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BNP Paribas les deux pieds dans la tokenisation de la finance

BNP Paribas
Crédit : Shutterstock

Déjà impliquée auprès de la BdF dans les tests d’une CBDC, BNP Paribas développe aussi la tokenisation d’obligation, comme avec EDF ENR. Mais la banque prépare également l’industrialisation du custody d’actifs numériques.

 

Si les grandes banques françaises restent à distance des cryptomonnaies comme Bitcoin ou Ethereum, elles n’en demeurent pas moins actives dans le domaine de la tokenisation et des actifs numériques.

Société Générale a dans ce cadre mis sur pied une filiale dédiée : SG-Forge. Celle-ci est notamment à l’initiative d’un framework de conformité pour la finance blockchain, CAST. D’autres acteurs de la finance se préparent aussi à la transformation du secteur.

BNP Paribas acteur de la tokenisation et des security tokens

Depuis plus d’un an, des banques de premier plan participent aux expérimentations menées par la Banque de France sur les monnaies numériques de banque centrale (CBDC ou MNBC). On peut citer par exemple BNP Paribas, Crédit Agricole CIB et HSBC.

Première banque de la zone euro, BNP Paribas réalise depuis plusieurs années déjà des travaux dans le domaine des actifs numériques et de la blockchain. En Belgique, BNP Paribas Fortis exploite l’application Kube pour lutter contre la fraude.

Aux États-Unis, le groupe s’intéresse à Onyx Digital Assets de JPMorgan pour réaliser des transactions à court terme sur les marchés des titres à revenu fixe. En Asie, sa filiale BNP Paribas Securities Services signait un partenariat avec Digital Asset.

L’objectif pour l’entreprise était de concevoir des applications blockchain d’échange et de règlement en temps réel sur la base de smart contracts DAML. Cette même filiale lançait un pilote avec Curv sur le transfert de security tokens.

Priorité au security tokens non à Bitcoin

Cette étape préparait la fourniture de services de custody. Mais en la matière, c’est avec un autre prestataire du marché que BNP Paribas collaborera. Le contrat avec le Suisse Metaco, aussi partenaire de Société Générale et de Citi, a été officialisé la semaine dernière.

Cet engagement auprès du spécialiste du custody a d’abord été mal interprété. Nombre d’observateurs de l’écosystème Web3 ont suggéré que cette information préparait l’arrivée de BNP Paribas sur le marché des crypto-monnaies.

Comme ses consœurs de la finance traditionnelle, la cible est celle des security tokens, des jetons régulés, soit des versions tokenisées d’actifs financiers classiques (titres, obligations…).

D’ailleurs, l’annonce faite plus tôt en juillet par le groupe bancaire français traduisait parfaitement cette orientation. Dans un communiqué daté du 12 juillet, il présentait sa collaboration avec EDF ENR dans le cadre de la première tokenisation d’une obligation destinée à un projet d’énergie renouvelable.

Première obligation sur la blockchain Ethereum

Pour ce projet,  BNP Paribas « a structuré, tokenisé et distribué une obligation destinée à financer un projet d’énergie solaire porté par EDF via sa filiale EDF ENR ». Si la banque ne recourt pas à des cryptomonnaies, elle exploite bien en revanche la blockchain publique, Ethereum en l’occurrence.

Le directeur du numérique de BNP Paribas CIB, Arnaud Boyer, souligne à cette occasion l’intérêt porté par l’entreprise à la tokenisation de la TradFi. Cette transaction « s’inscrit pleinement dans le plan de développement de la banque Growth, Technology and Sustainability 2025 », promeut-il. La banque française entend d’ailleurs développer ces activités dans ce domaine.

Cette innovation crée de nouveaux ponts entre les émetteurs et les investisseurs et apporte à nos clients une solution de financement ESG de bout en bout unique – de l’origination à la distribution, en passant par la conservation”, indique encore le CDO.

Pour accélérer dans ce secteur, BNP Paribas doit faire évoluer ses compétences et infrastructures en matière de conservation. C’est à cet objectif que répond le rapprochement avec Metaco et l’exploitation de sa solution Harmonize.

Cohabitation actifs traditionnels et actifs numériques

Pour BNP, comme pour ses concurrents, l’enjeu consiste à permettre « à ses clients institutionnels de stocker, d’émettre et de régler des titres numériques parallèlement à leurs actifs traditionnels, de manière sécurisée, conforme et évolutive ».

Wayne Hughes, le responsable des actifs numériques de BNP Paribas, le confirme sans ambiguïté. Bitcoin et autres cryptomonnaies ne constituent pas, à ce jour, l’actualité, ni la priorité.

Notre objectif est d’offrir à nos clients une vue unique des actifs traditionnels et numériques, pour une transparence totale, une plus grande efficacité opérationnelle et une meilleure gestion des risques. »

Pour mener ce chantier, BNP Paribas s’est adjoint les services de différents partenaires, dont Exaion, filiale blockchain d’EDF. Dans un communiqué envoyé à Coins.fr, le groupe juridique De Gaulle Fleurance, associé à KiloWattSol, fait aussi état de son rôle dans le projet sur le volet de l’audit.

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Christophe Auffray
Cofondateur et rédacteur en chef adjoint - Journaliste spécialiste de la transformation numérique depuis 2005, Christophe a notamment été rédacteur en chef adjoint chez ZDNet. Il suit de près l’actualité autour des actifs numériques et la décrypte au quotidien. Contact : christophe@coins.fr