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Faillites en cascade, réglementation renforcée, désintérêt NFT, domination Binance, chute des valeurs, Merge Ethereum et hacks en série. Retour sur une année mouvementée pour la crypto.
Le secteur de la crypto suit des cycles. 2022 relève incontestablement d’un épisode dit de bear market, et même d’hiver. Ce nouveau cycle a débuté fin 2021 et se prolonge depuis, avec des épisodes critiques déclenchés et aggravés par des faillites majeures.
Ces échecs industriels sont pour beaucoup la conséquence de mauvaises pratiques antérieures. Invisibles ou masquées durant le bull market, elles se sont avérées catastrophiques lors de la chute des valeurs. Ces naufrages appellent à une transformation en profondeur de cet écosystème.
Terra, 3AC, Celsius… des sinistres prévisibles ?
L’hiver crypto a été fatal à bon nombre d’acteurs de référence du marché, trop exposés. C’est le cas notamment de Three Arrows Capital, placé en liquidation judiciaire en juin. Avec la chute de 3AC, ce sont d’autres dominos qui tomberont ensuite, plus ou moins rapidement, dont Voyager Digital (juillet) ou encore BlockFi (novembre).
Le déclencheur de cette série de faillites, c’est sans conteste l’effondrement de l’écosystème Terra. Son stablecoin algorithmique TerraUSD – troisième plus grand stablecoin du marché à l’époque – n’a pas résisté à l’hiver, perdant rapidement son ancrage au dollar et emportant LUNA dans sa chute. La promesse de rendements à 10 et 20% de ces jetons s’est révélée intenable. Des dizaines milliards de dollars sont partis en fumée, des pertes colossales pour les investisseurs retail et des institutionnels comme Galaxy Digital.
Mais les banqueroutes en chaîne ne sont pas seulement la conséquence d’une chute brutale des cours des crypto-monnaies. Elles traduisent aussi une absence de gestion du risque et de mauvaises pratiques. C’est ce que soulignent en particulier les cas Celsius et FTX.
FTX, un colosse aux pieds d’argile
L’effondrement inattendu de FTX a été le bouquet final d’une année déjà très éreintante pour les détenteurs de pièces numériques. La bourse fondée par Sam Bankman Fried s’est déclarée en faillite en novembre et pourrait avoir plus d’un million de créanciers.
L’ex star des cryptos est quant à lui actuellement en attente de son procès. Accusé notamment de fraude et blanchiment d’argent, il encourt une lourde peine de prison.
Valorisée à plus de 30 milliards de dollars en début d’année, FTX se positionnait comme la seconde plus grande crypto-bourse au monde en termes de volume d’échange. Sa société sœur, Alameda Research, était quant à elle l’un des principaux market makers de l’espace crypto. Sa déroute a provoqué une chute de la liquidité, exacerbée par les pertes que d’autres market makers ont subies suite à la faillite de FTX.
Binance : une domination croissante, mais contestée
Avec une part de marché de 80% sur les actifs échangés, Binance règne sans partage sur le marché. Et l’effondrement de son rival FTX, auquel son PDG Changpeng Zhao (CZ) a largement contribué en déclarant publiquement vendre tous ses FTT, n’a fait qu’accentuer cette domination.
Dominant, l’exchange ambitionne aussi de l’être sur les stablecoins. Depuis septembre, USDC, TUSD et USDP sont automatiquement convertis en BUSD, son propre jeton.
Mais pour endosser le rôle de chevalier blanc, la bourse crypto doit faire oublier les affaires, les libertés prises avec la régulation et faire preuve de transparence. En la matière, Binance est encore loin d’asseoir sa domination par l’exemplarité. Et dans un climat de forte défiance, l’entreprise devra apporter des gages, et plus que des preuves de réserves selon une méthode contestée – avec laquelle Mazars prend des distances.
MiCA : l’Europe en exemple de la régulation crypto
Après de longues discussions et des compromis, l’Europe est finalement parvenue à trouver un terrain d’entente sur le cadre réglementaire des crypto-actifs. Ainsi, fin juin, sous présidence française, les institutions européennes signaient un accord provisoire sur le règlement MiCA. La finalisation interviendra quelques mois plus tard. En octobre, le Conseil européen votait oui sur une version finalisée du texte.
