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Le français Cohort lève 3,2M€ pour démocratiser les NFT

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Nathan Barraillé, CTO et cofondateur et Séraphie de Tracy, CEO et cofondatrice. Crédit : Cohort

Premier projet du startup studio 3founders, Cohort lève 3,2 millions d’euros en seed. Objectif : Convaincre de nouvelles entreprises à adopter les NFT pour leur marketing. Entretien avec Séraphie De Tracy, sa CEO et cofondatrice.

 

Startup factory renommé avec deux licornes à son actif, eFounders était très attendu sur le Web3. L’entreprise a mis sur pied son startup studio dédié en 2022 lors du bull market et accueilli ses premiers entrepreneurs, Séraphie de Tracy et Nathan Barraillé.

Avec Cohort, les fondateurs commercialise « une plateforme d’engagement digital » en mode SaaS et destinée à faciliter les cas d’usages des NFT. La jeune pousse entend cependant se démarquer d’Arianee, positionnée sur un même segment.

Faire des NFT un outil comme les autres pour le marketing

Mais si la seconde privilégie acteurs du luxe et de la mode, Cohort cible un marché plus vaste, composé de petites comme de grandes entreprises. Son premier client a été Etam. Elle en compte une quinzaine désormais.

Notre ambition, dès le début, a été de permettre à n’importe quelle marque, quelle que soit sa taille, de lancer une première campagne NFT en 5 minutes », explique à Coins.fr Séraphie De Tracy, la CEO de la startup .

Cette simplicité apparente signifie donc masquer la complexité inhérente aux technologies Web3, dont les wallets. « Les usages sont tellement compliqués et indigestes que les freins à l’adoption sont trop nombreux ».

La mission de Cohort, via un service SaaS, c’est donc de lever ces obstacles en simplifiant. Autre facteur de différenciation : un produit scalable, là où les campagnes Web3 ont jusqu’à présent fonctionné en mode agence.

« Notre promesse de démontrer que le Web3 est accessible à toutes les marques et à tous les consommateurs, nous l’avons délivrée », affiche la dirigeante. Et cela passe donc par des usages distincts des collectibles et de la spéculation associée.

Notre produit s’adresse à des marques qui souhaitent proposer des expériences très ancrées autour de leurs produits physiques et de leurs savoirs-faire. Nous sommes très loin des collectibles spéculatifs », insiste Séraphie De Tracy.

Les NFT pour l’acquisition, l’activation et la fidélisation

Les usages sont ainsi à rapprocher de ceux développés par des acteurs de l’économie traditionnelle, comme Casino, par exemple. Ils portent notamment sur la fidélité. Cohort anticipait d’ailleurs une priorisation de ces usages.

On s’aperçoit que nos clients nous utilisent à tous les moments du cycle de vie, en acquisition comme Etam, et en activation pour des marques avec lesquelles nous développons des concepts autour de leurs produits », détaille la dirigeante.

La fidélité constitue un autre champ d’application des NFT. Ces usages s’inscrivent dans un cadre plus large de réinvention de la fidélité et des programmes à points « qui n’intéressent plus personne ».

Starbucks Odyssey – basé sur la blockchain Polygon comme Cohort – est une illustration de l’utilisation faite des NFT afin de fidéliser. Sans proposer à ce jour de NFT, l’enseigne de mode Kaporal a enclenché en 2021 un nouveau programme de fidélité. Les interactions avec les consommateurs évoluent et, pour Cohort, elles peuvent tirer profit du Web3.

La fidélité traditionnelle produit des résultats peu convaincants en termes de visites en magasin, pointe sa CEO. « Il y a beaucoup de demandes sur la manière de créer de la récompense qui ne soit pas financière, mais plus expérientielle et personnalisée ».

Le concret des cas d’usage des NFT est primordial pour des entreprises du retail. Avec Etam, puis ensuite auprès d’autres marques, Cohort a développé « des expériences autour de produits physiques inédites et attractives ». Le principe : «vendre plus qu’un produit physique pour développer une expérience omnicanale ».

