Pour le CEO d’Arianee, NFT et wallets sont l’opportunité pour les marques de construire leur indépendance numérique. Le secteur a cependant besoin de grandir. Et aussi gagner en sécurité juridique, pour l’ADAN.
« Où en est-on sur le Web3 ? Et surtout comment aller chercher d’autres utilisateurs, à part les spéculateurs sur les cryptos ou NFTs ? On estime aujourd’hui que ces aficionados sont entre 50 et 100 millions », déclarait le consultant Frédéric Cavazza lors de la conférence IMAgine Day Métavers.
Démocratiser et évangéliser l’usage des NFT auprès d’un public plus large, B2C et B2B, c’est une des missions que s’est fixée la NFT Factory, inaugurée à Paris le 18 octobre. La startup Web3 Arianee entend bien y participer.
Les NFT, une preuve et une chance pour les marques
L’entreprise intervient d’ailleurs déjà dans ce domaine sur le marché des entreprises, et plus particulièrement auprès des acteurs du luxe. Pierre-Nicolas Hurstel, son PDG, estime que le potentiel des NFT est considérable en raison de leur nature même.
Un NFT, c’est juste une preuve (…) potentiellement, cette preuve peut devenir le réceptacle de tout ce qui concerne notre vie numérique et ce dont nous avons besoin pour interagir avec un monde de plus en plus digital”, soulignait-il lors de l’inauguration de la NFT Factory.
« Demain, ces tokens, nous les utiliserons pour tout ce qui requiert une preuve », anticipe Pierre-Nicolas Hurstel. Au sac-à-main ou au portefeuille physique succèdera un wallet permettant les interactions avec « la vie multicanale, soit physique, numérique, et immersive ».
« Le wallet va devenir clé », estime encore le dirigeant, qui se félicite donc de l’ambition de la NFT Factory de vouloir former les consommateurs Français à leur création et à la valeur de ce wallet.
Et cette valeur réside en particulier dans le fait qu’il correspond à « un compte digital qui n’appartient qu’à soi, et non pas à Google, Facebook et Instagram ». Ce nouveau paradigme signifie la création d’un « nouveau graph social ».
Grimper à 100 millions de wallets actifs
Or, cette connaissance des consommateurs est aujourd’hui maîtrisée par les Gafam, qui monétisent cette donnée. Le wallet et ses actifs, visibles sur les blockchains, signifient des « données ouvertes et publiques. Cela va profondément changer la manière dont on fait de la publicité et du commerce ».
La promesse, insiste le PDG d’Arianee, c’est une autonomie retrouvée pour les marques et les utilisateurs finaux. Le dirigeant reconnaît que le marché demeure encore de faible envergure, « avec peut-être 20 millions de wallets actifs MetaMask et 1 millions actifs sur OpenSea ».
Arianee revendique quant à elle 100.000 wallets actifs. « C’est minuscule », concède Pierre-Nicolas Hurstel. « Ce qui importe aujourd’hui, c’est l’onboarding des 10 à 100 millions de prochains utilisateurs ».
Atteindre cette taille est de fait critique pour les marques pour avoir un véritable impact et accéder à un marché monétisable. Le dirigeant prédit des changements de business model et des économies de dépenses pour les entreprises.
L’utilité des NFT est « native »
Ces réductions de coûts pourraient notamment se situer au niveau des investissements publicitaires auprès des grandes plateformes centralisées.
Je le dis aux marques. Chaque seconde que vous passez dans le Web3, chaque centime investi, vous construisez votre liberté digitale. Vous faites l’inverse de ce que vous avez fait lors du paiement de votre première publicité sur Instagram”, déclare le CEO d’Arianee.
Pour « construire cette indépendance », les entreprises ont cependant besoin de consommateurs acculturés et dotés de wallets, ainsi que de NFT. Reste néanmoins encore à convaincre de l’utilité de ces tokens. « L’utilité des NFT est native. C’est de prouver quelque chose (…) », comme la détention d’un bien, la participation à un évènement ou l’appartenance à une communauté, insiste-t-il.
Outre des utilisateurs et une culture digitale, les NFT ont besoin de sécurité juridique. Jean-Noël Barrot, le ministre délégué au numérique, le reconnaît. Il annonçait cette semaine la création d’un cadre réglementaire pour ces tokens.
Un flou juridique et fiscal sur les NFT
Pour l’heure, Faustine Fleuret, la présidente de l’ADAN, souligne l’incertitude juridique qui touche les NFT et ses entreprises, freinant ainsi leur développement.
Il existe un flou juridique et fiscal autour des NFT du fait de sa qualification relativement complexe”, réagit-elle.
Cet état de fait se révèle « assez délétère pour le développement de l’écosystème ». Mais construire une réglementation s’annonce comme un défi. Les NFT ne correspondent pas à une classe d’actifs homogène, signale la représentante de l’ADAN.
L’organisation s’oppose donc à une assimilation des NFT à des instruments financiers, qui relèveraient par conséquent d’une réglementation financière. « Ce n’est pas non plus adapté », considère Faustine Fleuret.
MiCA « pas du tout adapté » aux NFT
Le flou persiste donc en France comme au niveau européen. Dans l’Hexagone, depuis la loi Pacte, les NFT peuvent être assimilés à des actifs numériques, ce qu’ils ne sont pas nécessairement par nature, argue la présidente de l’ADAN.
A l’échelon européen, MiCA exclut en principe les NFT. Cette exemption n’est plus acquise cependant. « Il y a des tentatives de définition des NFT en Europe qui sont un peu plus inquiétantes pour le secteur ». Pourraient ainsi être soumis à MiCA les NFT fractionnés.
MiCA, une réglementation financière, n’est pas du tout adaptée à l’ensemble des cas d’usage développés par les acteurs”, juge Faustine Fleuret, qui compte donc sur les travaux de la Commission européenne sur les NFT pour parvenir à un cadre adapté.
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