeur environnementale de leurs infrastructures. Ils se montrent cependant avares de « données précises et complètes sur la consommation d’énergie ».

Les prestataires s’appuient sur leur propre approche, très favorable à leur discours. Elle peut en effet aboutir à éclipser « purement et simplement l’empreinte carbone du scope 2 liée à l’utilisation du matériel ».

Mais ces acteurs utilisent aussi « des termes trompeurs tels que la neutralité carbone au niveau de l’entreprise et l’électricité sans carbone ». Dans ces conditions, déterminer des mesures précises du coût environnemental des tokens relève du funambulisme.

Il faut cependant saluer l’effort ici réalisé. D’autant que celui-ci fournit des enseignements utiles, comme de démontrer « l’intérêt de travailler sur des infrastructures publiques décentralisées telles que le réseau Ethereum ».

Supériorité des infrastructures publiques décentralisées

La blockchain publique s’avère en outre, et pour plusieurs raisons, meilleure « qu’une infrastructure cloud, en termes de coûts, de sécurité et d’optimisation ».

Mais en dépit de ses atouts, « la blockchain ne peut pas remplacer et ne remplacera pas l’infrastructure informatique classique ». C’est vrai en particulier lorsque des données volumineuses et des calculs lourds sont nécessaires.

La régulation empêche aussi le recours à la blockchain en exigeant que les données privées et confidentielles demeurent sur l’infrastructure propre des institutions financières.

La blockchain et les smart contracts ont le potentiel de générer des gains d’efficacité significatifs dans l’émission et la négociation des instruments financiers”, considère Jean-Marc Stenger.

Les travaux doivent se poursuivre et la mesure s’affiner.

« Bien que l’expérimentation n’en soit qu’à ses débuts, le rapport a le potentiel de susciter un débat plus large sur l’impact environnemental de la technologie sur les marchés financiers », juge Georgina Jarratt, Head of FinTech and Digitalisation de l’International Capital Market Association.

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Christophe Auffray
Cofondateur et rédacteur en chef adjoint - Journaliste spécialiste de la transformation numérique depuis 2005, Christophe a notamment été rédacteur en chef adjoint chez ZDNet. Il suit de près l’actualité autour des actifs numériques et la décrypte au quotidien. Contact : christophe@coins.fr