3,2 millions d’euros en seed pour accélérer

Lors de son dernier défilé, Etam a sélectionné certaines pièces de sa collection. A l’achat, la cliente recevait le produit physique à domicile, son jumeau numérique en 3D, un accès à un compte de fidélité online et une séance de shopping privée en boutique. Résultat : un mixte de physique et de digital, dont du métaverse.

Cela a rencontré un succès incroyable auprès de la base de clientes d’Etam, qui souhaitent être moins dans un rapport transactionnel », revendique la patronne de la jeune pousse Web3.

Avec la marque de chaussures Socque Paris, Cohort a aussi développé des certificats NFT associés à chaque vente. Ce jeton donne droit à des réparations gratuites sur présentation. Le NFT permet en outre, sur le site e-commerce du retailer, de bénéficier d’un prix avantageux.

Associer des services à des produits, c’est une tendance montante en termes de business model : l’économie de l’abonnement.

Pour accompagner ces tendances, Cohort réalise donc une première levée de fonds d’amorçage de 3,2 millions d’euros. Le tour de table est mené par IRIS et Axeleo Capital. Participent aussi Kima Ventures et 3founders, ainsi que des business angels : Camille Tyan (Payplug), Guillaume Princen (Stripe), Brian O’Hagan (Sorare), Marianne Gosset (The Socialite Family).

L'équipe Cohort

L’équipe Cohort

L’objectif à présent est de financer son accélération. « Nous avons réalisé en 6 mois ce que nous pensions faire en 18 mois. C’était le bon moment pour nous d’accélérer », justifie Séraphie De Tracy. Cohort emploie 8 personnes. Elle prévoit de tripler ce chiffre en 2023 en staffant les fonctions clés, dont le marketing et le commercial.

Côté produit, 2023 sera également consacrée à l’intégration avec les applicatifs existants des clients : sites e-commerce, CMS, CRM, etc. Cohort prévoit par exemple « de muscler » son application Shopify et de s’interconnecter avec Salesforce. « C’est un gros pan de notre roadmap ».

Les NFT pour interconnecter les marques à l’avenir

La startup ambitionne aussi de rapprocher les marques entre elles pour proposer des avantages croisés. Un NFT Zara permettrait par exemple d’accéder à des avantages chez Decathlon. « C’est une frontière que nous avons toujours eu du mal à dépasser simplement », souligne le CEO.

Grâce au NFT et à l’interopérabilité, ces usages seraient envisageables désormais afin « de réinventer les dynamiques de fidélité ». Autre avantage du Web3 : s’affranchir d’un partage des données clients.

L’enjeu est enfin de passer des 15 premiers clients aux 100 prochains, mais aussi de « pérenniser la présence amorcée aux États-Unis et que nous voulons faire grossir ». Ces objectifs ont pour l’horizon la prochaine levée de fonds, d’ici 18 à 24 mois. Cette perspective future, comme le seed, est abordée avec sérénité.

Pour convaincre les investisseurs, Cohort met en avant la taille du marché adressable, « l’économie réelle » à distinguer de la niche que constitue le Web3, et des usages dont l’ambition est de « s’inscrire dans le quotidien des marques, des professionnels du marketing et des clients finaux ».

Le studio 3founders s’applique une même ligne directrice. « Tous les projets qui sortent du studio sont résilients en bear market », déclare son fondateur, Florent Quinti.

Nous sommes sur des usages concrets. Notre thèse depuis le début est restée la même, contrairement à d’autres acteurs qui ont dû s’adapter en raison du bear market. »

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Christophe Auffray
Cofondateur et rédacteur en chef adjoint - Journaliste spécialiste de la transformation numérique depuis 2005, Christophe a notamment été rédacteur en chef adjoint chez ZDNet. Il suit de près l’actualité autour des actifs numériques et la décrypte au quotidien. Contact : christophe@coins.fr