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NFT, DeFi, Bitcoin… la crypto échappera-t-elle à la sinistrose en 2023 ?

Crypto monnaie
Crédit : Shutterstock

Année de test et d’épreuves, éprouvante pour l’écosystème Web3 et marquée par de nombreux rebondissementsKPMG multiplie les qualificatifs pour 2022. Mais le cabinet anticipe surtout les tendances de 2023 et rassure sur les perspectives pour le secteur crypto.

 

KPMG France ne manque pas de qualificatif pour décrire 2022. Pas question cependant de brosser un tableau sans nuance. Dans son dernier rapport annuel Perspective Crypto, le cabinet voit ainsi dans l’année écoulée une période « test » pour « tous les aspects du web3 ».

Ceux-ci en seraient cependant sortis « consolidés ». Quelques exemples pour l’illustrer : « L’effondrement des NFT au second semestre a permis de rappeler que le principe de rareté est finalement leur essence et leur valeur ajoutée ».

Consécration pour les layer 2, dominées les optimistic rollups

Même MiCA et TFR, que l’industrie crypto appréhendait fortement, deviennent des atouts. Comment ? En inspirant « une plus grande confiance envers l’écosystème ». La défiance demeure néanmoins exacerbée, même si en effet la bulle spéculative s’est en partie atténuée avec la fin du bull market.

Très engagé dans le développement du secteur crypto et auprès de ses acteurs, KPMG se veut donc optimiste pour 2023 – et dans son analyse de 2022. C’est le ton adopté par ses experts français à l’occasion d’un CryptoTalks en janvier.

Du côté des infrastructures blockchain déjà, l’entreprise estime que 2023 sera « l’année des layer 2 » – une tendance déjà annoncée pour 2022. Le consultant blockchain Flavio Restelli estime en effet que de nouvelles technologies L2 ont connu un essor très significatif. 2023 devrait en être la « consécration ».

Il convient toutefois de distinguer deux catégories de layer 2, à savoir les Optimistic rollups (Optimism, Arbitrum) et les ZK Rollups (Starknet, ZKsync 2.0, Polygon zkEVM). Et parmi celles-ci, ce sont les Optimistic rollups qui s’imposent aujourd’hui.

La technologie des ZK Rollups est très sophistiquée et intéressante, cependant on constate leur retard sur le marché (…) Et en termes d’adoption, Arbitrum a déjà atteint des niveaux conséquents avec plus d’un milliard de dollars de TVL. »

Les alternatives à Ethereum sous-performent

La concurrence se joue également au niveau des blockchains layer 1. Pour autant, constate KPMG, « Ethereum reste la blockchain programmable de référence en layer 1, notamment grâce à son développement technique qui se poursuit », indique Flavio Restelli, en référence en particulier à The Merge.

Les chantiers ne sont pas achevés. Le prochain sera Shanghai en mars, et qui permettra de débloquer les ETH en staking.

Quant aux blockchains alternatives, « elles ont globalement sous-performées en 2022 en termes de volumes, de performances et de sécurité », citant les problèmes qui ont affecté Solana et Binance Smart Chain.

Les marchés basés sur ces infrastructures ont eux aussi connu des mouvements importants. En 2022, les coûts de transaction n’ont pas constitué un obstacle aux usages.

NFT : de la spéculation aux fondamentaux, dont l’utilité

En ce qui concerne les ventes de NFT, l’expert regrette le quasi monopole d’OpenSea. Il espère ainsi voir des concurrents venir contester cette domination. Il pourrait s’agir de la marketplace Blur, dont les débuts sont fulgurants. Cette concurrence s’exerce sur un marché baissier (-90% des volumes).

La fin annoncée pour les jetons non fongibles ? « Pas du tout », rétorque Stanislas Bathelemi, manager cryptos & Web3 chez KPMG France. Le nombre d’utilisateurs a progressé en 2022. La baisse en valeur des échanges s’explique d’abord par la chute des cours et des valorisations des NFT.

On peut toujours amener de l’adoption dans ce secteur », juge-t-il.

Cette adoption passe par des projets touchant un public plus large que les seuls collectionneurs et spéculateurs. Et KPMG de citer par exemple l’Open d’Australie qui en 2023 relançait une opération pour démocratiser l’usage des NFT auprès des spectateurs de tennis.

RTFKT, propriété de Nike, est un autre exemple de projet NFT de masse. Ses ventes ont permis de générer 185 millions de dollars de revenus. En outre, ces jetons ont représenté plus d’un milliard de dollars de ventes au secondaire.

