La politique de Hong Kong à l’égard de la crypto laissait espérer à certains une inflexion de la ligne chinoise anti-Bitcoin. La nomination de Pan Gongsheng à la Banque centrale de Chine semble balayer tous les espoirs, déjà minces.
En 2021, la Chine décidait d’interdire toutes les activités en lien avec les cryptomonnaies. Résultat : l’industrie du minage se délocalisait, se réimplantant en majorité aux États-Unis. Pour la banque centrale chinoise, la priorité en matière de monnaie numérique va à la CBDC.
Quelques années plus tard, le pouvoir politique pourrait-il amorcer un virage ? Plusieurs personnalités au sein de l’écosystème crypto entretiennent cette hypothèse, à l’image de Justin Sun, Cameron Winklevoss, ou Changpeng Zhao dans un tweet en mai.
Hong Kong, miroir de la politique chinoise ?
Sur quoi basent-ils ce scénario ? Essentiellement sur la politique crypto-friendly mise en place par Hong Kong. L’ex-colonie britannique, rétrocédée à la Chine en 1997, a été sévèrement reprise en main par Pékin.
Conclusion : tout geste de Hong Kong envers la crypto bénéficierait du soutien de l’État chinois. Pour Jeremy Allaire, le CEO de Circle, cela laisserait présager d’un renversement politique à l’égard de Bitcoin et des autres tokens.
La nomination par le parti communiste de Pan Gongsheng à la Banque centrale envoie toutefois un signal négatif. Présenté comme le futur gouverneur de la PBOC, Pan est un farouche opposant à la crypto.
Si vous vous asseyez au bord de la rivière et que vous regardez, un jour le cadavre du Bitcoin flottera devant vous », déclarait-il lors d’un événement en 2017.
Un probable gouverneur de la PBOC anti-BTC
Michael Saylor, PDG de MicroStrategy, annonçait la même année la mort du BTC. Il en est aujourd’hui un soutien ardent.
Pour un économiste, ancien agent de la PBOC pendant huit ans et fin connaisseur de ses rouages, le soutien d’un gouverneur de la banque de Chine au Bitcoin relève néanmoins de la fiction pure.
Ce qui se passe à Hong Kong n’a pas d’importance, car la Chine continentale considère généralement Hong Kong comme un marché d’outre-mer », ajoute David Qu.
En clair, la politique hongkongaise n’est pas une étape vers la réhabilitation de la crypto en Chine. Bloomberg suggère que ce récit d’une réouverture de la Chine est porté par des représentants actuellement ciblés par les régulateurs américains.
Le scénario constituerait ainsi avant tout un message à l’attention des politiques américains, au même titre que l’argument de la délocalisation et des destructions d’emplois.
Il est vrai cependant que la position des États-Unis contraste avec l’évolution des cadres légales dans des juridictions telles que Hong Kong, Dubaï et dans certains marchés européens.
Un récit chinois avant tout destiné aux États-Unis
L’industrie crypto a néanmoins besoin d’économies fortes, comme la Chine, pour compenser la dégradation des conditions de marché aux US.
Avec le changement de position qui s’opère dans de nombreux pays, il est peu probable que la Chine reste insensible – elle acceptera progressivement les crypto-monnaies », avance Vanessa Cao, fondatrice de BTX Capital.
Peu probable toutefois que la Banque de Chine développe un discours positif à court terme à l’égard des cryptomonnaies. D’ailleurs, les banquiers centraux se montrent largement défavorables à ces actifs, y compris dans les États où ils sont régulés plus favorablement.
« Il est normal que les autorités chinoises aient une position anti-Bitcoin », juge Adrian Lai, fondateur de Newman Capital, gestionnaire d’un fonds crypto à Hong Kong.
La Chine continentale ne va pas assouplir l’interdiction des crypto-monnaies pour le moment et dans un avenir proche », affirme-t-il à Bloomberg.
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