Par 
L’actualité de FTX et ses pratiques font réagir au sein de l’industrie crypto et parmi ses dirigeants. Ceux-ci appellent notamment le législateur à des actions et les entreprises à plus de transparence.
Au cours de cette semaine, et en l’espace de 24 heures, FTX est passé d’un discours optimiste à l’appel à l’aide. Après avoir aggravé la situation sur le marché et précipité la chute de son concurrent, Binance a cependant retiré la main qu’il tendait à son rival.
Le débat n’est cependant pas celui-ci, pour le moment. Il porte une fois encore sur certaines pratiques des acteurs de la CeFi, la finance crypto centralisée, dont les errances sont incarnées en 2022 par Three Arrows Capital, Terra, Celsius et désormais FTX.
Des maux profonds à résoudre
Pour le PDG et cofondateur de Circle, Jeremy Allaire, le message est clair : le marché crypto souffre de problèmes profonds que le bear market a mis en évidence et qu’il n’est plus possible de nier.
Le manque de transparence, le manque de visibilité des contreparties, les trésoreries et les bilans des projets ancrés dans des jetons spéculatifs en sont les causes profondes », énumère-t-il.
Selon le PDG de Coinbase, Brian Armstrong, régulateurs et législateurs ont aussi leur part de responsabilité. Le dirigeant enfourche, un peu opportunément peut-être, son cheval de bataille.
FTX.com était une bourse offshore non réglementée par la SEC. Le problème est que la SEC n’a pas réussi à créer une clarté réglementaire ici aux États-Unis, de sorte que de nombreux investisseurs américains (et 95 % de l’activité commerciale) sont partis à l’étranger »
Armstrong appelle également à distinguer les entreprises crypto entre elles afin que toutes ne tombent pas indistinctement dans le grand marais de la défiance. L’année 2022 et ses accidents industriels ont en effet largement alimenté cette méfiance.
La crédibilité d’un écosystème mise à mal
En juillet, le président de l’AMF tapait sur la table, dénonçant des valorisations en chute libre, « des défauts en chaîne et des promesses non tenues ». Robert Ophèle, qui a depuis cédé son siège, soulignait les risques de contagion.
« Cela met sérieusement à mal la crédibilité de tout l’écosystème. Même si les acteurs installés en France ne sont pas à l’origine de ces problèmes, ils vous touchent directement », jugeait-il. Et ils affectent aussi Coinbase.
« Je pense qu’il est important de renforcer ce qui différencie Coinbase dans un moment comme celui-ci », en retire comme enseignement Brian Armstrong. Son homologue Crypto.com, qui vient de geler retraits et dépôts sur Solana, lui emboîte le pas.
Nous partageons la conviction qu’il devrait être nécessaire pour les plateformes de crypto-monnaie de partager publiquement la preuve des réserves et chez Crypto.com nous publierons notre preuve auditée des réserves », annonce Kris Marszalek.
Des directives réglementaires claires pour protéger le client
Pour le dirigeant de Ripple, il est en outre du devoir des autorités d’agir pour remédier aux mauvaises pratiques actuelles.
Pour protéger les consommateurs, nous avons besoin de directives réglementaires pour les entreprises qui garantissent la confiance et la transparence », estime Brad Garlinghouse.
Pascal Gauthier, CEO de la licorne française Ledger, ne résume pas ces évènements à leur dimension réglementaire. Ce qui est sûr, déclare-t-il, c’est que « l‘épisode Binance-FTX devrait constituer un avertissement pour tous. »
La crypto a été inventée pour être décentralisée et transparente, et non pour reposer sur des entités centralisées sujettes à la mauvaise gestion ou aux piratages », poursuit-il. Il rejoint ici la trajectoire défendue par Jeremy Allaire.
« J’ai bon espoir qu’en tant qu’industrie, nous puissions nous diriger sérieusement vers une activité de plus en plus importante sur les structures DeFi et on-chain », appelle-t-il de ses vœux.
La DeFi et le self-custodial comme remède aux dérives
Et bien qu’à la tête d’un exchange centralisé, Armstrong prône la même ligne.
À long terme, l’industrie de la crypto-monnaie a l’opportunité de construire un meilleur système avec la DeFi et des wallets en self-custodial qui ne dépendent pas de la confiance dans des tiers »
C’est en substance ce que défendaient déjà les membres d’un panel réunis cet été lors du Crypto & Finance Forum 2022. Ambre Soubiran, PDG de Kaiko, faisait aussi à cette occasion un rappel aux fondamentaux.
On a un peu oublié la notion de risque. Elle est fondamentale, et cela dans tous les marchés financiers […] Cette notion a été négligée. Les protocoles de lending offraient des rendements tous différents, générant une forme de chasse à la rente sans cependant tenir compte du risque »
Suivez Coins.fr sur Twitter, Linkedin, Facebook ou Telegram pour ne rien manquer. Inscrivez-vous à notre newsletter crypto pour recevoir un résumé de l’actualité chaque semaine.