La résilience de la DeFi et des valeurs confortées

Du côté du gaming, la tendance évolue là aussi. Le modèle Axie Infinity, sa « démarche visant à financiariser un jeu vidéo » et ses fonctionnalités limitées, cède peu à peu sa place.

Émergent des jeux offrant un véritable gameplay plutôt que de « la finance déguisée » et comprenant une « composante crypto, très développée ou peu ».

En 2022, la DeFi aussi a encaissé un choc. La TVL s’est effondrée. Elle était de plus de 160 milliards de dollars fin 2021. Un an plus tard, elle était de seulement 44 milliards – bien au-delà malgré tout des 15 milliards de dollars de 2020. Pour Flavio Restelli, cette baisse est à relativiser.

Elle trouve d’abord sa cause dans la chute des cours des cryptomonnaies. En millions d’ETH bloqués sur les smart contracts de la DeFi, la baisse est bien moindre entre 2021 et 2022 (45 millions Vs 33). De plus, certains protocoles affichent de la croissance sur la période, comme Lido (36%), MakerDAO (6%) ou Uniswap (18%).

En outre, par rapport à la CeFi et à l’effondrement d’acteurs centralisés majeurs (FTX, Celsius, Genesis…), la DeFi fait preuve d’une forte résilience, souligne KPMG.

Les stablecoins décentralisés, une alternative en puissance

Les accidents industriels de la CeFi valorisent même les spécificités de la finance décentralisée que sont l’auto-conservation (self-custody), la transparence et la composabilité. Sur la sécurité, la DeFi reste en revanche très en retrait, comptant pour 80% environ des pertes en 2022.

La DeFi ne ressort absolument pas perdante de l’année 2022. Avec un contexte plus favorable en 2023, l’écosystème sera sans doute en mesure de rebondir. Il est prêt pour le faire. »

Le lancement d’expérimentations dans la DeFi par les institutionnels constitue un signal fort, jugent les analystes, qui citent en particulier les tests de JPMorgan sur Aave Arc.

Le secteur des stablecoins connaîtra-t-il aussi des changements en profondeur ? L’offensive de la SEC contre le BUSD pourrait le suggérer. En attendant, ce sont les stablecoins centralisés qui dominent le marché, y compris celui de la DeFi.

La finance décentralisée promeut cependant aussi des stablecoins à son image. Mais la conception d’un jeton répondant à ce modèle n’est pas simple à garantir, considèrent les consultants.

Cette alternative pourrait coexister avec les stablecoins centralisés. « Elle ne va pas détruire leur domination », estime Flavio Restelli.

Bitcoin en baisse, mais des fondamentaux solides

Bitcoin enfin, la valeur de référence de la crypto, a vu son prix dégringoler l’an passé. Pour Stanislas Bathelemi, il ne faut assurément pas « céder à la panique ». Il insiste sur un « retour aux fondamentaux » avec un hash rate résilient, même si les mineurs sont bousculés. Ce mois-ci, le cours du BTC repassait brièvement au-dessus des 25K$.

La sécurité du réseau « demeure à un niveau très élevé », se félicite le manager. Le nombre d’utilisateurs augmente aussi, ajoute-t-il, repoussant au second plan la question du prix du crypto-actif.

L’expert préfère ainsi s’attacher à illustrer « l’utilité sociale » du Bitcoin, « qui n’est plus à démontrer », et à contester les idées « simplistes » autour de la nature énergivore de la blockchain. Les consultants de KPMG veulent croire à un « changement de discours sur l’empreinte environnementale » de la reine des cryptos.

2022 a été une année difficile en termes de valorisation, mais il faut cependant prendre un peu de recul […] Ces difficultés s’appliquent en vérité à tous les actifs risqués. Dans la tech aux États-Unis, certaines valeurs reculent de manière sensiblement comparable à ce qu’on a observé dans la crypto », ajoute Bathelemi.

« Si on revient aux fondamentaux, le secteur a progressé en dépit d’une année tumultueuse », conclut-il en référence aux NFT, à Bitcoin, Ethereum et « quelques autres ».

Quant à la chute de FTX, elle doit faire office de « piqûre de rappel » pour le secteur à l’égard « des valeurs essentielles et fondatrices de la crypto ».

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Christophe Auffray
Cofondateur et rédacteur en chef adjoint - Journaliste spécialiste de la transformation numérique depuis 2005, Christophe a notamment été rédacteur en chef adjoint chez ZDNet. Il suit de près l’actualité autour des actifs numériques et la décrypte au quotidien. Contact : christophe@coins.fr