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Staking, Oracle, NFT… Exaion (EDF), le guichet unique du Web3

Exaion
Crédit : Exaion/EDF

Filiale d’EDF lancée en 2020, Exaion accélère cette année avec de multiples produits blockchain en préparation. L’ambition de la startup : devenir le « One stop shop » et le tiers de confiance des entreprises pour leurs projets Web3.

 

Fatih Balyeli, le CEO et cofondateur de Exaion, aime à le souligner. Exaion et Forge sont les deux premières filiales Web3 créées par des grands groupes en France, en l’occurrence EDF et Société Générale. Avec Forge, le groupe bancaire s’est imposé comme un acteur de référence de la tokenisation de la finance en Europe.

Fatih Balyeli, CEO et cofondateur de Exaion – © Coins.fr

Avec Exaion, partenaire de Forge depuis deux ans, EDF entend occuper une place laissée vacante pour le moment sur le Vieux-Continent, à savoir celui de fournisseur technologique d’infrastructures blockchain pour les entreprises, et en particulier celles en quête de réassurance.

Première plateforme de gestion d’infrastructures blockchain

Employant 50 personnes, essentiellement dans l’hexagone, Exaion a commencé à se déployer à l’international en ouvrant récemment un bureau au Canada dans l’ambition de couvrir le marché nord-américain. Pour se développer, la startup s’appuie sur un ancrage sur trois marchés principaux, « avec des maturités différentes » : le metaverse (cloud 3D), la blockchain et le edge computing.

Sur le segment blockchain, l’entreprise propose Exaion Node, qui englobe à la fois les infrastructures et des solutions clé en main. Fatih Balyeli, qui prenait la parole devant des dirigeants et responsables de l’innovation lors du DIMS 2023, souligne que Node constitue « la première plateforme de gestion d’infrastructures blockchain en Europe ».

© Coins.fr

Pour le CEO, c’est d’ailleurs un véritable différenciateur et un atout concurrentiel pour une filiale de grand groupe aspirant à devenir un « guichet unique » pour les entreprises, traditionnelles et pure-players du Web3, pour leurs projets blockchain.

«  Nous sommes le seul acteur européen à proposer un service de gestion d’infrastructure blockchain, mais le seul au monde à détenir nos propres infrastructures », insiste le cofondateur de la startup pour se démarquer de ses concurrents, tous liés aux hyperscalers. Cette distinction n’est pas que rhétorique.

Nous avons développé from scratch une infrastructure décentralisée, dédiée au Web3 en termes d’architecture, de design et d’équipements IT. Aujourd’hui, le couplage plateforme et infrastructure dédiée au Web3 est unique », met-il en avant.

Approche souveraine et éco-responsable

Exaion peut ainsi se démarquer sur le marché en revendiquant une approche souveraine, basée sur l’exploitation de deux datacenters, en redondance, et implantés en Normandie. Sa filiation avec EDF rassure également sur la robustesse de ses infrastructures et sur les exigences internes en termes de réglementation et de sécurité.

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Ces arguments ont en effet pesé deux ans plus tôt dans le choix de l’entreprise par SG Forge pour l’émission sur la blockchain Ethereum d’une obligation de 100 millions d’euros de la BEI au format security token.

Node a permis de garantir une haute disponibilité et un accès à la blockchain pour passer nos transactions, payer les gas fees avec de l’ether clean fourni par Exaion et issu de son activité de minage« , déclare Stéphane Duzan, le cofondateur de Société Générale Forge.

Exaion revendique également une approche éco-responsable avec des activités dont l’empreinte est de 38g de CO2 par kWh. « En moyenne, elle est de 350g pour nos principaux concurrents nord-américains, et de 600g en Asie », indique Fatih Balyeli.

L’entreprise répond ainsi à l’importance croissante accordée aux enjeux environnementaux et au sujet du numérique responsable. Elle pourrait d’ailleurs trouver un intérêt à supporter la blockchain Proof of Climate awaReness (PoCR) co-construite par Seb et Crédit Agricole. Exaion ne se veut toutefois pas seulement un fournisseur d’infrastructures.

Les entreprises disposent d’un one stop shop. Elles peuvent venir nous voir, nous demander conseil sur le protocole à utiliser, le plus adapté à leur cas d’usage, développer des smart contracts pour elles, les intégrer sur la plateforme, gérer pour elles la partie cloud, etc. »

Une 15aine de protocoles blockchain supportés en 2023

Ce positionnement a permis à Exaion de se créer une clientèle dans le monde bancaire. La startup revendique aussi des clients dans la logistique ou le luxe, « où les entreprises essaient de créer de l’engagement auprès de leurs communautés ».

Nous intervenons aussi auprès des pure-players Web3 comme Dogami, Billy, Ubisoft (…) ou bien encore Casino pour son stablecoin Lugh », cite le CEO.

L’acteur blockchain français prévoit d’étoffer encore plus son offre. Node supporte actuellement 7 protocoles. D’ici la fin de l’année, ce sera une quinzaine, annonçait-il lors de l’événement dont Coins.fr était le partenaire presse.

Cette compatibilité permettra à Exaion d’accompagner les projets NFT de ses clients sur un plus grand nombre de réseaux. La branche Web3 d’EDF accompagne déjà des marques sur ce segment.

Pour en gérer le stockage, elle planche d’ailleurs à l’intégration de la technologie IPFS. Le système distribué de fichiers pair à pair apporte une réponse technique et décentralisée au stockage, au partage et à la gestion des NFTs.

La problématique du stockage des jetons non fongibles intéresse des multinationales dans le cadre du développement de leurs campagnes NFT retail. C’est le cas par exemple de L’Oréal, comme a pu en témoigner Laurent Carrie, le directeur de la Tech Factory du géant des cosmétiques. Exaion prépare donc le support de l’IPFS.

Exaion futur pilier de Filecoin sur l’IPFS et les NFT

Nous y travaillons. Nous sommes en train de rajouter un nouveau service autour du protocole Filecoin, spécialisé dans l’IPFS. Nous allons devenir un des piliers de Filecoin dans les semaines et mois qui viennent », annonce Fatih Balyeli.

Et d’autres nouveautés sont en préparation et/ou actuellement en cours d’expérimentation auprès de quelques clients.

Nous allons mettre en place un indexeur NFT, un indexeur sur les transferts et sur toutes les transactions », poursuit le CEO, qui s’appuiera sur ses composants Big Data.

La startup prépare en outre le lancement d’un service de staking. Un service d’Oracle a aussi été créé. L’objectif est simple : couvrir « à 360° tous les besoins corporates dans le monde du Web3 ». Dans le luxe, cela comprend la mise en place des NFT et leur transfert sur différentes plateformes immersives du metavers.

Exaion entend aussi participer à l’amélioration de l’expérience utilisateur, jugée mauvaise et même considérée comme « un vrai point bloquant ». Une démarche collaborative est cependant nécessaire pour lever « cette barrière à l’entrée », décrite comme « l’un des derniers freins à une adoption massive ».

Nous échangeons avec le secteur bancaire, mais aussi avec La Poste et actuellement avec Ledger« , déclare le dirigeant, faisant notamment référence à la solution Entreprise du fabricant de wallets. « Nous essayons de trouver une solution afin de concevoir une réponse française » à cet obstacle de l’UX.

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Christophe Auffray
Cofondateur et rédacteur en chef adjoint - Journaliste spécialiste de la transformation numérique depuis 2005, Christophe a notamment été rédacteur en chef adjoint chez ZDNet. Il suit de près l’actualité autour des actifs numériques et la décrypte au quotidien. Contact : christophe@coins.fr