Crédit : Shutterstock
Tous les tokens ne sont cependant pas régulés par MiCA. En effet, sont pour le moment hors du scope les NFT et la DeFi. Cependant, la Commission européenne s’intéresse à présent à la supervision de la finance décentralisée. Dès juillet, la Banque centrale européenne encourageait les États de l’UE à anticiper l’entrée en vigueur de MiCA et à harmoniser leur législation. Et depuis la faillite de FTX, les banquiers centraux haussent le ton.
Ethereum fait sa révolution PoS avec The Merge
C’est une des grandes sagas de 2022 : la fusion Ethereum ou The Merge. Ont cessé de coexister deux chaines, l’une PoW et l’autre PoS. En effet, le second réseau blockchain en capitalisation a basculé sur le mécanisme Proof-of-stake en septembre. Il se distingue aujourd’hui de Bitcoin, qui demeure en Proof-of-work.
Si en adoptant le PoS, Ethereum soulève des interrogations sur son niveau de décentralisation, le réseau a cependant réalisé des progrès considérables sur le plan environnemental. Et la blockchain cofondée par le jeune développeur Vitalik Buterin a encore des mises à jour à finaliser, dont The Scourge ou The Purge.
Crédit : Shutterstock
Ronin : le hack le plus dévastateur
Plus de 600 millions de dollars. C’était un coup dur pour Ronin, la populaire sidechain Ethereum de Sky Mavis, l’éditeur d’Axie Infinity. Le réseau a été victime en 2022 d’un piratage d’envergure. Les cybercriminels ont fait main basse sur 173 600 ETH et 25,5 millions d’USDC. Le pire hack enregistré cette année, mais pas le seul.
2022 a été l’une des pires années – si ce n’est la pire – de l’histoire des crypto-monnaies. Et cela vaut notamment pour les hacks, très nombreux dans la DeFi. L’infographie ci-dessus inclut les principaux piratages qui ont marqué l’année. Les plus importants apparaissent en rouge – voir l’image en taille réelle.
Saut dans le temps de 2 ans pour Bitcoin
C’est un bond en arrière de deux années qu’a effectué le cours du Bitcoin en 2022. Aujourd’hui, et depuis des semaines déjà, le prix de la première crypto-monnaies évolue autour de 16 000 dollars.
Cours du BTC en 2022 – Source : CoinGecko
L’an passé, Bitcoin accumulait les records, grimpant jusqu’à près de 70 000 dollars. Un an plus tard, la tendance s’est radicalement inversée. BTC a connu plusieurs épisodes de baisses en 2022, dont le dernier à la mi novembre suite à la débâcle de FTX.
Depuis son All Time High en novembre 2021, le token a perdu environ 70% de sa valeur. En comparaison, certains altcoins, comme Solana (SOL), encaissent des pertes supérieures à 95%.
La corrélation entre Bitcoin et les marchés actions traditionnels s’est renforcée cette année, rendant plus prévisibles les soubresauts de la reine des cryptos. Longtemps considéré comme un actif pouvant jouer le rôle de valeur refuge, « l’or numérique » se comporte aujourd’hui davantage comme un actif à risque.
Fin de la hype NFT
Avec la chute des cours des crypto-monnaies, la valeur des jetons non fongibles a elle aussi naturellement diminué. Le marché NFT s’est véritablement refroidi au printemps dernier après la vente de terrains réussie de Yuga Labs, la startup à l’origine de la populaire collection Bored Ape Yacht Club.
Volume total des marketplaces NFT – Source : Dune
Si la plupart des spéculateurs ont fini par capituler suite à la baisse des prix et de l’engouement, de grandes marques et entreprises ont continué à explorer les possibilités offertes par les NFT cette année.
Des géants du Web2 comme Meta (ex-Facebook), Twitter et Shopify ont intégré ces jetons à leurs plateformes. Starbucks lançait récemment un programme de fidélité à base de NFT. Warner Bros, LG, Netflix ou encore Samsung y voient aussi un intérêt.
De nombreuses marques de sport dont Nike, Lacoste, Adidas, Puma et Décathlon ont également plongé dans cet espace en 2022. Même les maisons de luxe telles que Gucci, Louis Vuitton et Prada ont proposé des collections de tokens cette année.
En France, le groupe Casino a mené divers expérimentation en la matière. Pour les experts, les NFT sont l’opportunité pour les marques de construire leur indépendance numérique.
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