La suppression des frais sur le trading Bitcoin avait boosté l’activité sur Binance. Le retour des fees a fait chuter le volume. Quant aux retraits, scrutés depuis la plainte de la CFTC, ils restent modérés. Les utilisateurs ne fuient pas.
Binance risque-t-il le bank run ? Si cette inquiétude a pu émerger à la suite de la plainte déposée par la CFTC à l’encontre de la première bourse crypto au monde, un tel scénario est cependant très loin de se réaliser à ce jour.
L’exchange n’est pas en passe de rejoindre Signature, Silicon Valley Bank ou Silvergate. C’est ce que suggèrent les données compilées par la firme d’analyse Nansen. Dans les 2 jours qui ont suivi la plainte du régulateur, Binance enregistrait des retraits pour un montant de 2,2 milliards de dollars.
Du bruit, mais peu de conséquences financières
Cependant, au cours de la même période, ce sont 1,3 milliard de dollars qui ont été déposés sur la plateforme. En clair, l’outflow net équivaut à 900 millions de dollars. Pour Binance, ce bilan est loin d’être exceptionnel.
Un expert de Messari rappelle que la plateforme affiche un bilan on-chain de 64 milliards de dollars en crypto-actifs. Les stablecoins représentent environ 50% de ce total.
La procédure déclenchée par un régulateur américain (la SEC garde le silence sur ce sujet) vient néanmoins mettre un frein aux ambitions de Binance aux États-Unis et à sa conquête des utilisateurs de l’ex-FTX.
6 milliards de dollars d’outflows en décembre 2022
Les effets auprès de ses clients sont bien moindres que suite à l’arrêt de l’émission de son stablecoin BUSD en partenariat avec Paxos. Fin 2022, Binance était aussi confronté à des retraits massifs en raison de doutes à l’égard de sa solvabilité.
L’ouflow net atteignait alors 6 milliards de dollars, évaluait Kaiko. Ce chiffre équivalait au double de celui encaissé par l’entreprise de SBF, FTX, avant le gel des retraits. La bourse concurrente continuait de fonctionner normalement.
Cet épisode reste à ce jour le « pire de la crise de confiance » traversée par le marché crypto. Binance voyait sa part de marché chuter brutalement de 81% à 68%. Signe de sa résilience, l’exchange récupérait rapidement le terrain perdu.
Les zero fees ont boosté la part de marché de Binance
Binance dispose de différents leviers pour influer sur le marché, à commencer par les frais. En juillet 2022, le géant décidait de réduire les frais sur les paires BTC à zéro. Son volume de trading bondissait.
Avant le 8 juillet 2022, jour du lancement des frais zéro, la part de marché en volume des 13 paires BTC n’était que de 25 % », rappelle Kaiko dans son dernier rapport.
Les effets étaient immédiats, permettant « d’augmenter la part de marché de la bourse de plus de 20% par rapport à ses concurrents ». Depuis, Binance a donc mis fin à cette politique afin d’engranger de nouveau des revenus sur l’échange de bitcoins.
Car cette stratégie avait un coût très significatif. « À la mi-mars 2023, le volume des transactions sans frais représentait la majorité du volume total, avec un maximum de 66% ».
Le volume de trading en chute libre
Cinq jours après le rétablissement des frais, sa part de marché sur les paires avait diminué de moitié, évoluant ainsi sous les 30%. Les frais restent nuls sur la paire BTC-TUSD, qui représente désormais 2,8 % du volume total.
Le volume des échanges pour la paire BTC-USDT, le marché le plus liquide de la crypto, a été le plus touché, avec des volumes moyens en chute libre de 90 % », calcule Kaiko.
Avec sa politique de frais, à la hausse ou à la baisse, Binance dispose d’un moyen d’action considérable. Ses rivaux ne l’ignorent pas.
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